En vérité, le Sénégal traverse un moment crucial dans son existence de jeune nation moderne. Notre société d’alors issue d’une tradition aristocratique est entrain de se fissurer voire de subir une fracture sociale sans précédent, qui à terme risque de remettre en question les liens ou les relations entre communautés linguistiques.
Depuis 1960, les pères fondateurs de la République du Sénégal ont fait preuve d’ingéniosité en faisant abstraction de nos identités plurielles pour fonder exclusivement la nation post indépendance sur la base de citoyens égaux devant la loi et jouissant des mêmes droits et devoirs indépendamment de leurs origines ethniques, linguistiques ou religieuses.
Aujourd’hui , ce lien voire ce ciment d’unité nationale est en train de se détériorer par une tentative machiavélique du régime de monsieur Macky Sall de titiller la fibre ethnique en vue de fidéliser et /ou de favoriser un groupe linguistique au détriment de l’ensemble du corps social. C’est la première fois dans l’histoire du pays que des considérations d’ordre ethnique sont prises en compte dans la gestion des affaires de la Cité par les autorités publiques.
La République ne s’accommode pas avec le repli communautaire qui se fait de façon insidieuse en rupture avec nos valeurs. Le Sénégal s’est toujours protégé de cet irrédentisme identitaire qui ne manque jamais de plonger un pays dans le chaos ou un conflit ouvert entre les différentes communautés linguistiques. C’est ce déséquilibre manifeste dans la prise en compte des aspirations de notre société fortement ancrée sur des valeurs de partage, d’égalité , des liens de sang et de fraternité depuis plusieurs générations d’individus qui fait froid au dos. C’est même un euphémisme. Ça fait très peur.
Tous les observateurs objectifs tirent la sonnette d’alarme sur les dérives identitaires qui menacent de jour en jour le pays de la Teranga. Nous sommes tous responsables pour n’avoir pas su faire preuve de courage et de responsabilité en vue de refuser ce discours extrêmes visant à diviser voire de privilégier un groupe linguistique sur un autre groupe. Beaucoup de nos compatriotes ont préféré se taire voire masquer ce fléau afin de ne pas s’attaquer à la racine du mal : l’ethnicisme.
Ce n’est pas tout maître El Hadji Omar Youm. En tant que citoyen sénégalais épris sans doute de justice, vous avez raison de dénoncer les injures, l’insolence ou autres qui sont maintenant le domaine de prédilection de beaucoup de nos compatriotes dans les réseaux sociaux. Ces écarts de langage sont certes inadmissibles et remettent en cause notre modèle de société respectueuse de certaines convenances sociales ou de vouloir vivre ensemble dans la paix et l’unité . Toutefois, il ne suffit pas seulement de le dénoncer par vigueur et par un sens de la responsabilité pour que cesse ce défoulement d’insanités voire ce trop plein de mal être social. Il faut analyser froidement ce phénomène longtemps contenu ou canalisé par le tissage des relations entre communautés linguistiques ou par des traditions aristocratiques, maraboutiques voire un certain discours religieux pour mettre en relief les causes de ce déferlement soudain et inédit d’injures publiques.
Il faut se regarder dans les yeux en toute objectivité et reconnaître que les insanités ou insolences observées par ci et là ne sont pas un phénomène banal et passager. Elles risquent de prendre de l’ampleur et de perdurer. Elles traduisent un mal être profond du corps social sénégalais.
Nos compatriotes qui déversent des insanités à travers les réseaux sociaux sur certaines autorités publiques ou sur des personnalités proches de la mouvance présidentielle ne doivent pas être considérées comme des idiots voire des fous. Qu’on le veuille ou non , ils expriment un certain désarroi, un rejet et un désaveu manifeste de nos autorités publiques.
Nous avons le devoir de nous demander pourquoi ce regain soudain de violence verbale de certains de nos compatriotes à travers les réseaux sociaux. Nous ne devons pas nous arrêter seulement sur les insultes qui frappent de plein fouet n’importe quelle personne et qui peuvent heurter par voie de conséquence la sensibilité de certains citoyens sénégalais. Il faut aller au-delà de ces insultes. Elles expriment un profond mal être social longtemps refoulé.
Ces citoyens sénégalais qui se livrent à des insultes publiques à travers les réseaux sociaux à l’instar de notre compatriote monsieur Assane Diouf empruntent le même modèle de contestation sociale voire de révolte populaire d’un certain militantisme hip hop américain contre un pouvoir plus fort en termes de violence physique.
Ces citoyens sénégalais tentent d’exercer une certaine violence symbolique sur les autorités de la République en vue de défendre leur droit de regard sur les affaires de la Cité avec un procédé de communication à la limite du bestial et de l’inhumain.
Cette violence symbolique ébranle la République et limite les possibilités des autorités publiques d’utiliser des moyens coercitifs pour faire face à ces attaques répétées et ciblées et in fine de restreindre drastiquement les droits et libertés des citoyens sénégalais.
La recrudescence de ces attaques ou insanités publiques à l’encontre de certaines personnalités du pays issus de milieux différents est amplifiée par la volonté des autorités de sévir en vue de montrer le chemin à suivre en s’attaquant même aux droits les plus élémentaires des citoyens sénégalais comme le droit de manifester voire le droit à la liberté d’expression.
Les autorités de la République à travers les communiqués du procureur Serigne Bassirou Guèye et du gouvernement en vue de porter des menaces claires et sans aucune ambiguïté de poursuites judiciaires les citoyens sénégalais qui veulent arracher leur droit à la liberté d’expression et faire par voie de conséquence face à la terreur du pouvoir, ont contribué à augmenter la popularité de nos compatriotes à l’instar de monsieur Assane Diouf.
Par ailleurs, ces communiqués récurrents de nos autorités publiques dévoilent à la face du monde la volonté manifeste du président de la République Macky Sall de bâillonner toutes les voix discordantes qui remettent en cause sa politique.
Cette surenchère des autorités publiques visant à restreindre drastiquement les libertés publiques est sur le point de pousser beaucoup de jeunes sénégalais à investir les réseaux sociaux comme un moyen commode de défouloir systématique d’une conscience collective malheureuse en vue de diffuser voire de partager les vidéos de notre compatriote Assane Diouf. On ne s’attaque pas au mal par la terreur. Il faut plus. Il s’agit tout au plus de revenir à une gestion éthique et vertueuse du pouvoir profitable à toute la société sénégalaise.
A ce titre, je m’insurge contre la volonté sordide des autorités de la République de faire passer notre compatriote activiste monsieur Assane Diouf pour ce qu’il n’est pas un terroriste afin de porter atteinte à sa sécurité et par voie de conséquence de le livrer aux autorités américaines qui sont par ailleurs capables de faire subir des entorses au premier amendement de la Constitution des Etats- Unis d’Amérique, un modèle démocratique de protection de la liberté, en vue de traquer n’importe quelle personne porteuse de danger réel ou seulement sur la base de raisons fallacieuses.
Personne ne remet en cause votre devoir de vous offusquer des propos désobligeants de notre notre compatriote monsieur Assane Diouf, mais vous n’avez pas le droit d’attenter à sa sécurité voire à sa vie. Entendons nous bien, je ne suis pas pour les insultes d’où qu’elles viennent. Cependant, nous ne devons pas perdre de vue en dépit même de son combat contre certaines personnalités du pays avec ses propres outils de propagande certes offensants pour la défense des valeurs de la République ou à tout le moins pour un retour aux valeurs intrinsèques de la société, il est et demeure un citoyen sénégalais vivant loin du pays. Au demeurant, il a droit à la protection de la République malgré ses attaques à l’encontre des autorités publiques. C’est l’essence même de la République démocratique.
Gouverner le pays dans une certaine opacité, dans l’impunité totale, le non respect des lois et règlements de la République, la protection de criminels de sang ou économiques de la justice, le pillage systématique de le nos deniers publics, dans l’arrogance voire le mépris affiché de beaucoup de nos autorités publiques à l’encontre de la population meurtrie et précarisée et qui par ailleurs souffre quotidiennement le martyr, mais également dans la confiscation de la volonté populaire, ne peuvent qu’ouvrir la boîte de pandore à des excès et des dérives incendiaires de certains de nos compatriotes qui ne trouvent pas leur compte dans le respect de certaines de nos convenances sociales et qui s’en affranchissent de plus en plus afin de dénoncer les manquements graves à une gestion éthique de nos ressources publiques en vue de l’instauration d’un véritable État de droit.
Nous ne devons pas nous laisser submerger par l’émotion ou par une certaine sociabilité pour perdre de vue devant cette furie d’insolences voire ces attaques ad hominem, la violence récurrente des autorités de la République sur le peuple.
Tant que le régime du président de la République Macky Sall continue sa gestion clanique et / ou ethnique du pouvoir en porte à faux avec les exigences d’une République soucieuse de la justice et de l’égalité des citoyens devant la loi indépendamment de la position des uns et des autres dans la stratification sociale, il trouvera toujours en face de lui des citoyens sénégalais meurtris dans leur chair et qui trouveront tous les moyens d’expression à leur portée pour manifester voire de porter à son paroxysme une violence symbolique qui laisse plus de traces dans la mémoire collective que la violence physique de la puissance publique.
Il revient aux autorités de la République de savoir raison garder et de remplir fidèlement avec responsabilité les nombreuses charges de bonne gouvernance en conformité aux lois et règlements en vigueur, de partage équitable de nos ressources publiques indépendamment de l’appartenance politique, ethnique ou maraboutique dont ils sont les dépositaires et les garants.
En prenant en compte, les besoins de la population dans le respect de la légalité et d’une justice sociale profitable à tous les secteurs de la vie nationale, avant toutes autres considérations, les autorités de la République en commençant par le président de la République son Excellence Macky Sall peuvent mettre fin à cette horde de charivari indécent qui menace la paix sociale.
A défaut d’un amendement honorable de la part de son Excellence le président Macky Sall de revenir à une gestion éthique et responsable du pouvoir, cette levée de boucliers va s’accentuer davantage en creusant le fossé entre les gouvernants et le peuple.
Et là mon cher compatriote maître Oumar Youm , vous devez interpeller le chef de l’Etat son Excellence Macky Sall avec courage en tant que citoyen sénégalais et père de famille de rectifier le tir et de se conformer à ses engagements mainte fois trahis d’une gouvernance sobre et vertueuse du pouvoir afin de faire taire les exaspérations multiples de beaucoup de nos compatriotes déçus et pleins d’amertume sur la marche du pouvoir dans les profondeurs de la déchéance morale.
La tournure des événements semble vous donner raison maître El Hadji Omar Youm dans le fait de ressentir une certaine peur pour notre cher Sénégal après la confirmation de la victoire de la coalition Benno Bokk Yakaar à l’élection législative du 30 juillet 2017 par le Conseil Constitutionnel avec tous les manquements et violations de la loi électorale orchestrés par le pouvoir du président Macky Sall en vue de confisquer la volonté populaire.
Au-delà des insultes publiques devenues une nouvelle forme de pression sur les autorités publiques, le pays court un grand risque de déstabilisation par le seul fait de ceux qui sont chargés de sauvegarder l’intérêt général et qui contre toute atteinte privilégient les intérêts d’un clan.
Nous avons tous le droit de gagner notre vie, mais uniquement dans la dignité, la fierté, le sens de l’honneur et du devoir accompli en considération de tout ce qui fait que nous sommes des hommes, et non des animaux de bétail, n’est ce pas monsieur le philosophe El Hadji Hamidou Kassé, ministre conseiller en charge de la communication du président de la République monsieur Macky Sall.
Mieux, mon cher compatriote maître El Hadji Omar Youm, le pays de la Teranga va inexorablement droit au mur.
massambandiaye2012@gmail.com
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