Les réactions à cet article ont surpris ma bonne foi, car il a suscité une vive controverse au centre de laquelle je me trouve, à mon corps défendant. Entre partisans (dont des wolofs) et adversaires résolus (dont des halpulaar), auxquels j’exprime ici ma gratitude.
J’ai lu quelques articles (souvent bienveillants), reçu des coups de fils amicaux de mise en garde, d’éclairages, et discuté avec Amadou Bakhao Diaw –historien hors pair – lors de l’émission « Remue-ménage » que malheureusement tout le monde n’a pas écoutée et qui n’a suscité que des réactions positives. J’ai lu aussi le texte de Cheikh Tidiane Dièye auquel je souscris sans réserve, sauf s’il pense que ce je suis ethniciste et que je proclame la guerre entre les ethnies : ce qui, en effet, serait dangereux au moment où nous sommes confrontés à des défis autrement plus importants pour prêter le flanc. Mais je ne suis pas tombé : je n’appelle nullement à une guerre contre les wolofs quand je dis qu’ils ont la même mère et qu’insulter l’un c’est insulter l’autre.
Mais je ne souhaite polémiquer avec personne (les polémiques sont souventva ines), je commence dès le départ par m’excuser auprès de tous les amis wolofs que cet article a pu blesser. Ce n’était pas mon intention. Surtout que j’ai probablement plus d’amis wolofs et frères wolofs qu’Hal pulaar.
Cependant l’honneur d’un intellectuel et de pas s’arcbouter sur une position mais d’écouter les arguments des uns et des autres pour modifier ou changer éventuellement sa propre position. Je m’en vais le faire. Quant aux insulteurs professionnels qui n’ont pas lu l’article et qui se croient autorisés à porter des jugements sommaires je n’ai rien à leur dire. Je n’ai rien à dire non plus à ceux
qui n’ont lu l’article et qui prêtent à « l’adversaire » des propos qu’il n’a pas tenus pour venir triomphalement les pourfendre. On ne dit pas ce qu’on veut mais ce qu’on peut.
Sur l’ethnocentrisme :
– Il existe dans toutes les ethnies y compris la mienne.
– L’ethnocentrisme wolof est d’abord l’expression d’une estime de soi, sans rejet de l’autre. L’erreur c’est de ne pas voir cela.
– Mon peul (qui me révulsait) n’est pas un possessif mais l’expression d’une affection.
– Les ethnies sont même en train de disparaître en tant que référence –et c’est fort heureux – au profit des terroirs. Ceci aussi m’avait échappé.
– Les gens sont des Foutankés, des Baol-baol, des Saloum-Saloum, des Walo-walos, etc.
– A Saint-Louis, tout le monde est doomu Ndar
– Il y a encore au Fouta de nombreux villages wolofs
Sur l’ethnicisme :
J’ai pris prétexte des propos orduriers et obscènes de Penda Ba qui insulte toute une ethnie (alors Penda et Assane Diouf ne sont pas vraiment mes interlocuteurs, on ne m’y reprendra plus) pour dénoncer des politiciens tapis dans l’ombre qui, depuis 2012, accusent le Président Macky Sall d’ethnicisme (ils se reconnaîtront).
C’était d’abord un murmure, ensuite des insinuations, des allusions perfides, puis des rumeurs qui vont se transformer en clameur si on n’y prend garde. Cela nous a fait très mal.
Là git le danger.
Le Président Macky Sall n’est pas ethniciste et n’a jamais tenu des propos ethnicistes :
– tous les toucouleurs ne sont pas derrière lui
– il y a des toucouleurs dans l’opposition,
– il a été battu dans la commune de Podor.
– De surcroît, il est à né Fatick, a fait ses études à Kaolack,
– Il a une épouse saint-lousienne d’origine sérère, et vit à Dakar.
– Il travaille, avec détermination et des résultats probants, pour l’émergence de notre pays.
– Il est responsable (kelifado) dont la parole est rare et la courtoisie légendaire.
Voilà un démenti cinglant.
Il est urgent de lutter contre ces politiciens qui, faute de programme clair, croient habile de se retrancher derrière ces propos qui, en effet, menacent la cohésion nationale. J’ai même vu des listes qui circulent sous le manteau qui essaient de montrer, sur la base de noms à résonnance pulaar, que le président de la République a mis des toucouleurs partout, ce qui est faux et ces pécheurs en eaux
troubles oublient que le nom n’habite nulle part. Il y a au Fouta des Diouf, des Faye, des Sarr, le village de mon enfance –Saldé- a été fondé par des sérères, etc., qui habitent en bonne intelligence avec les toucouleurs.
J’ajoute :
1) Le wolof est plus une réalité culturelle, linguistique et commerciale qu’une ethnie, c’est peut-être là sa chance. Tout enfant qui naît par exemple à Dakar va acquérir cette culture wolofo-sous- urbaine qu’il soit sérère ou peulh. Cette culture n’est pas donc l’apanage exclusif des wolofs.
2) Nous venons tous pour l’essentiel du Tékrour qui est le creuset de la Nation sénégalaise : wolof, halpuular, sérères, lébous, soninkés, etc. Ce qui devrait nous inciter à plus de clémence et de mansuétude. Le livre du père Gavrand « Coosaan » est édifiant à cet égard.
3) Ndiadiane Ndiaye, de son vrai nom Amadou Aboubacar Ibn Omar, était le fils d’Abou Bakr Ben Omar, dont se réclament les wolofs, est un métis : son père est maure, sa mère, Fatimata Sall, toucouleur bon teint. Les Wolof et les toucouleurs ont donc la même mère. Insulter l’un c’est insulter l’autre.
4) Le xamadi (impolitesse, incivilité) auquel nous assistons se justifie de l’ignorance puisque c’est la signification exacte du mot. Les wolofs disent qu’avant de savoir l’ignorance pourrait tuer.
5) Le premier Président du Sénégal, Senghor, est un sérère catholique, son chef de gouvernement, Mamadou Dia, est un Hal pulaar, le 2 ème Président du Sénégal, Abdou Diouf, est un métis Hal pulaar sérère, le 3 ème , Abdoulaye Wade, est également un métis puisque sa mère est casamançaise, du Gabou.
Et cela n’a jamais posé de problème. Alors d’où vient qu’avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir on agite cet épouvantail ? A qui cela profite-t- il ?
6) On peut s’opposer au Président Macky Sall sans recourir à ces procédésindignes
7) Nous venons tous pour l’essentiel du Tékrour qui est le creuset de la Nation sénégalaise : wolof, halpuular, sérères, lébous, soninkés, etc. Ce qui devrait nous inciter à plus de clémence et de mansuétude.
8) Notre peuple, plus sage que ses élites, n’est pas concerné par ce débat ni ne sent concerné.
C’est cet ethnicisme, prêté à tort au Président Macky Sall et aux Hal pulaar en général, que
j’ai voulu dénoncer avec vigueur. Il fait mal à tous les Hal pulaar. A juste titre. Mais ce
faisant, j’ai été maladroit. Surement.
Par contre, il ne sert à rien de pousser des cris d’orfraie ou de jouer sur la peur comme le font ces politiciens tapis dans l’ombre. Quant à moi, je ne suis pas du tout inquiet par rapport à une guerre civile (bien qu’il faille rester vigilants), les Sénégalais sont très métissés, presque tous parents. Samba Diabaré Samb disait que si vous prenez l’ascendance de n’importe quel wolof vous trouverez un Hal pulaar dès la 3 ème génération. Il y a aussi cette parenté à plaisanterie –issue de la charte du mandé – qui est une vraie soupape de sureté. Donc ne nous amusons pas à nous faire peur et à faire peur où à exciter les uns contre les autres. Le vénérable Ahmadou Bamba est un Ba probablement originaire de Bababé, tandis que Sokhna Mame Diarra Bousso est de Méry, dans le Fouta central. Tous les deux sont incontestablement de culture wolof.
Quant à ceux qui se déchaînent dans les réseaux sociaux contre les Hal pulaar, la responsabilité
principale revient au manque d’éducation, de savoir et de culture qui explique toutes les incivilités et béances de notre société dont tout le monde s’accorde à dire qu’elles ont atteint un niveau intolérable. Si la responsabilité de l’Etat est engagée n’occultons pas néanmoins les nôtres. La cause est à chercher dans le xamadi (impolitesse, incivilité), l’ignorance puisque c’est la signification exacte du mot. Les wolofs disent qu’avant de savoir l’ignorance pourrait tuer. Il y a là un problème d’éducation, de culture et de savoir qui se posent dont il faut tenir compte. Les média ont aussi des responsabilités puisqu’ils laissent tout passer, sans aucun filtre, ce qui est contraire à la loi. L’Etat devrait sévir davantage, les rappeler à l’ordre, tout en mettant au cœur de ses préoccupations l’éducation, le savoir et la culture, comme il le fait déjà, des jeunes pour les sortir de leur individualité et les élever à la citoyenneté. Donc à l’Universel. Il serait peut être utile de créer un ministère de la culture et de la citoyenneté, au lieu de le laisser s’occuper des LMD (lutte, musique, danse qui font partie de la culture sans l’épuiser.) La civilité est une excellente chose, mais le fait d’être poli, fair-play, respectueux ne fait pas de nous des citoyens.
Cependant la responsabilité nous incombe à nous tous et on ne peut exonérer personne. Y compris les parents.
Il nous faut tuer définitivement l’ethnicisme en faisant taire ceux qui essaient de le
promouvoir et qui avancent masqués.
Tel était le sens de mon propos, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions et nul ne possède la Vérité puisque c’est ce que nous cherchons. La seule chose qui nous incombe, notamment à nous les intellectuels, c’est de rendre nos réalités plus intelligibles, ce qui est un des préalables à la lutte contre les incivilités à laquelle je convie tous les Sénégalais.
Voilà le sens profond de mon propos, qui a été mal compris parce que je me suis mal exprimé (il faut toujours assumer ses responsabilités sans se défausser sur quiconque). Ceux qui me connaissent et connaissent mon parcours savent que ce n’est pas à mon âge que je vais commencer une carrière de raciste, moi qui n’ai jamais connu la haine.
A toutes et à tous, je souhaite une excellente fête de Tabaski.
Professeur Hamidou DIA
Docteur ès lettres
Professeur titulaire de philosophie hors classe
Titulaire d’un DEA de la sociologie de la connaissance et des Idéologies
Conseiller du Président de la République