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Stade Demba Diop : Encore Un Drame De Plus Et Après ?

Stade Demba Diop : Encore Un Drame De Plus Et Après ?

Le Sénégal est constamment frappé, depuis plusieurs années, par une série de drames, aussi tragiques les uns que les autres. Le conflit sénégalo-mauritanien(1989), l’explosion d’une citerne d’ammoniac à l’usine de la Sonacos à Dakar, (en mars 1992), le naufrage du bateau Le Diola (en septembre 2002), le naufrage de 22 femmes à Bettenty (avril 2017), l’incendie au Daaka de Médina Gounass (avril 2017), le drame du Stade Demba Diop, faisant au moins 8 morts et des centaines de blessés du 15 juillet 2017 sont autant d’évènements dramatiques qui ont secoué notre pays, de l’indépendance à nos jours…

Après chaque drame, les autorités versent des larmes de crocodile, distribuent des sous aux familles des victimes et servent invariablement le même discours : « les responsables seront identifiés et punis » ; mais au bout de compte, seuls des lampistes seront indexés et quelques fois punis. Les vrais coupables, à savoir les commanditaires, eux, resteront impunis, dans la plupart des cas !

Il s’agit d’une longue pratique laxiste qui caractérise l’administration sénégalaise. En 1967, un certain Abdou Ndafakhé Faye, poignarda son camarade de parti, le Député-maire de Mbour et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, feu Demba Diop dont le stade, mal nommé, porte le nom, et ce, en pleine réunion à la Gouvernance de Thiès.

Le pauvre Abdou Ndafakhé fut jugé, condamné à mort et exécuté, alors que les supposés commanditaires Ibou Kébé et Jacques d’Erneville, adversaires politiques de Demba, ont été condamnés respectivement, l’un à la perpétuité et l’autre, à 20 ans. Ces peines n’ont pas été purgées à terme, à cause d’une grâce présidentielle, accordée par le Président Léopold Sedar Senghor.

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Le 11 mai 1973, le brillant étudiant de l’Ecole normale Supérieure de Saint-Cloud (France) Omar Blondin Diop, trouva la mort-mystérieusement-en prison, à l’Ile de Gorée. Sa mort, naturelle ou provoquée, n’aura jamais été élucidée ou pas encore.

En 1989, des Sénégalais et des Mauritaniens entrent en conflit sous le régime d’Abdou Diouf, engendrant plusieurs morts, des deux côtés, et des milliers de déportés, de part et d’autre. Personne ne saura qui en était le responsable !

En mars 1992, une citerne d’ammoniac explosa en pleine journée, à l’usine de la Sonacos, située au centre ville, près du Môle 8. Bilan : 129 morts et 1150 blessés ! Les causes : la citerne avait une capacité de 17 tonnes, on y mît 22 tonnes, ce qui provoqua des fissures au niveau de la citerne. La balle de Ping pong se jouait entre la Sonacos et la Sar. Au finish, on passe tout en pertes et profits, comme de coutume.

En mai 1993, au lendemain des élections législatives, le vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye fut assassiné en plein jour, à Dakar et son corps fut traîné par son chauffeur à travers la corniche de Dakar, sur une longueur de 4 à 5 kilomètres. Il y eut des arrestations notamment dans les rangs du Parti démocratique sénégalais.

Son Secrétaire général national, Me Abdoulaye Wade fut arrêté, de même que son épouse, Mme Viviane Verte Wade et quelques uns de ses collaborateurs, sans compter les trois lampistes que furent : Amadou Clédor Sène, Pape Ibrahima Diakhaté et l’ex militaire feu Assane Diop. Me Wade et ses codétenus libéraux furent relaxés, alors que les trois lampistes furent, eux, jugés et condamnés avant d’être graciés puis amnistiés par le régime de Wade via la fameuse loi Ezzan !

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L’affaire Me Sèye est ainsi renvoyée aux oubliettes, sans que les commanditaires ne soient jamais connus…

En avril 2017, Bettenty et Madina Gounass ont vécu des drames tragiques ayant fait dans l’ensemble, plus d’une cinquantaine de morts dont près de la moitié sont des femmes. L’impunité, comme on le constate, reste l’un des traits communs de toutes ces tragédies.

Plus récemment, c’est-à-dire le samedi 15 juillet 2017, une finale du championnat de la ligue de football a opposé, au Stade Demba Diop, l’UJnion sportive de Ouakam (USO) au Stade de Mbour. Après un but des Mbourois dans les prolongations, le match dégénéra. Des jets de pierres ont créé un sauve-qui-peut ayant abouti à l’affaissement du mur de la tribune découverte, causant la mort de (8) personnes et occasionnant des centaines de blessés. Malgré les déclarations et autres engagements des autorités, ce drame risque de ressembler aux précédents, en tombant aux oubliettes sans que les vrais auteurs du crime ne soient encore identifiés et punis.

La violence qui règne dans l’arène politico-sportive ne date certes pas d’aujourd’hui. Elle est cependant entretenue et développée par l’impunité qui la caractérise. Durant la présente campagne électorale, un des gardes du corps d’un ministre de la République est accusé d’avoir sectionné les doigts d’un garde du corps d’un maire du même parti, d’avoir agressé la caravane d’une coalition rivale. Il aurait été filmé, le doigt sur la gâchette, sans que l’autorité judiciaire compétente ne s’auto saisisse pour entendre le mis en cause !

Notre pays incarne la mal gouvernance, devenue endémique. L’impunité et le laxisme s’érigent en règle, la sanction et la rigueur, une exception !

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Cette mal gouvernance chronique fait le lit de la violence, qui n’est, du reste, qu’une forme d’expression des frustrations, longtemps ressenties par des populations qui ont perdu tout espoir envers leurs dirigeants.

Les initiatives de changement devraient êtres conçues, élaborées par le peuple sénégalais, mais conduites par des hommes et des femmes conscients caractère pernicieux du malaise qui gangrène notre société depuis bientôt six décennies.

 

Mamadou Bamba Ndiaye

*Ancien Ministre

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