Eux, ce sont les Casamançais réunis au sein ou autour du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), et nous, les autres Casamançais, tandis que l’affaire dite du zircon nous fait découvrir, du moins s’il en est besoin, qu’en réalité ‘‘eux et nous’’, c’est ‘‘nous dans nous’’.
Or, qu’est-ce que c’est que cette affaire dite du zircon en Casamance ?
L’« affaire du zircon », pour faire court et simple, c’est l’Etat du Sénégal qui, faisant siens des intérêts étrangers, décide de l’exploitation de gisements de zircon découverts en Casamance, au mépris de populations qui n’y comprennent rien et qui expriment à cet effet, leurs peurs quant à son impact sur leur quotidien, leur qualité de vie, leur santé, leur environnement, les écosystèmes, etc. Et ce, au-delà même de l’enjeu que cela pourrait imprimer en termes de développement durable.
Autrement dit, dans l’absolu, les populations (le MFDC bien compris) ne sont pas contre ce projet. Simplement, elles disent ne pas comprendre ; elles disent avoir peur pour elles-mêmes, pour leur environnement et les écosystèmes ; elles craignent même que l’Etat n’ait pas tout dit en l’occurrence. D’où la nécessité, selon elles, d’une contre-expertise y relative, menée, et bien menée, par un expert indépendant.
A ce jour, la seule réponse de l’Etat s’apparente, hélas, à un acte de mépris à l’égard des populations, lesquelles n’auraient plus qu’à se taire et à se résigner face à un Etat tout-puissant. Qui plus est, un Etat tout-puissant qui sait ce qui est « bon » ou « mauvais » pour les populations et qui entend leur dispenser le « développement » selon son seul vouloir. Que ces dernières, donc, le veuillent ou non.
En l’espèce, l’on ne saurait faire mieux qu’un colon, un occupant. A quoi, naturellement, ou logiquement, le MFDC, toutes factions opportunément unies ou réunies, ne saurait rester insensible.
Il me souvient, pourtant, que la République, ça n’est pas que la violence, fût-elle légale ou légitime. La République, c’est aussi ou surtout, l’intelligence, la sagesse et la pédagogie en actes, ou en actions, tout à la fois.
En l’occurrence, si la Casamance est sénégalaise et les populations casamançaises, sénégalaises, alors l’Etat gagnerait à les écouter et à les entendre. Au cas contraire, il porterait seul, une fois de plus, la lourde responsabilité de ce qu’il en adviendra en termes d’hostilités entre l’Etat et les populations d’une part, et le MFDC d’autre part.
Certes, après la guerre, après toute guerre, il y a toujours, nécessairement, la paix. Il s’agirait alors, cette fois-ci donc, de la paix selon la seule volonté et la seule logique des populations casamançaises et du MFDC. Dakar, le 24 septembre 2017.
François BIAGUI
Président du Parti Social-Fédéraliste (PSF)
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