La politique, a-t-on coutume de dire, est l’art de gérer la Cité. Aujourd’hui, nous dirions plutôt qu’elle est l’art de gérer l’Etat, la République, la » chose commune « .
De ce point de vue, sa mission est noble. Ceux qui s’en occupent au quotidien sont couramment appelés « hommes politiques » Ils méritent le respect. C’est tout à leur honneur.
La Cité leur doit reconnaissance et gratitude.
Ils sont totalement différents de cette autre catégorie vulgairement appelée « politiciens » qui, au fond, ne « roulent » que pour eux-mêmes et leurs « clans », ne se préoccupent que de leurs intérêts personnels, une catégorie particulièrement égocentrique dont souffrent terriblement nos Pays.
Ils sont manifestement les plus nombreux sous les Tropiques pour diverses raisons dont la moindre reste la dureté de la conjoncture économique qui pousse certains à s’exercer à la « politique politicienne » pour en faire un « gagne pain ».
Or les affaires de la Cité sont autrement plus sérieuses que cela. Elles sont à la fois matérielles, spirituelles, humaines, financières, économiques, militaires, diplomatiques…et politiques. Il s’agirait de les gérer efficacement, équitablement, proprement, avec toutes les vertus requises, voire de les développer et enfin de rendre compte au Peuple au nom duquel et pour lequel on les a gérées, libre à lui d’évaluer si la gestion à été bonne et vertueuse ou si elle s’est avérée mauvaise et gabegique et d’en tirer toutes les leçons appropriées. Cela pourrait être la vocation de l’homme politique. Un citoyen au service de sa collectivité.
» Un univers » plein de pirouettes et de girouettes, que celui des « politiciens ». Où les principaux acteurs se métamorphosent à une allure hallucinante, les mensonges d’hier devenant les vérités de l’instant, et les insupportables ennemis du passé se muant en inséparables amis aujourd’hui. Ils changent de convictions et de positionnements politiques au gré des intérêts personnels du moment. Ceux, vitaux, des populations ne sont évoqués ou pris en compte que dans leurs ténébreux discours ou leurs professions de foi à l’occasion de compétitions électorales dans l’unique dessein de gagner leurs suffrages. Ils sont des démagogues et des populistes « organiques ».
Nos Pays tardent à se développer ou à émerger précisément du fait de ces politiciens-la, égocentriques. Ils sont capables des pires dérives et compromissions pour accéder a des stations élevées du Pouvoir politique ou bien pour s’y maintenir. Quitte à créer l’anarchie dans leurs propres pays. Même au prix fort : par la guerre et le massacre de civils innocents…
Et le Peuple reste passif, amorphe, sans aucune réaction d’envergure pour se faire écouter et entendre. comme hypnotisé ou tétanisé. Cet état d’inertie en fait un complice de facto du sort qui lui est ainsi réservé par les politiciens. Il faudrait fouiller jusque dans leurs subconscients, leurs imaginaires pour déceler les vraies raisons de cet atavisme, de cet immobilisme qui n’est pas cependant une caractéristique de l’africain comme l’histoire de ce continent depuis la haute antiquité jusqu’à l’invasion arabe des VIIe et XIe siècle, le démontre tous les jours.
Farba Senghor
Kaolack