Eléments d’orientation et de stratégie
(Quelques suggestions de la part du Comité d’Initiatives des Intellectuels du Sénégal- CIIS )
1 – Résumé
Le Développement du pays ne doit plus être attendu de la Classe politique actuelle ou ancienne, mais de la promotion de la nouvelle élite entrepreneuriale hybride composée des secteurs formels, informels et des Universités, sans oublier les Foyers de Savoirs et les Centres de Foi et de Religions. Or donc, cette élite entrepreneuriale nouvelle est présentement bloquée par le Parasitisme économique et social – non démenti à tous les niveaux – de Politiciens professionnels depuis le début des Indépendances. Moyennant quoi, entre Cette Classe politique du Non-Développement fonctionnant selon une logique de croissance extravertie et Notre Éthos Endogène du Développement, c’est véritablement « L’heure du choix », pour citer le Président Magatte Lô.
2 – L’intelligentsia classique et l’Éthos Endogène du Développement
Le plus difficile – disons-nous la vérité – fut de gagner les Universitaires et les Professeurs, les Avocats et les Diplômés de manière générale à une Juste perception du Phénomène inédit des Mόodu Mόodu et/ou Bawol Bawol, généralement issus des Daara, du monde rural et des couches populaires urbaines. De fait, alors que le pays avait misé imprudemment sur les écoles publiques franco-françaises de Jules Ferry et de Faidherbe, voilà que les véritables opérateurs économiques et sociaux culturellement et religieusement armés sont sortis de la Culture la plus profonde de nos Terroirs, Peey et Dental, Peenc et Jenku… Raison pour laquelle, contrairement aux défaitistes de tous bords, nous disposons en ce moment – pour développer ce pays et entrainer toute la sous-région – d’un Véritable réceptacle et foyer générateur de l’Esprit d’entreprise endogène qui faisait défaut – selon toute vraisemblance – aux émules des écoles franco-françaises des 4 Communes de plein exercice e de l’ex-Colonie du Sénégal et dépendances ! Amul Ragal : le pays de Senghor et Dia Mamadou dispose aujourd’hui, d’une e élite entrepreneuriale combative et disponible – dans tous les domaines ; une élite ayant réussi à surmonter – au bout de deux générations – les obstacles et les sabotages, les dénigrements et les procès d’intention, le mépris ou la haine, sinon les complexes de supériorité des sortants de prétendues Grandes Ecoles, Universités, etc. Une Elite hybride qui est véritablement en mesure de donner au Sénégal le Second souffle indispensable à son Développement, et peut-être – pourquoi pas ? au décollage des pays de la CEDEAO !
3 – Un Nouveau Départ est souhaitable
Jusqu’ici, est-il permis de penser, la stratégie de Développement avait reposé entièrement sur les épaules d’un Etat interventionniste tenu en laisse par une Classe politique aux mains de prétendus Ñi Jáng Ekool et Diplômés, Intellectuels et Avocats, Universitaires et Professeurs, etc. Et le tout agrémenté de quelques Professions libérales et Médecins, et ce, au détriment, sinon à l’exclusion, des Borom Xam Xam, de l’entrepreneuriat privé et populaire, de l’artisanat, des milieux d’affaires ou des grands commerçants et agriculteurs, paysans et cultivateurs, sans oublier les sociétés civiles endogènes (Confréries et Eglises, Syndicats, Intellectuels, Organisations économiques, syndicales et patronales, Groupements d’affaires, etc.).
4 – Et maintenant ?
C’est le temps du Jëf Jël et Ñaq Jerińu, pour les Citoyens et pour le Pays ! Visez donc la chose : Plus d’un demi-siècle après les Indépendances, qu’avons-nous sinon un essoufflement de la force d’entraînement constituée par les leaderships politiques, les Diplômés et les Universitaires, les Avocats et les Professeurs, les milieux patronaux classiques (CNP, GES, UNACOIS), les Chambres de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture, les Sociétés Nationales, etc. ? Et avec ceci, une Bureaucratie de l’Appareil d’Etat et des Partis qui étouffe littéralement les groupements d’affaires organiques et discrimine les élites entrepreneuriales émergentes- ancienne et nouvelle – y compris celles de l’émigration et des Diasporas. Sans parler de ce clientélisme mercantiliste des VRP et VIP reconvertis en Courtiers du Sous-développement inféodés à des puissances étrangères qui veulent transformer le Sénégal et la CEDEAO en nouveaux marchés aux Esclaves et autres Gold Coasts sur le dos des générations actuelles et futures !
Et tout ce désastre programmé, à cause de l’irresponsabilité d’une Classe politique du Non- Développement dont le crédo est à présent connu et reconnu : « Xaalis Kenn Du Ko Liggéey, Dees Koy Lijënti » ! Une Classe politique du Non-Développement plus soucieuse de se reproduire par la Spéculation foncière, l’Accaparement des deniers publics et l’Impunité généralisée, afin de se pérenniser au Pouvoir que d’engager l’épreuve stratégique de l’industrialisation à partir d’une mobilisation des ressources humaines et matérielles, culturelles et artistiques, scientifiques et spirituelles, religieuses et agricoles, minières etc. Basta ! Da Fa Doy ! Ou ce qui est la même chose : Ndiimmaagu Neddo Ko Golle E Balle, selon la formule historique de Samba Gelaajo Jéegi !
5 – Par où commencer ?
L’échec des stratégies de développement tournant le dos aux vives de la Nation est aujourd’hui consommé : la pseudo-élite issue de l’Ecole publique, et/ou des Facs et Instituts a sombré avec armes bagages dans la Politique politicienne comme gagne-pain et mécanisme d’enrichissement sans cause et de promotion personnelle et familiale, clanique et/ou ethnique, etc. Mais, parce qu’il y a un « Mais » gigantesque, en effet.
Jugez-en ! le déclin et la faillite des élites des Indépendances se sera accompagnée paradoxalement, de l’émergence et de l’affirmation d’une force nouvelle d’entrainement issue – entre autres -des Daara du pays profond, de l’émigration des Mόodu Mόodu ou Bawol Bawol, des Mécaniciens et Garagistes, des Tailleurs et Marchands Ambulants, des Intellectuels organiques dévoués à la Cause du Peuple, sans compter les Universitaires véridiques qui ont tiré la sonnette d’alarme, à tour de rôle, depuis plus de 60 ans !
Dotée d’une pugnacité à toute épreuve et d’une combativité reconnue, au Sénégal même, en Afrique, en Europe et en Amérique, au Japon et au Maghreb, au Moyen-Orient, et partout dans le monde, voilà donc que la Nouvelle Elite entrepreneuriale sénégalaise – incluant ses composantes universitaires et religieuses, artistiques et culturelles – est donc bien là sous nos yeux, n’en déplaise aux détracteurs et laudateurs de tous bords. Une Elite entrepreneuriale organique dont les réalisations pratiques en termes d’emplois, de productivité, d’entreprise, de créativité et d’ingéniosité sont observables, mesurables et contrôlables dans tous les secteurs et domaines. Pour dire qu’au total, l’Ethos du Développement est bien là qui annonce la relève de cette Classe politique du Non-Développement, à l’arrogance déplacée et à l’orgueil mal placé.
6 – Conclusion partielle
Partant, face au Maroc (à la Tunisie comme à l’Algérie…) qui frappe(nt) aux portes de la CEDEAO : Ni peur ni Rejet, mais il s’agit de mettre l’accent sur les questions suivantes (parmi d’autres) : Quelle stratégie pour être maître de notre économie ? Quelle compréhension commune des événements et des tâches pour y arriver rapidement ? Et au premier chef, sans doute, l’entrée en scène, selon les formes les plus appropriées, du Modèle entrepreneurial nouveau, sans oublier les figures et modèles qui incarnent et précisent les voies du Futur dans une Afrique de l’Ouest (CEDEAO) suffisamment réarmée pour s’auto-développer tout en s’ouvrant au Monde !
Pour le Comité d’Initiatives des Intellectuels du Sénégal – CIIS
Pr. Malick Ndiaye
Sociologue, UCAD