C’est dans une salle archi vide que son « Excellence » M. le Président de la République du Sénégal, Macky Sall, s’est adressé à la communauté internationale, sous l’œil attentif de son chargé de communication El Hadji Hamidou Kassé, qui ne pouvait s’empêcher de filmer le « théâtre » avec son téléphone portable, l’homme sûrement emporté par l’émotion de voir le « préfet noir » rendre compte à ses Supérieurs.
Comme à ses habitudes, le Président de la République s’est donné à cœur joie à son jeu favori, celui de tenir de beaux discours, destinés à être captés par des générations ivres de belles promesses.
Dans cette tribune des Nations Unies où les chefs d’Etats rivalisent de par leur éloquence et engagement pour un monde meilleur, Macky Sall n’y est pas allé par quatre chemins, pour se positionner, comme étant un excellent théoricien de la Paix dans le monde, ainsi que de l’émergence des pays pauvres d’Afrique.
Mais dans les actes, que retenir entre les Mots de l’homme, comparés aux Maux portés à son peuple ?
Que retenir de ce joli discours de Macky Sall qui, d’emblée, a tenu à rappeler le thème de cette 72e Assemblée générale des Nations Unies, qui l’engage « à donner la priorité à l’être humain pour la paix, et une vie décente » ?
D’ailleurs, qu’en est-il de cette PAIX (qui est multiforme comme il le rappelle dans son discours), ainsi que de cette VIE DECENTE pour son peuple ?
Macky Sall commence par peindre le sombre tableau de ce monde, ensanglanté par les pouvoirs temporels, qu’il nomme d’un « temps de turbulences et d’incertitudes », rattrapé par des « urgences » qu’il convient de solutionner.
– « URGENCES SECURITAIRES ET HUMANITAIRES »
Macky Sall rappelle ici les millions d’êtres humains qui souffrent au quotidien à cause de guerres, du terrorisme, de souffrances, ainsi que de « violences sous toutes ses formes ».
Non sans rappeler que notre Président s’est engagé dans un grand aveuglement, qui est très loin de toucher notre pays, à savoir la guerre civile yéménite, sous la requête de l’Arabie Saoudite, nous affirmons à juste titre qu’il se trouve être même un semeur de ces « turbulences et d’incertitudes », occasionnant de multiples souffrances et violences causées à son peuple dans d’autres sens.
Que dirait-il de cette souffrance du sénégalais qui peine à étudier normalement, celui de l’enseignant qui ne réussit pas à se faire respecter, du malade qui n’arrive pas à se faire soigner convenablement, du jeune diplômé qui galère pour trouver un emploi décent, de cette ménagère qui se torture pour trouver une toute petite goutte d’eau inexistante depuis une dizaine de jours !
D’autre part, que dirait-il encore de cette violence faite à ce fonctionnaire qui dénonce les tares du gouvernement, de l’adversaire politique qui est emprisonné arbitrairement, du juge qui est corrompu pour statuer dans la parfaite illégalité, de cette justicière de service renvoyée après avoir fouillé dans les affaires Sall de la « famille présidentielle » etc.
– « URGENCES ALIMENTAIRES »
Quand notre Président de la République se dresse contre le milliard de tonnes de nourriture gaspillée chaque année, alors qu’au même moment, d’autres millions de personnes souffrent à cause de la faim dans le monde, que dit-il alors à propos de son pays, avec lequel il avait chanté dans tous les toits qu’il atteindrait l’autosuffisance alimentaire en 2017 !
Que dit-il de cette promesse qu’il avait prise de réduire de manière drastique les coûts des denrées de première nécessité ?
Dans un plan dit émergent pour le Sénégal, conçu par des occidentaux à prix de milliards, qu’est-ce qui a été assorti dans le programme, en vue d’une excellente politique agricole qui sortirait les paysans sénégalais de leur misère ?
– « URGENCES ENVIRONNEMENTALES »
Le Sénégal est très loin d’être un Etat industriel, comparé aux autres pays dits développés dans le monde. Alors, qu’est-ce qui animerait notre cher Président de la République à poser le débat du « réchauffement climatique », quand au même moment, une centrale à charbon est en train d’être construite à Bargny, malgré la levée de boucliers de tous les écologistes et environnementalistes de ce pays !
– « URGENCES D’ETHIQUES ET DE MORALE »
Macky Sall, qui est le champion du reniement dans toutes les promesses qu’il avait prises de restaurer l’Etat de droit dans ce pays, a fini par prendre goût à protéger sans scrupule tous ses proches cités dans des scandales financiers, ainsi que de guillotiner à l’opposé tous ceux qui aspirent à œuvrer pour une Justice équitable dans ce pays, ou même du moins d’être un adversaire politique. Cet homme aux manœuvres politiciennes perfides et déshonorantes, dans un pays où la parole donnée est sacrée, ne peut en aucun cas être un donneur de leçon en matière d’éthique et de morale.
Mais vu que l’homme ne se lasse jamais des beaux discours vierges de toutes convictions, prenant goût aussi à ses autres surenchères destinées à l’Occident !
« D’une part, on prescrit la vocation universelle de la démocratie et des droits humains, pendant que les replis sur soi et les dérives extrémistes, racistes et xénophobes refont surface.
(…) Une civilisation, ou une culture, serait supérieure aux autres qui ont inspiré les pires tragédies de l’histoire notamment l’esclavage, la colonisation, l’holocauste et l’apartheid. Céder à ces dérives, c’est renoncer aux valeurs fondatrices des nations. C’est oublier que les véritables défis de notre temps se retrouvent ailleurs… »
« Dans un monde d’interactions et d’interdépendances, la paix aujourd’hui, plus que par le passé, n’est pas seulement l’absence de guerre. La paix c’est aussi, la préservation des ressources de la planète, dont la raréfaction accentue les risques de crises internes et de conflits internationaux. »
« La paix c’est aussi des échanges internationaux plus justes et plus équitables, qui ouvrent à tous la voie du progrès et de la prospérité.
Le monde ne peut être en paix avec lui-même tant qu’il reproduira un système d’échanges illégaux, où ceux qui ont plus, gagnent toujours plus, et ceux qui ont moins, perdent toujours plus. Nous devons travailler à des échanges mutuellement bénéfiques qui protègent l’investissement, rémunèrent au juste titre les matières premières, et génèrent une prospérité partagée. C’est le meilleur moyen de vaincre la pauvreté, de soutenir les efforts d’émergence de l’Afrique… »
« Il est temps de ne plus considérer l’Afrique comme un continent du futur, qui se contente de promesses aléatoires, que d’autres conçoivent, écrivent et interprètent à sa place. L’Afrique se veut partie prenante d’un présent qui tient compte de ses intérêts et besoins d’émergence, par des partenariats rénovés, et mutuellement avantageux. »
En entendant ces paroles du Président de la République adressées devant le monde, on ne peut qu’être attirés par ces constats avérés, mais les comparant avec les réalités de ses actes, on ne peut que ressentir de la tristesse, du regret, de la honte, ainsi que du dégoût.
Ces belles vérités peuvent être résumées respectivement par des valeurs républicaines telles que : la Démocratie, les Droits humains, l’Egalité des hommes, la Préservation des ressources naturelles, la Coopération équitable, l’Exploitation efficiente des matières premières ainsi que l’Indépendance en Afrique.
Or, avec l’arrivée de Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal, toutes ces valeurs républicaines sont jetées en pâture, piétinées de plus en plus au vu et au su tout le monde !
Pourquoi parlerons-nous de Démocratie et des Droits humains lorsque M. Khalifa Sall, croupit en prison depuis plus 200 jours sans être jugé, juste parce qu’il est le plus sérieux adversaire politique de Macky Sall ! Quand au même moment, ce corps de contrôle qui a fouillé dans les affaires du maire de Dakar, l’IGE, a aussi épinglé plusieurs des compagnons du Président, et qui hument l’air de la liberté, jusqu’â être bombardés ministres et directeurs généraux !
Et que dire du droit de vote qui est devenu un privilège dans ce pays, ainsi que la fraude, devenue une Normalité, et approuvée par le Conseil Constitutionnel! Toutes ces atteintes très graves à la démocratie et aux droits humains, faisant que son régime soit baptisé de « DICTATURE RAMPANTE » en cinq (5) ans de règne seulement.
Que dire de l’Egalité des hommes, lorsque le Népotisme continue d’être érigé en règle dans ce pays, avec la patrimonialisation du pouvoir !
Que dire encore, quand une première fois dans l’histoire politique du Sénégal, que l’on nous parle d’Ethnicisme !
Qui a libéré Penda Bâ ? Le professeur Hamidou Dia, conseiller du Président de la République, n’a-t-il pas ouvertement attaqué les Wolofs dans un discours faux qu’il avait reconnu par la suite !
Quand évoquerons-nous une Coopération équitable lorsque Macky Sall, dés son accession à la magistrature suprême, n’a trouvé à faire autre chose que « tuer » les entreprises sénégalaises, en promouvant l’expertise étrangère, surtout française, dans presque tous les secteurs de ce pays !
Qui osera parler d’une Exploitation efficiente des matières premières au Sénégal, lorsque tout le monde sait que les modalités d’octroi de notre pétrole ont été bafouées par l’Etat du Sénégal ! Le gouvernement a-t-il révélé les dessous de l’accord avec Total qui a emporté Thierno Alassane Sall du pouvoir ? Et que dire des exploitations nébuleuses du Zircon, de l’Or, ainsi que du Phosphate, dont le Sénégal ne tire guère profit !
Quand est-ce-qu’on parlera d’une politique nationale visant l’Indépendance de l’Afrique, lorsque notre cher Président de la République se permet de dire à qui veut l’entendre que « le Franc CFA (Colonies Françaises d’Afrique) est une bonne monnaie à garder », jusqu’à expulser un africain, Kémi Séba, qui avait choisi de venir vivre au Sénégal pour sa Téranga (hospitalité) !
Que dire encore, quand ce Président, né après les « indépendances », veut signer les Accords de Partenariat Economique (APE), qui sonneront la mort de notre économie !
Devant ce tissu de belles paroles, totalement contraires aux faits de l’homme qui continuent de s’empirer depuis plus de 5 ans, nous ne pouvons qu’être inquiets et abattus.
Inquiets et abattus de voir la manière dont cet homme pervertit l’une des choses qui devait être la plus sacrée chez lui, à savoir sa Parole. Semblant oublié qu’il avait juré “devant Dieu et devant la nation sénégalaise” de remplir fidèlement sa charge de président de la République, en un laps de temps, Macky Sall s’est débrouillé d’agir en totale discorde de tous ses engagements et promesses.
Il s’était engagé de faire un mandat de 5 ans, de former un gouvernement de moins de 25 ministres, de faire la reddition des comptes, de réduire le train de vie de l’État, de combattre la transhumance et l’impunité, d’œuvrer pour une séparation des Pouvoirs, de ne jamais nommer son frère à un poste etc.
Aujourd’hui, il a maintenu un mandat de 7 ans, formé un gouvernement de 83 ministres, laissé libre cours aux délinquants du régime précédent, conservé le budget de la présidence à un montant exorbitant, fait l’apologie de la transhumance, protégé tous ses proches épinglés par les corps de contrôle, annexé l’Assemblée Nationale ainsi qu’une bonne partie de la Justice, nommé son frère Directeur général d’une grande société publique (après que ce dernier ait fini d’occuper les fonctions suivantes : maire de Guédiawaye, président de l’AMS, administrateur de la Banque de Dakar, cadre de Petrotim limited…).
Tout cela pour dire que nous ne pouvons plus nous permettre de nous fier aux belles paroles d’un homme qui est le champion du reniement (wax-waxeet). L’heure est plus que grave!
Ces actes nous montrent de plus en plus la face hideuse de ce chef d’Etat, qui n’est guère prêt à amener à bon port notre cher Sénégal qui a été trompé, trahi et vendu depuis plus de 57 ans.
Maintenant, la question que nous nous posons est celle-ci : quand est-ce que les sénégalais accepteront de voir le Sénégal émerger ?
Moustapha Dramé
Fait à Dakar le 25 Septembre 2017