Le terrorisme est incontestablement le fléau des temps modernes auquel toutes les forces du monde libre s’évertuent à faire face en synergie, en veillant tant bien que mal à garder la tête froide, en évitant notamment de céder à la psychose et aux préjugés simplistes, au risque de saper les bases même de la Démocratie et de compromettre les fondamentaux des libertés publiques. Une recherche permanente d’un équilibre, autant périlleux que fragile ! La première puissance mondiale, les Etats-Unis, censée être la cible privilégiée du terrorisme internationale, semble à présent avoir bien intériorisé la nécessité de mettre un bémol au «tout-sécuritaire», qui a maintes fois failli faire basculer le porte-étendard de la Démocratie dans un Etat de siège, assorti d’une insidieuse confiscation des libertés publiques. A la grande satisfaction naturellement des mouvances jihadistes, qui justement usent du diktat de la terreur, comme arme de prédilection «pour empêcher aux mécréants de vivre en paix»!
En effet, depuis qu’ils ont compris qu’ils faisaient, en toutes bonne fois, le «Jeu du Démon», les USA ont opté, du moins sous le magistère du Président Barack Obama, de «rectifier» (même s’il ne le disent pas expressément) les excès de zèle du FBI et de la CIA, qui ont valu à de nombreux prévenus-barbus, coupable du délit de faciès, d’avoir été jeté injustement dans les geôles du célèbre Centre de détention de Guantanamo, dans l’enclave américaine de l’île de Cuba, dont des Commissions d’enquêtes parlementaires (américaines et européennes) ont eu à dénoncer les conditions inhumaines des détentions. Ayant promis durant sa campagne électorale, de 2008, d’enclencher un processus de démantèlement de Guantanamo, le Président Obama, même s’il n’a pas atteint la totalité de son objectif en quittant la Maison Blanche, en 2016, aura eu le mérite d’avoir réduit ce «camp de concentration moderne» à sa plus petite expression : il ne restait en effet plus que 61 prisonniers (en août 2016) sur les 242 détenus, qu’avait trouvés Obama en arrivant au pouvoir!
La lenteur du processus d’élargissement tenait moins de la volonté politique du chef de l’Exécutif américain que de la difficulté de trouver des pays d’accueil à ces parias que le Pentagone cataloguait pudiquement de «détenus libérables». Et dont la plupart avaient été torturés ou arrêtés dans des circonstances illégales aux yeux de la loi américaine. Les Etats-Unis exprimèrent alors publiquement leur reconnaissance aux pays d’accueil, dont certains émirats arabes, le Ghana et … le Sénégal, «pour (leur) geste humanitaire et (leur) volonté de soutenir les efforts en cours des États- Unis pour fermer le Centre de détention de Guantanamo», indiquait le communiqué du Pentagone.
Le gouvernement du Sénégal choisit la date hautement symbolique du 4 avril 2016, jour de la fête nationale, pour faire l’annonce officielle de «l’asile humanitaire» qu’il avait décidé d’accorder à deux ex-détenus de Guantanamo. Il a mis en exergue dans son communiqué que «cet asile humanitaire s’inscrivait dans la tradition d’hospitalité sénégalaise et de solidarité islamique» envers deux frères africains».
Il s’agissait de ressortissants libyens, détenus sans procès durant 14 ans, et finalement libérés sans qu’aucune charge n’eût été retenue contre eux ! Et l’organisation humanitaire «Human Rights Watch» de féliciter l’Etat du Sénégal pour son «geste humanitaire important, qui offrait à ces hommes la chance de commencer une nouvelle vie». Et pourquoi donc n’offrirait-on pas également à Imam Alioune Badara Ndao qui étrenne ce jeudi 26 octobre 2017 sa deuxième année de détention, toujours sans jugement – l’opportunité de refaire, lui aussi, sa vie après tant d’épreuves ? Initialement livré à la prison de Saint-Louis, avant d’atterrir au Camp Pénal de Liberté 6, après un passage à Rebeuss et au Cap Manuel, les rares personnes, triées sur volet, qui ont eu l’opportunité de lui rendre visite, reconnaissent que la situation humanitaire de l’Imam Alioune Badara Ndao s’est beaucoup dégradée, depuis son dernier transfert carcéral.
Une insoutenable pollution sonore, provenant d’une source extérieure, jouxtant sa cellule, troublerait son sommeil, en sus d’effluves irrespirables qui l’indisposeraient quotidiennement. Pendant que toutes ses demandes de liberté provisoire sont systématiquement rejetées. Les charges «d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste», etc., lui ayant été officiellement annoncées – six mois après son placement sous mandat de dépôt par le doyen des juges -, le RDS (Rassemblement démocratique sénégalais), tout en restant fidèle à son credo de se garder de s’immiscer dans toute affaire pendant devant la Justice, se fait néanmoins le devoir de joindre sa modeste voix à celles des mouvements de soutien pour la libération de Imam Alioune Badara Ndao (constitués du «Rassemblement islamique du Sénégal», de la «Ligue des Imams et prédicateurs du Sénégal», de «l’Association des élèves et étudiants musulmans du Sénégal», du «Mouvement Nittu Deugg» et de «Markaz Darul Arkham», etc.), pour souscrire à leur déclaration commune «exigeant toute la lumière sur ce dossier». Et «demandant solennellement le jugement de Imam Alioune Badara Ndao, ou sa relaxe pure et simple, s’il n’y a aucune preuve de sa culpabilité».
Le RDS leur exprime ses chaleureuses félicitations pour avoir initié la journée de prière et de sensibilisation, intitulée «TEGUI TOUMA», qui se tiendra le 29 octobre 2017, à Kaolack, chez Imam Alioune Badara Ndao.
Le Bureau Politique du RDS
Le Sg Mame Mactar Guèye