Ils sont particulièrement hautains. Totalement distants. Ils se considèrent comme Dieu devant ceux à qui ils doivent leur existence. Ils les humilient souvent, les écoutent rarement. Ils pensent être plus intelligents qu’eux, plus forts et immortels. Eux, ce sont nos leaders politiques.
De Dakar à Djibouti, du Caire au Cape, ils ont les mêmes caractéristiques, les mêmes vices. Ils ne supportent pas les hommes libres. Ils adorent ceux qui rament pour eux. Ils n’aiment pas qu’on leur dise la vérité. C’est même un affront dès lors qu’un simple citoyen le fait.
Hier, derrière les sourires de façades et la version officielle donnée suite au départ du président KABORÉ de la salle, se cache l’expression d’une véritable colère. Mais dans la mesure où cette vérité est sortie de la bouche du plus puissant, de celui qui a la bourse, il n’y aura pas mort d’homme. Pourtant, si MACRON était un simple ministre, citoyen ou un autre président africain, ses mots ne resteraient pas sans suite.
Nos leaders sont habitués à un entourage totalement docile. Des hommes qui leurs disent uniquement ce qu’ils veulent entendre. Même en privé, ils n’osent pas exprimer leur pensée devant leurs supérieurs. J’en suis souvent témoin. Voilà ce qui constitue le mal de nos sociétés. C’est ce qui nous retarde. C’est la cause principale des dérives de ceux qui nous gouvernent.
De ma courte carrière politique, j’ai croisé des personnalités qui ne m’adressent plus la parole parce que j’ai osé leur dire ce que je pense. Députés, maires ou directeurs généraux, responsables de mouvement politiques, leaders présidentiables, j’en ai croisés qui n’aiment pas la vérité. Mais c’est la faute des militants qui les chantent à la moindre occasion. On peut défendre sans fayoter.
Contrairement aux pays occidentaux où ce sont les politiciens qui courent derrière les militants, en Afrique, on assiste au contraire. L’émergence commence par l’inversion des rôles. Ce sont nos politiques qui dépendent de nous. Ce sont eux qui ont besoin de nous. Par conséquent adressons-nous à eux en toute indépendance, en tant que leur patron pour leur dire ce que nous voulons, ce que nous n’acceptons pas, ce qui ne va pas. Obligeons-les à changer leur comportement et nos maux se réduiront.
Commençons par comprendre la manière dont ils nous achètent. Ils détournent nos impôts et reviennent nous le distribuer sous forme de dons. Ils prennent le budget de l’état et nous le servent sous formes de bourses diverses, en prenant le soin de les présenter comme des cadeaux. L’arnaque la plus récurrente vient des maires, dans la mesure où, la partie réservée au social, ils font croire aux bénéficiaires que ça sort de leur poche. C’est ce qu’ils appellent subventions aux ASC, assistance aux indigents, bourses scolaires municipales. Le comble de la bêtise vient des ministres qui inaugurent des infrastructures publiques avec la mention « offert par le président de la république ». Que dire des directeurs généraux qui parrainent avec nos millions ? Il est temps que nous soyons conscients que tout ce que nous recevons est un droit et pas des dons. Aucun homme politique ne peut offrir de sa poche les montants astronomiques distribués chaque jour au Sénégal. Voilà les raisons pour lesquels nous sommes devenus leurs obligés. Que nous les défendons quand ils sont poursuivis pour s’être enrichis à nos dépends. Ils ont réussi à faire croire à la masse que c’est nous qui tendons la main. Ce sont eux les mendiants pas nous. Heureusement une bonne partie de la jeunesse africaine connait son véritable pouvoir et ses droits. Il y a espoir.
Hier, MACRON a montré le chemin, en osant désigner publiquement, face à face, en toute subtilité, le coupable des plaintes des étudiants du Burkina et des jeunes africains : c’est leur président. Ne cherchons plus ailleurs, les responsables de notre misère sont des nôtres. Ayons le courage de le leur dire à chaque fois que nous avons la chance de les croiser.
MALICK FAYE (LIKO)
Secrétaire Général Jeunesses Socialistes du Sénégal en Europe
Responsable de la communication Parti Socialiste du Sénégal France