“Gouverner, c’est mettre vos sujets hors d’état de vous nuire et même d’y penser.” Machiavel
Machiavel est le Maître à penser de plusieurs hommes politiques sous nos tropiques. Certains font preuve de plus de finesse que d’autres. L’interpréter au premier degré peut conduire à des dérives auxquelles lui-même n’aurait jamais pensé.
Nous espérions que Thémis serait le dernier rempart contre les abus de pouvoir. Hélas…Hélas…hélas!
J’écris beaucoup. J’écris sur tout ce qui bouge me dit-on. Et pourtant je me suis abstenu d’écrire, et de prendre position publiquement, sur ce qu’il est convenu d’appeler désormais l’Affaire Khalifa Ababacar SALL, député-maire de notre capitale.
Parce que je gardais confiance en la Justice de mon pays. Comme plusieurs de nos concitoyens qui commencent à marmonner dans les chaumières…”Lu epp turu “dit-on…
Puisque, dans la forme, la révélation d’une cabale politique vient de nous être donnée par l’aveu, subséquent à la saisine du Président de l’Assemblée Nationale par le Procureur de la République, aucun Sénégalais de bonne Foi ne peut plus cautionner la détention d’un parlementaire, sans la levée préalable de son immunité parlementaire. Or, l’immunité parlementaire de Khalifa Sall court depuis l’installation de la 13eme législature. C’est le Garde des Sceaux qui vient de le confirmer sous la plume de Son Procureur. Que ne l’avait t-il soufflé à l’oreille du Chef de l’Etat dont il était le Conseiller spécial il y’a peu? Et que faire pour réparer le tort ainsi causé ?
En attendant, tous les collègues du Député-Maire de Dakar devraient s’emmurer dans un silence profond. De réflexion. Car, dans les conditions actuelles, ils sont tous en sursis. Ils sont à la merci des humeurs de l’exécutif et du judiciaire. Tout peut leur arriver! Tel n’était pas l’esprit des lois et le principe de l’équilibre des pouvoirs.
Que penser alors des députés de l’opposition parlementaire? Mis à part celle de l’Honorable Ousmane SONKO, aucune voix dissonante ne s’est élevée, de manière audible et crédible de la Place Soweto, pour dénoncer le sort fait à leur collègue.
Au fond, tous les citoyens de ce pays devraient s’interroger, maintenant, sur les raisons profondes qui justifient l’incarcération d’un homme qui continue à gérer sa municipalité de sa cellule de prison, qui a été investi sur une liste électorale, qui figure sur les plus belles affiches de la dernière campagne électorale, et qui s’est fait élire, sans avoir été vu dans un seul meeting, durant son séjour carcéral. Une situation pour le moins cocasse qui dit tout: Maladresses, improvisation et amateurisme sur fond d’une ferme volonté de nuire sont les différentes pièces du dossier Khalifa Sall.
Certaines langues pendues vont encore nous la jouer, sans honte et sans vergogne, pour échafauder des argumentaires indigents et tenter de justifier l’injustifiable. Des seconds couteaux comme d’habitude… Mais comment se fait-il que l’on n’entende que des lampistes sur un sujet aussi grave: bafouer la dignité et l’honorabilité d’un homme qui aura contribué à asseoir le régime actuel rien que pour mettre fin à ses ambitions, somme toute légitime, au vu de sa longue carrière? Et ses “camarades” de Parti alors? Qui poussent l’inelegance jusqu’à crucifier un homme désarmé? Qui exécutent un homme, prisonnier entre quatre murs, sans aucun moyen de se défendre. Il faut vraiment le faire!
À l’heure où des milliards, prétendument dissipés par des gens du Pouvoir, font la Une des journaux tous les jours, que personne ne vienne plus nous parler de caisse d’avance et autres arguties juridico-financières. Et que personne ne vienne plus nous débiter des articles du Code de procédure pénale. Il est maintenant établi que certains de nos magistrats piétinent le droit lorsqu’ils veulent contenter le Prince. À n’y prendre garde, c’est le début de la tyrannie. Et nul n’est plus à l’abri. En tout état de cause, la rupture de confiance entre la justice et ses administrés, déjà largement entamée, vient de subir une forte estocade.
Car trop, c’est trop!
Ne laissons pas les députés, pour l’honneur qui leur reste, conduire leur pair à l’échafaud juste pour plaire au prince! La mobilisation de tous les démocrates, sans frontières partisanes, est une exigence. À défaut, il faudra tout simplement se demander: à qui le tour? Car, lorsque l’on peut traiter ainsi un allié qui a contribué à vous porter au Pouvoir, rien ne peut plus nous surprendre.
Défendons ce qui reste de notre système démocratique ou que chacun prépare son baluchon. Direction Rebeuss!
Amadou Tidiane WONE
woneamadoutidiane@gmail.com
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