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Mboro: Une Commune Qui Se Meurt

Mboro: Une Commune Qui Se Meurt

Située sur le littoral atlantique à quarante kilomètres de Thiès, la commune de Mboro souffre d’un isolement aggravé par le récent découpage administratif. Cette jeune commune de quinze ans d’âge dépend du chef-lieu d’arrondissement de Méouane et demeure ceinturée par Darou Khoudoss, une autre commune distante seulement de quatre kilomètres, du fait de la loi sur la communalisation intégrale.

Cela contribue fortement à étouffer la jeune commune de Mboro et, partant, à limiter ses possibilités d’extension voire de survie. Dans un article d’alerte intitulé « M. le Président Mboro s’étouffe et étouffe », nous interpellions en vain, la plus haute autorité de notre pays sur la nécessité de revoir le découpage territorial afin de sauver Mboro.

La situation semble aujourd’hui s’aggraver en raison du taux élevé de la croissance urbaine (8,34%) : c’est le 6e taux au plan national après Dakar, Touba, Thiès, Mbour, Kaolack. Les limites à l’extension combinées à la forte poussée démographique relative à la présence des industries extractives et aux activités maritimes et maraîchères, exposent les Mborois à une situation d’étouffement intenable : un cocktail explosif.

En effet, avec seulement 3,1 km2 de territoire communal pour plus de 30 000 âmes, il convient de remarquer et faire remarquer que la réserve foncière est depuis belle lurette, épuisée. C’est un truisme que d’indiquer que cette handicapante situation entrave toute politique infrastructurelle, car les projets de structures de sécurité, de santé, d’éducation semblent plombés ou alors à l’eau, faute d’espace.

Mboro est une commune qui manque de tout, tout y est priorité. En plus de son isolement et étouffement, il n y a qu’une seule route, celle de Dakar-Tivaouane. Il est superflu de dire qu’elle est trop fréquentée (camions des ICS, taxis interurbains, clandos), mais ce qui est plus grave, c’est qu’elle passe au milieu des étals du marché rendant la mobilité impossible et créant ainsi une insécurité permanente.

De même, le caractère sablonneux de la commune combiné à l’absence de voirie sont autant de facteurs d’inertie par rapport à la mobilité urbaine, cela dans un contexte mondiale de hubs urbains avec d’intenses maillages communicationnels-routiers-portuaires et aéroportuaires.

Le lycée Taïba-ICS qui nous vaut autant de satisfaction en termes de résultats scolaires, voit ses aspirations de lycée d’excellence fortement entamées par un environnement infrastructurel d’un autre âge: les bâtiments se dégradent considérablement en dépit du label des ICS qu’il porte.

Mboro a souffert pendant plus de dix ans maintenant, d’un manque criard d’eau. C’est le lieu de saluer les efforts déployés par les autorités étatiques, en installant un forage et un château d’eau mais les problèmes d’eau subsistent encore, en raison des problèmes de réseaux et d’adduction.

Dans le domaine sanitaire, Mboro n’abrite que deux postes qui, aujourd’hui, en sont arrivés à leurs limites objectives. Le budget 2016 de l’Assemblée nationale avait prévu un centre de santé à Mboro et, vingt et un mois après, même pas une seule brique sur le site.

L’éclairage et l’insalubrité publics, l’assainissement, mais aussi la sécurité, sont autant de défis qui se posent avec beaucoup d’acuité, en dépit des efforts de l’équipe municipale. Ces défis assaillent notre jeune commune en raison sans aucun doute, d’un faible poids électoral mais surtout de l’absence de leaders politiques en mesure de porter les préoccupations au niveau des sphères décisionnelles.

Nous estimons en termes de solutions qu’à défaut de fondre Darou Khoudoss et Mboro pour en faire une seule et même commune, un découpage plus judicieux s’impose. Cette seconde solution cadre bien avec ce que l’acte 3 de la décentralisation appelle « corrections des distorsions territoriales à des fins de viabilité économiques des territoires ». Un simple décret présidentiel aurait suffi pour nous mettre en phase avec Emmanuel Guillemain d’Echon quand il dit : « La commune, c’est l’élément décisif de la vie démocratique. Affaiblir le niveau local, c’est éloigner le pouvoir du citoyen. C’est un acte grave contre la démocratie…. ».

Un vaste programme d’infrastructures routières devrait être piloté par Promovilles afin de desservir les différents quartiers de la commune. Pour cela, 10 à 15 km de réseaux routiers assortis de cohérents plans d’éclairage et d’assainissement sortiraient nombre de quartiers de l’auberge et de la pénombre.

Dans le domaine de l’Education et de la Santé, il y a beaucoup à faire. Les établissements menaçant ruine devraient susciter chez les autorités étatiques une attitude autre que l’attentisme, car rien n’oblige les entreprises de la place à s’inscrire dans cette voie : les règles RSE ne sont pas contraignantes. Et à ce propos, il est bon de rappeler les propos de Nelson MANDELA qui disait : « L’Education est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde ».

Dans la même veine, pour aspirer à l’émergence, il est impérieux d’éradiquer les maladies selon les sages conseils d’un auteur du siècle de la lumière, transcendant les époques : « La seule vie scientifique qui vaille la peine d’être venue, c’est celle toute tournée vers le recul de l’ignorance, de la maladie et de la faim ».

 

Cheikh Ahmed Tidiane Sall

Professeur au Lycée Taïba-ICS de Mboro

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