Une réponse simple, à la lecture de l’actualité, aurait été «Pas grand-chose !!!». Ce qui impliquerait une complicité collective de toute une Nation.
Mais non ! Un engagement vaut encore ce qu’il vaut pour une bonne partie de nos compatriotes, quels que soient leur niveau de responsabilité, leurs secteurs d’activités et leurs croyances.
Comme beaucoup de Sénégalais, nous avons été sidérés par le décret de nomination de M. Aliou Sall comme directeur général de la Caisse des dépôts et consignations.
C’est un coup de pied manifeste à la moralisation de la vie politique de notre jeune Nation. L’espoir que nous avions avec la lutte farouche menée par une bonne partie de la population en 2012 semble s’éloigner de plus en plus. Et cela, nous ne l’espérions pas du Président Macky Sall.
Ne nous trompons pas avec des phrases mielleuses telles que «Le Sénégal est une grande démocratie» ou encore «Au Sénégal, nous retournons au travail le lendemain des élections sans heurt ni confrontation» ! Etre une grande démocratie ne signifie pas «réussir» des élections sur une à deux décennies. Elle est plus profonde que ces opérations de vote.
En effet, les grandes démocraties que l’on cite se sont construites sur des siècles, avec comme soubassement principal, au-delà du respect des dispositions légales et réglementaires, une moralisation de l’action publique. Et dans ces grandes démocraties, on travaille le plus souvent le jour même du vote et le lendemain on ne retourne pas seulement au travail «sans heurt ni confrontation», mais on se penche déjà sur les orientations majeures en termes économique, social, environnemental de la mouvance ayant remporté les élections. Et non qui sera ministre ou «ministre conseiller», une trouvaille bien sénégalaise. Quoi de plus honorifique que d’être un simple conseiller du président de la République ?
Monsieur le président de la République,
Il est encore temps de redresser notre bateau le Sénégal. Vous laisser nous conduire à l’abîme sans réaction serait un suicide dont nous serons nous-mêmes responsables.
Pendant une douzaine d’années, un président de la République, qui aujourd’hui est immaculé, a désacralisé la plupart de nos institutions avec des nominations scandaleuses et allant même jusque dire que «son chauffeur même pouvait être nommé ambassadeur», au moment où des Sénégalais compétents, ayant fréquenté les milieux universitaires reconnus et bénéficié de formations appropriées pour ces responsabilités, ne pouvaient même pas bénéficier d’un poste de conseiller dans une de nos représentions diplomatiques.
Monsieur le président de la République,
Si vous croyez encore à votre idéal d’un Sénégal émergent, où tous ses fils peuvent aspirer, de par leurs compétences, à participer au développement de leur pays, le profil que vous avez choisi pour la direction de la Caisse des dépôts et consignations ne sied pas.
Nous osons espérer que vous êtes encore le Président de tous les Sénégalais et non le président de «votre Sénégal».
Babacar DIAGNE
babacar.diagne@gmail.com