Monsieur le président de la République, nous avons suivi avec attention le discours de politique générale de Monsieur le Premier ministre. Cependant, même si certains compatriotes peuvent être amnésiques ou nihilistes, nous ne devrons point déroger à la mission de rappeler à la mémoire de chacun et de tous que conformément à l’attente de plus de 65% des Sénégalais, la grande consécration démocratique que fut pour notre pays l’alternative à l’alternance intervenue le 25 mars 2012 devait se traduire, entre autres objectifs, par consolider les bonnes pratiques politiques et économiques, instaurer un Etat de droit équitable, améliorer les conditions d’existence des populations des contrées ferroviaires en décadence et renforcer la bonne gouvernance locale.Monsieur le président de la République, nous avons suivi avec attention le discours de politique générale de Monsieur le Premier ministre. Cependant, même si certains compatriotes peuvent être amnésiques ou nihilistes, nous ne devrons point déroger à la mission de rappeler à la mémoire de chacun et de tous que conformément à l’attente de plus de 65% des Sénégalais, la grande consécration démocratique que fut pour notre pays l’alternative à l’alternance intervenue le 25 mars 2012 devait se traduire, entre autres objectifs, par consolider les bonnes pratiques politiques et économiques, instaurer un Etat de droit équitable, améliorer les conditions d’existence des populations des contrées ferroviaires en décadence et renforcer la bonne gouvernance locale.Nous avons encore en mémoire les formules d’espoir contenus dans vos discours de rupture qui faisaient que le slogan «Yoonu yokkuté» était perçu partout comme un viatique devant transformer le Sénégal en ce modèle économique dont nous rêvions.Combien d’organisations politiques et/ou de la société civile furent mobilisées ? Combien de Sénégalais étaient touchés par la portée d’un discours de rupture grâce aux divers canaux de communication mis à profit dans le processus de réalisation d’une alternative contre le régime libéral. Le Peuple sénégalais avait marre de ce régime monarchique qui s’est investi douze années durant sur des questions de mise en œuvre de stratégies de développement devant conduire notre pays à jouer sa partition dans le concert des grandes Nations. Hélas, le Peuple dépité s’est résigné, au soir du 25 mars 2012, à sanctionner les manœuvres nébuleuses relatives à la dévolution monarchique et la confiscation des acquis démocratiques au profit d’une nouvelle dynamique de relance des chemins de fer, de réduction de la fracture numérique, de dopage du secteur de l’agro-pastoral, de renouvellement du dispositif de la Senelec et de promotion de la qualification professionnelle pour une jeunesse-cheville ouvrière de la croissance économique. Excellence Monsieur le président de la République, dès lors que les leviers qui conduisent notre pays vers une croissance économique certaine sont en action, ne pensez-vous pas qu’il urge, après un diagnostic approfondi sur les maux qui assaillent les chemins de fer, d’entreprendre des réformes institutionnelles requises et d’appliquer les mesures idoines favorables à la reprise de l’activité ferroviaire ? Pour rappel, la privatisation de la Sncs et sa mise en concession en octobre 2003 ont plongé les chemins de fer et plusieurs localités dépendantes dans une précarisation destructrice. Les populations de certaines localités qui furent de grands centres d’échanges en produits vivriers (Gouyar Sarr, Guewoul, Linguère, Ndangalma, Toky, Gossas, Gagnick, Guinguinéo, Boynguel, etc.) ont vu, avec cette mesure, leur quotidienneté historiquement bouleversée. L’absence de compétences en érection et développement de pôles territoires performants dont les acteurs de la concession ont fait preuve démontre, si besoin est, qu’ils ont occulté le rôle primaire de la gare ferroviaire comme élément structurant de l’urbanisation urbaine et rurale. Nous demeurons hagards devant ce qui s’est produit dans toutes les contrées ferroviaires, avec le démantèlement des chemins de fer au Sénégal : la spoliation du domaine foncier…En réalité, les acteurs de la concession n’avaient pas une connaissance de l’existence du lien fort et établi depuis longtemps, mais imparfaitement compréhensible entre la croissance du volume des transports et la croissance économique.Nous vous convions à opérer une rétrospection sur la période comprise entre 1985 et 1990 où la fréquence et la qualité des trains en mouvement offraient un dispositif confortable de transport de masse, améliorant et accentuant la mobilité quotidienne. Les emplois jadis créés favorisaient le développement de tout type de commerce et de nombreuses autres activités qui participaient à l’essor économique local. Dans le même temps, les conditions de vie étaient améliorées graduellement au-delà de ces localités, aujourd’hui en décadence…Pourtant de 1885, date de création des chemins de fer en cette période de 1985 où, dans la capitale du rail (Thiès) alors forte de 55% de foyers de cheminots, plus d’un millier de personnes travaillaient à la Sncs. Et si l’on ajoute les familles, épouses et enfants de ce personnel cheminot, on imagine aisément qu’un très fort pourcentage de la population vivait directement des chemins de fer. De ce fait, au fil du temps, l’histoire unissant les chemins de fer et la ville a façonné la vie, forgé un état d’esprit, instauré une fibre de solidarité, créé un certain sens des valeurs et marqué la mémoire des habitants de Thiès à l’instar de ceux de Guinguinéo, Tambacounda, Kidira, etc.S’il est vrai que dans la décennie 80-90, les chemins de fer contribuaient efficacement sur le Pnb du Sénégal, comment admettre la mauvaise gestion de ce secteur par les anciens régimes (socialiste et libéral) ? Est-il permissible dans un pays inscrit sur la trajectoire de l’émergence de laisser des villes et villages bastions de l’agriculture, de l’élevage et du commerce décliner, voire dépérir durablement, faute de passages de trains ? Non. Combien de personnes, de familles et de Pme qui subsistaient grâce aux chemins de fer ont suivi dans ce démantèlement désolant ? Des milliers.Combien d’avenirs brisés, de vies perdues, d’investissements humains et financiers sont ensevelis faute de trafic ferroviaire performant ? Nul ne saurait être exact.Monsieur le président de République, force est de constater que le trafic voyageur, non pris en compte dans cette concession, demeure un besoin vital pour les Sénégalais réputés grands voyageurs. Cette mise en concession et le contexte social dans lequel elle s’est opérée ont négativement déstructuré le cadre de vie des populations qui habitent le long des lignes ferroviaires, déçu les usagers adeptes de voyages confortables pour finalement hypothéquer l’émergence d’une économie locale porteuse.L’on conviendra avec vous qu’un tel contexte est en déphasage avec les grandes lignes déclinées dans le récent discours de politique générale, les objectifs de l’Acte 3 de la décentralisation et de l’agenda du Sénégal émergent qui sont déclamés par votre gouvernement. Cette concession nébuleusement orchestrée par des acteurs sans ambition futuriste pour un renouveau ferroviaire n’a engendré que licenciements, destruction de l’expertise et de la mémoire nationale en matière de chemins de fer, sans une prise en compte effective des droits des déflatés et autres travailleurs en activité. Sans risque de nous tromper, nous affirmons énergiquement, Monsieur le président de la République, que les Sénégalais ont fini de méditer sur l’agonie de leur grande société ferroviaire. Idem à l’endroit de ces acteurs avertis qui méditent encore sur le rôle indéniable de fer de lance que les chemins de fer peuvent jouer dans l’atteinte des objectifs du Pse et du Nepad à travers l’autonomisation des populations, la création d’emplois, la préservation de l’environnement, la sécurité du transport de masse, l’émergence de nouveaux pôles d’échanges, l’interconnexion des villes, mais et surtout la promotion du brassage interculturel entre les populations des différentes régions du Sénégal. A l’heure actuelle, au Sénégal, les reprises des trafics sur Kaolack (avec la construction d’une gare de pèlerinage à Médina Baye), sur Saint-Louis avec l’adoption du système de transbordement vers le centre-ville par bus et la requalification de la gare en Musée d’arts contemporains, sur Touba en train-navette de week-end, sans oublier les destinations Tambacounda-Mali, contribueraient à soutenir une économie locale forte au profit des pôles régionaux de développement.Au-delà de l’enjeu économique, le rail dans le monde et particulièrement au Sénégal est devenu aujourd’hui, de l’avis de nombreux experts, un enjeu social et économique. C’est pourquoi nous devons nous rendre à l’évidence et persuader les partenaires au développement et décideurs politiques qu’à l’instar du Train express régional (Ter), une aide accrue aux chemins de fer, même dans une proportion modeste, est bénéfique pour un pays, car il est de plus en plus démontré qu’aucune Nation ne devrait envisager son économie sans le rail, qui représente un moyen de transport sûr et peu coûteux. Dès lors que notre pays s’inscrit dans un nouvel ordre économique et industriel, nous estimons qu’il faille impliquer les grandes compagnies minières et manutentionnaires qui constituent la majorité des clients des chemins de fer en Afrique afin de les engager au développement du transport par rail tout en les soutenant à réduire les coûts… L’innovation du modèle institutionnel (société de patrimoine, agence de régulation du secteur ferroviaire, etc.) et des mécanismes d’exploitation des chemins de fer du Sénégal (opérateurs exploitants) mettra sans nul doute en évidence l’efficience des effets induits grâce à la reprise dynamique des activités agraires, pastorales et commerciales. De nouveaux espaces d’écoulement des productions vont s’ériger pour favoriser le développement d’une économie solidaire au niveau des localités ferroviaires. Ce contexte favorable à l’accroissement des rendements et revenus va générer davantage de la valeur ajoutée pour les producteurs locaux et opérateurs économiques. Avec l’apport du train mixte comme moyen de transport de passagers et marchandises lourdes, sûr et pas cher, le problème de l’exode massif vers les grands centres urbains trouve ici une amorce de solution définitive. Oui, nous avons la ferme conviction que grâce aux conventions de financements qui seront stratégiquement négociées auprès de la France, de l’Espagne, de l’Inde, de la Chine, du Pakistan, du Maroc, des géants du dragon en plus de l’implication des opérateurs économiques locaux et du patronat, l’Etat parviendra à ressusciter les chemins de fer dans les meilleurs délais et à redonner espoir aux populations de ces contrées en décadence.Ce cri du cœur du mouvement Démarche patriotique pour l’avenir des rails et du train au Sénégal (Departs) dont la mission est de promouvoir les départs des trains de toutes les gares du Sénégal espère de Monsieur le président de la République un écho favorable à ce plaidoyer que nous portons en direction d’une nouvelle politique ferroviaire. De sa décision politique pertinente découleront des retombées qui vont redonner un nouveau souffle économique à toutes ces contrées ferroviaires en décadence, permettant ainsi à leurs communautés de retrouver une fierté sociale.Dans l’espoir que notre contribution citoyenne soit prise en considération, veuillez croire, Excellence Monsieur le Président, à nos sentiments de très haute considération.Babacar NDIAYE – SeydouAnimateur en Développement CommunautaireCoordinateur du Mouvement Departs«Démarche Patriotique pour l’Avenir des Rails et du Train au Sénégal» Avenue Aynina Fall-Thiès