La libération de Oulèye MANE et celle de Amy Collé DIENG ne seraient-elles pas occasionnées par celle de Penda BA ? En effet, nous savons que cette dernière, très incorrecte, est très proche du parti au pouvoir. Elle est de Agnam, la contrée de l’honorable député qui aurait insulté et menacé de révocation un haut fonctionnaire, Chef de l’Exécutif départemental et représentant légitime du Président de la République.
Fort de ce constat, quel est le Procureur de la République qui oserait s’opposer contre une quelconque liberté d’une personne qui serait sous son « protectorat ». Toutefois, si j’étais à la place de Monsieur le Procureur, je m’opposerais fermement à la libération d’individus inculpés de délits pareils. Je veillerais pour qu’une peine conséquente leur soit appliquée car ces nouvelles formes de délinquance mériteraient une lourde sanction pour servir de leçon à leurs auteurs et d’exemples à quiconque voudra, dans l’avenir, manquer de respect à nos institutions. Mais seul un parquetier indépendant est capable d’une telle prouesse.
Cependant, le peuple sénégalais se sent indigné par leur libération sachant que la justice devrait être rendue à son nom et non à celui de ces politicards. La société en souffrira certes car de tels laisser-aller ne peuvent avoir que de conséquences tragiques et fâcheuses.
Si Platon me permettait de déformer ses propos, je dirais : « Lorsque l’Etat s’habitue à laisser faire le peuple, lorsque les citoyens ne tiennent plus compte de ses normes, lorsque le Ministère public tremble devant les partisans du Président et ferme les yeux face à leurs déviations, lorsque finalement l’arbitraire dans la justice crée des révoltés qui ne reconnaissent plus, au-dessus d’eux, l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté, et en toute jeunesse, le début de l’anarchie. »
A juste raison, n’est-il pas temps pour l’Etat de revoir toutes ses erreurs afin de se ressaisir avant qu’il ne soit trop tard ? Ne doit-il pas se considérer comme seul comptable des grossièretés dans les réseaux sociaux et ailleurs ? Moustapha NIASS, Moustapha Cissé LO, Souleymane Jules DIOP, Yakham MBAYE, Farba NGOM et autres hautes personnalités ne sont-ils pas responsables d’incorrections similaires ?
Des fois, nous confondons notre justice à la « loi de la jungle ». Comment Thione SECK et Cheikh Béthio THIOUNE peuvent-il être en liberté pendant que des innocents comme Imam Alioune Badara NDAO moisissent arbitrairement en prison ?
Si Penda BA est libérée conformément aux lois et règlement sénégalais, comment un acte de poursuite contre Assane DIOUF peut-il se justifier ? Si le Procureur de la République n’a pas jugé nécessaire de s’opposer à la libération de la fille d’Agnam et consorts, quelle peut être l’importance de traquer l’autre insolent qui vit aux Etats unis ?
Car, nonobstant toutes les preuves obtenues contre Oulèye MANE, Penda BA et Amy Collé DIENG, le proc n’a pas exigé à ce que leur impolitesse soit tout de suite et sévèrement punie, il ne s’est pas opposé à leur mise en liberté non plus. Et pourtant, au lieu d’être mises sous mandat de dépôt, elles pouvaient être jugées en flagrant délit.
Nous avons vraiment honte de notre justice car les délits pour lesquels ces dames sont inculpées ne souffrent d’aucune ambiguïté. On les a fait arrêter pour des raisons évidentes et très graves. Ainsi nous nous attendions à ce que la loi leur soit appliquée de manière stricte et immédiate.
Finalement, si un Etat n’est plus capable de mettre sur pied un système fiable de bonne gouvernance, si la satisfaction d’intérêts particuliers est le seul critère de sélections des parlementaires, si l’exécution des ordres d’un Pouvoir Exécutif demeure la seule justification existentielle d’un Ministère Public, si la corruption est l’unique source d’honneur réservée aux juges, alors que chaque citoyen se conduise comme un révolté républicain jusqu’au retour d’un ordre convenable pour une République.
Assane Bocar Niane
Parcelles Assainies, Dakar
assanebocarbaydi@yahoo.fr