« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance il assure l’ordre ; par la résistance, il assure la liberté » (Alain). Et, comme Martin Luther King, ce qui nous effraie, « ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons ».
Le dangereux terroriste islamique (Assane Diouf) qui relève de Guantanamo est arrivé au Sénégal, mais laissé libre de ses mouvements après des interrogatoires poussés à la DIC. Certains de nos compatriotes s’interrogent sur la finalité « presque banale » de cette affaire d’Etat. Faut-il rappeler à ceux-ci, que notre système de surveillance, de contrôle, et de suivi, est un modèle du genre dans le monde, mais encore, ne souffre de faille comme chez les ricains. De plus, au pays de la teranga, on ne neutralise mieux les redoutables islamistes, que lorsqu’ils sont en liberté.
Pourtant, la gravité de la situation nous oblige d’être sceptique, et ne pas être (vraiment) naïf pour croire que, Macky Sall va faire tout ce tintamarre, de le récupérer et, le laisser se pavaner dans les artères de nos villes (wait and see). A moins qu’il ait lu et, s’est approprié cette phrase de Nelson Mandela pour qui « un homme qui prive un autre homme de sa liberté est prisonnier de la haine, des préjugés et de l’étroitesse d’esprit ».
Selon nous, l’affaire Assane Diouf tendrait à montrer « si l’on n’est pas vigilant, les journaux font haïr les oppressés et aimer les oppresseurs » (Malcolm X). Mais encore, révèle un Etat qui ne sait pas garder son calme et, prendre de recul pour décider sereinement, de la réponse la plus appropriée face à l’activisme politique d’Internet et, des réseaux sociaux. D’où, Macky Sall a commis d’énormes fautes de jeunesse (de thiouné) dans le job.
Nous ne souhaitons pas et, nous ne voulons pas l’affaiblissement de l’Etat, dans quelque domaine ou, en quelque lieu. Toutefois, lorsque les services de l’Etat et, Macky Sall dénoncent Assane Diouf aux autorités américaines, comme un dangereux terroriste islamique, à interner sans attendre à Guantanamo. Et, que celui-ci serait aujourd’hui en liberté, au-delà de se ridiculiser, ils mettent fondamentalement la crédibilité de l’Etat en cause.
De plus, cette absence d’appréciation du motif de l’incrimination, et de ses effets, par les hautes autorités étatiques prouveraient, que nous sommes dans une République arachidière, comme dirait Idrissa Seck. Ce qui est foncièrement regrettable, mais encore en agissant avec autant de légèretés, leurs attitudes n’honorent nullement notre pays.
Entouré, d’arrivistes et d’agioteurs, le président de la République n’est pas prêt de changer donc, le choix est simple pour les démocrates et républicains du pays. A savoir résister et, périr dignement en refusant son dictat ou, collaborer et être complice de la spoliation des biens du peuple.
Ainsi, étant dans l’incapacité absolue, de solutionner les maux du peuple, le gouvernement adopte une posture vraiment dictatoriale. Qui est de faire peser de manière constante la menace, la peur, le chantage, et/ou la pression sur ses adversaires politiques et, le simple citoyen. Avec l’affaire Madère Fall, l’Etat APR semble confirmer son basculement réel dans un système policier, ou Macky Sall utilise et manipule la DIC, mais encore la justice.
Le président de la République se sert ainsi, des services de l’Etat comme outils de répression, d’isolement et d’enferment, ou encore, pour contraindre ses opposants politiques à se taire. Par cette attitude, il cherche implicitement à les convertir en de potentiels transhumants. Parce qu’il pressent surtout chez nous que « peu d’hommes ont la vertu de savoir résister au plus offrant » (George Washington), lorsqu’il s’agit de profiter indûment de privilèges.
Sous-couvert d’un juridisme excessif où, toute parole acerbe, d’opposant politique, visant le Chef de l’Etat, est qualifiée d’outrage. Par cette interprétation très extensive des dispositions pénales, le gouvernement cherche à mettre sous tutelle, notamment, nos libertés de penser, de réfléchir, de parler, d’écrire, de se mouvoir, de critiquer, de créer, ou de choisir.
Obnubilé par un deuxième mandat, et revigoré par le hold-up massif aux élections législatives du mois de juillet 2017, il s’emploie, par tout moyen, à restreindre, nos capacités ou facultés d’analyse et de décision, voire à les neutraliser. D’où son allergie à toute critique, même lorsque Macky Sall patron de l’APR est indexé. A sa décharge, cette confusion est volontairement voulue par la constitution, en permettant au président de la République, d’être en même temps chef de parti politique.
Pour conclure, nous disons pour Macky Sall et, ses zélateurs de BBY, le deuxième mandat présidentiel est (presque) acquis. Maintenant, ils réfléchissent sur le moyen de le rendre effectif en 2019, en le faisant accepter à la majorité de la population sans heurts. Pour cela, une fraude massive est en préparation, c’est pourquoi, ils s’emploient depuis un certain temps, à préparer l’opinion publique à cette évidence. Que, leur candidat (Macky Sall) va être élu, dès le premier tour. Alors que, la configuration politique du pays est telle que, nul candidat ne peut croire à cette possibilité, à moins d’être irresponsable, rêveur ou expert resquilleur.
Daouda NDIAYE
Juriste/Analyste politique
Article dédié à Fama DIABATE