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Les Lions à La Coupe Du Monde : Le Dividende Social

Pour la seconde fois de son histoire, le Sénégal se qualifie à la phase finale de la Coupe du monde (Cdm 2018 Russie).

On assiste alors à des déclamations de toutes sortes, allant de l’objectif sportif qui consiste à réaliser au moins le résultat précédent (quart de finale), aux retombées financières relatives à l’allocation de la Fifa aux qualifiés.

Une manne financière sur laquelle, il n’est point besoin de s’attarder, tant il apparaît évident qu’elle devra être exclusivement destinée au développement du football local, gage de réussite pour les prochaines joutes, tant africaine que mondiale.

Le football local doit être accompagné dans sa perpétuelle quête de niveau afin de produire du spectacle et intéresser le sponsoring national, ce qui lui permettra d’avoir les moyens financiers pour la formation et l’encadrement des acteurs, l’Etat se chargeant des infrastructures ; une prolifération de centres de formation, du même acabit que Diambars et Génération foot devrait se faire.

Sur le plan sportif, tous les analystes se réjouissent de la ‘main heureuse’ au tirage des poules, en relayant l’idée que c’est très jouable pour le Sénégal.

Il faut cependant savoir raison garder, car malgré l’apparente réussite du parcours de qualification, quelques tâches noires subsistent.

Le Sénégal a encore eu la fameuse ‘main heureuse’, quand on se réfère à sa poule lors des qualifications, où l’on ne retrouvait pas des foudres de guerre… Aliou Cissé a bien raison de dire qu’il est ‘béni’…le Sénégal aussi.

Seulement, les bénédictions ne sauraient suffire à réaliser le résultat sportif.

Une Coupe du monde, elle se prépare en quatre ans au moins, au même titre qu’une médaille olympique, aussi le raccourci ne saurait opérer.

A six mois de l’épreuve, il urge de mettre les bouchées doubles pour combler le retard évoqué plus haut, sur les plans administratif et technique.

Les questions de préparation (matchs amicaux avec des pays de la zone géographique de nos futurs adversaires), du choix de l’équipementier, de la logistique en Russie et du sponsoring, sont une priorité pour notre encadrement.

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Notre Equipe nationale regorge indubitablement de talents individuels, mais le fond de jeu est toujours absent.

L’encadrement technique aura fort à faire d’ici l’échéance, s’il veut atteindre l’objectif sportif assigné, en mettant notre sélection dans les conditions optimales de performance.

Le sport, facteur de cohésion sociale

Au-delà de la participation sportive au Mondial, il s’expose à nous Sénégalais, une formidable aubaine, qui tient de la cohésion sociale que porte le sport, le football en l’occurrence, à travers ses valeurs.

Personne ne saurait lui contester son entièreté au niveau de la cohésion sociale, à la différence des confréries ou de la musique qui renvoient à des groupes ; je me plais à souvent exprimer une boutade en disant que le ‘Séné­galais ne se sent Sénégalais…que quand l’Equipe nationale de football joue ou après l’obtention d’une médaille olympique’.

Il est un moment, dans l’histoire des peuples, où l’appel à un consensus fort et dynamique s’impose.

Ce faisant, le caractère identitaire et d’appartenance à une nation autour d’un projet collectif (Cdm 2018) devrait être le socle d’une participation à une nouvelle forme de citoyenneté capacitaire.

Le prétexte nous est donné pour réfléchir ensemble dans la même direction, pour mobiliser toutes les énergies sociales, autour d’une plateforme prospective pour la construction de notre pays.

Occasion est offerte aux politiciens de tous bords, de résoudre leurs différences et différends à travers un dialogue franc empreint de fair-play, dont le soubassement serait l’intérêt exclusif du Sénégal, chose qui a pour avantage de renforcer la paix sociale et consolider l’unité nationale, facteurs inhérents et indispensables à toute volonté de tendre vers le développement.

Toutefois, ce qui motive davantage les sélectionnés est moins le gain financier direct que le fait d’incarner le patriotisme, d’être un motif de fierté nationale, de jouer le rôle de porte-étendard pour la jeunesse.

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Pour autant, cette jeunesse, segment majoritaire de notre population, devrait être mobilisée à travers le sport, porteur de valeurs ; l’école éduquant difficilement de nos jours.

Tous les sports transmettent une multitude de valeurs : la tolérance, le respect, l’honnêteté, l’honneur, le courage, le dépassement de soi, etc.

Les sports collectifs permettent de développer plus particulièrement l’esprit d’équipe, la solidarité, la coopération, tandis que le sport individuel ou ludique pousse à dépasser ses limites, donne goût à la performance… Ce sont des valeurs transmissibles dans la vie de tous les jours.

Le sport, vecteur de socialisation

Le sport participe beaucoup à la socialisation des individus.  En effet, c’est en pratiquant un sport, quel qu’il soit, que l’individu s’imprègne de certaines règles sociales.

Le rôle du sport se caractérise par :

un apprentissage du mode d’agir et de penser

un dépassement des différences

un renforcement des liens avec le groupe social

un sentiment d’appartenance à “une deuxième famille”, attachement à l’équipe

une forme d’expression : intéragir, communiquer, se faire accepter, se faire écouter…

vouloir être avec d’autres, partager avec d’autres, établir un contact avec d’autres, avoir une cohésion de groupe

Le simple fait de se retrouver entre amis pour jouer une partie de football, par exemple, est considéré comme un événement social où des échanges entre personnes ont lieu.

Pratiquer un sport en équipe permet aux individus de partager quelque chose en fonction des classes sociales, du sexe, de l’origine…

Il permet aussi de transformer un individu, qu’il soit jeune ou plus âgé, en citoyen responsable, de lui faire accepter un modèle de comportement vers un objectif de contrôle de lui-même.

La logique sportive veut que si les règles ne sont pas respectées, on encourt une sanction.

C’est aussi comme ça que fonctionne notre société : si on ne respecte pas les lois, c’est la “prison”.

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Formidable moyen de cohésion sociale comme dit plus haut, il est impérieux de faire de notre participation à la Cdm 2018, une occurrence favorable et profitable à notre jeunesse.

L’engouement national devra être capitalisé au niveau social, d’où le dividende social.

Comme tous les pays africains, le Sénégal est confronté à la problématique du chômage.

Les métiers du sport (Coaching sportif, medecins du sport, entraîneurs, directeurs sportifs, agents de joueurs, préparateurs physiques, instructeurs, nutritionnistes, organisateurs d’événements sportifs, responsable marketing, sposoring, journaliste sportif, juriste du sport, manager du sport, e-sport, stadiers, guichetiers) offrent des perspectives aux jeunes quant aux possibilités d’insertion professionnelle.

Les jeunes qui sont en situation de précarité, proches de l’exclusion parce qu’ayant un faible niveau de formation ou pas de formation aux métiers, devront être pris en charge pour désamorcer la bombe sociale captive qu’ils constituent, posture plus que préoccupante.

Les valeurs du sport n’étant pas conjoncturelles, il importe de situer les enjeux de la Cdm 2018, à savoir que c’est un événement de fête et de fraternité, de soutien du vivre-ensemble au point d’en oublier nos différences, nos peurs et nos craintes et nous nous tournons tous derrière notre pays.

La participation de notre pays à la Cdm 2018 revêt une grande importance pour nos gouvernants, nos concitoyens et pour tous les acteurs (pratiquants et supporters) de cette discipline. Elle peut avoir un impact sur l’économie, la vie politique et sociale, dans l’immédiat comme dans le long terme.

A nous de nous mobiliser une bonne fois pour faire face aux enjeux futurs de notre pays, afin que naisse un élan de solidarité et de communion des cœurs dans notre cher pays.

Vive le sport, Vive le Sénégal qui gagne

Ibrahima CISSE

Administrateur de société

Ancien Conseiller Sport/Emploi/Jeunesse et Construction Citoyenne

du Premier Ministre

Ancien Pdt Fédération sénégalaise d’athlétisme

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