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De Nouveau, Honte à Toi, Sada Ndiaye, Et à Ceux Qui Te Déroulent Le Tapis !

De Nouveau, Honte à Toi, Sada Ndiaye, Et à Ceux Qui Te Déroulent Le Tapis !

Donc, c’est avéré, bien avéré : Sada Ndiaye a encore transhumé, cette fois des prairies bleues desséchées vers les prairies marrons, luxuriantes et abondantes. On se rappelle que, dès le lendemain de la défaite des Socialistes, et surtout ses déboires avec la justice aidant, il avait quitté sans état d’âme le navire socialiste pour rejoindre les tout nouveaux gouvernants.

Elu plus tard député sur la liste de la ‘’Coalition Sopi’’, il prendra la lourde responsabilité de porter une proposition de loi scélérate, dont la cible était exactement celui chez qui il a déposé aujourd’hui ses baluchons, sans vergogne.

Vraiment sans vergogne. Au bord de l’indignation et du dégoût, je faisais alors publier une contribution qui avait pour titre révélateur : « Honte à toi Sada Ndiaye, et aux instigateurs de ta détestable initiative ! ». Et j’introduisais mon texte ainsi : « Nous vivons très mal l’alternance. Nous la vivons péniblement, de plus en plus comme un cauchemar, une énorme désillusion, la pire des calamités. Je n’irai pas cependant, comme certains de mes compatriotes, jusqu’à la regretter. Il fallait bien qu’elle intervînt le 19 mars 2000, même si elle a vite fait d’accoucher d’un monstre, d’une hydre immonde et hideuse, à l’image de la gouvernance à laquelle elle a donné lieu. Même trahie, violée, dévoyée et vidée de tout son sens, elle n’aura pas été totalement négative.

Elle aura au moins quelque chose de positif qu’elle nous aura révélée à nous-mêmes. Nous savons maintenant qui est qui et qui est capable de faire quoi. De sinistres individus se découvrent chaque jour un peu plus, des individus pour qui le sens de l’honneur et de la dignité n’a plus aucune espèce de valeur, devant l’argent et les promotions faciles du président Wade. Nous nous connaissons désormais mieux et savons faire la part entre la bonne graine et l’ivraie politiques / ou religieuses.

De l’ivraie, il y en a de plus en plus avec la nauséabonde gouvernance libérale. Le pays a de plus en plus mal et est au bord du gouffre moral. Il a honte, quand des hommes et des femmes qui, avant le 19 mars 2000, préféraient voir leurs boyaux plutôt que Me Wade, deviennent sans vergogne ses courtisans les plus zélés et rivalisent d’ardeur à accomplir pour lui les plus sales besognes. C’est exactement le cas de Sada Ndiaye aujourd’hui, qui fait sans état d’âme un point de presse pour ‘’justifier’’ sa soit disant proposition de loi visant à réduire la durée du mandat du président de l’Assemblée nationale de cinq ans à un an renouvelable. En réalité, c’est un secret de polichinelle, l’objectif de cette scélérate initiative est d’arriver enfin à débarrasser Macky Sall du perchoir. »

Voilà que, neuf ans après, Sada Ndiaye se rappelle tristement à notre souvenir ! Nous allons lui donner un coup de main, afin que nul n’en ignore sur ce transhumant professionnel. Qui est donc Sada Ndiaye, que le président Wade avait utilisé pour déchoir Macky Sall du perchoir ?

L’homme a occupé, entre autres fonctions, celles de Préfet du Département de Nioro, Directeur général du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (Coud), Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement (Dage) du Ministère de l’Éducation nationale, Directeur général de la Sicap, député à l’Assemblée nationale. On le présentait comme un mauvais gestionnaire, un mauvais gestionnaire audacieux, ce qu’il était effectivement. Il avait eu d’ailleurs maille à partir avec la Justice, même s’il s’en était sorti sans frais, avec la complicité active de la gouvernance libérale.

On se rappelle en particulier que, dans sa gestion catastrophique du Coud, il a été très lourdement épinglé et sévèrement mis en cause par un rapport de la Cour des Comptes. Rendant compte de ce rapport, le quotidien Walfadjri du 10 avril 2002 titre à sa « Une » : « Sada Ndiaye ne se refusait rien au Coud. » Et le journal de préciser que, « parmi les best of du rapport de la Cour des Comptes pour la période 1999-2 000, on fait difficilement mieux que Sada Ndiaye. L’ancien directeur du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (Coud) s’est permis des choses inouïes avec l’argent du Coud ». Á l’intérieur du texte, le journal explique que « la Cour des Comptes note ainsi de nombreuses anomalies dans sa gestion. Indemnité de logement dix fois supérieure à la norme, frais médicaux non justifiés, etc. ». « En clair, poursuivait le journal, Sada Ndiaye vivait comme un nabab ».

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En vérité, le journal n’avait rien inventé. De nombreux autres quotidiens avaient d’ailleurs rendu compte du rapport qui était particulièrement accablant. Entre autres fautes de gestion graves, on pouvait relever dans le rapport que M. Ndiaye avait pris « illégalement en location une villa en dehors du campus pour un montant dix fois supérieur à son indemnité de logement et son installation a coûté 1,4 million de francs Cfa par mois au budget du Coud sous forme de loyer, d’avantages en nature et en numéraire, sans l’approbation du Conseil d’Administration ». M. Sada s’offrait aussi à coût de millions des traitements médicaux à l’étranger. Dans ce cadre, il avait fait main basse sur une aide de 20 millions de francs Cfa pour aller subir – du moins c’était le prétexte – une intervention chirurgicale en Suisse, suite à un accident survenu en dehors du service. La Cour des Comptes affirmait dans son rapport que « les investigations menées ont révélé que l’intervention n’a jamais eu lieu et le directeur qui a refusé de communiquer les pièces justificatives de 15,1 millions de francs Cfa, n’a pas reversé cette somme dans le budget du Coud ».

Le rapport révélait également des dépassements budgétaires de 948 millions pour l’exercice 1998, sans compter de nombreuses autres anomalies dans la gestion de la trésorerie. En particulier, « la revue des journaux de l’Agence comptable a révélé de nombreuses insuffisances, notamment l’usage fréquent du correcteur, des soldes journaliers négatifs, des écritures non chronologiques, des doubles encaissements, ainsi qu’un retard dans l’enregistrement des écritures s’étalant sur plusieurs mois ».

Notre transhumant professionnel n’avait non plus cure des règles de procédures d’achat édictées dans le manuel de procédures. Ainsi, les contrôleurs avaient relevé dans la gestion des achats des anomalies ayant trait notamment à « la régularisation à postériori des pièces justificatives, bons de livraison mal établis, manquements sur les procès-verbaux de réception, recours trop fréquents à la procédure d’urgence ou de fractionnement des commandes ainsi que des surfacturations ». En outre, le rapport de la Cour relevait que « le Coud (entretenait) normalement des relations d’affaires avec des fournisseurs qui (n’étaient) pas en règle avec l’administration et (effectuait) une multitude de commandes de gré à gré ». Sans compter « les cotisations prélevées sur les travailleurs qui (n’étaient) pas reversées aux organismes de sécurité sociale ». On n’oubliera pas, non plus, qu’il travaillait avec de nombreux Groupements d’intérêt économique (Gie) appartenant à des amis et à des cousins.

Ce n’était pas tout. Le Rapport de la Cour des Comptes avait relevé nombres d’autres graves fautes de gestion, dont la présentation allongerait ce texte déjà long. En tout cas, tirant les conséquences de toutes les graves irrégularités constatées, la Cour avait traduit Sada Ndiaye devant la Chambre de discipline financière. Elle avait également entamé contre lui une poursuite pour entrave au contrôle. Suivant les recommandations de la Cour, l’État l’avait traîné devant les juridictions pénales. Pas pour grand-chose malheureusement, on s’en rendra compte. On se rappelle, en effet, que le mauvais gestionnaire avait été entendu, inculpé par le doyen des juges d’instruction du Tribunal régional de Dakar et placé sous mandat de dépôt. Comme c’était souvent le cas avec l’immonde gouvernance libérale, le délinquant sera, sans autre forme de procès, « élargi quelques semaines après comme par enchantement pour retrouver son poste de Directeur de l’Administration générale et de l’Équipement au Ministère de l’Éducation nationale ». C’est ce que notait en tout cas, avec dépit, le même Walfadjri du 10 avril 2002.

Tous les observateurs qui avaient suivi cette rocambolesque aventure étaient groggy et indignés. C’est que, entre-temps, l’homme, qui avait été bien inspiré, et peut-être forcé, avait pris la poudre d’escampette et était allé se réfugier sous le paratonnerre bleu. Nous n’oublions pas que les audits étaient gérés à l’époque, de manière manifestement politicienne par le Ministre d’Etat, Directeur de cabinet du vieux président-politicien. Tous les délinquants présumés et / ou carrément confondus qui avaient accepté de transhumer étaient purement et simplement blanchis. On peut en citer au moins une bonne dizaine, que l’on retrouvait au niveau le plus élevé de l’État et du Pds. Après l’Éducation nationale donc, M. Ndiaye sera nommé Dg de la Sicap, avant d’atterrir à l’Assemblée nationale où il a accepté d’être le bras armé du vieux président, pour arracher à Macky Sall son fauteuil de président de l’Assemblée nationale.

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Pour en savoir plus encore sur Sada Ndiaye, nous rappelons, qu’en plus de s’être révélé un véritable bourreau de deniers publics, il s’était singulièrement signalé, pendant la campagne pour l’élection présidentielle de février 2000, par sa franche hostilité à l’endroit du candidat Wade. Il ne voulait surtout pas en entendre parler. Il en était arrivé, racontait-on, à armer jusqu’aux dents les populations de Nguidjilone, son village natal où il était une sorte de manitou, sa fortune aidant. Il avait carrément interdit au candidat Wade et à son cortège l’accès au village. Il a fallu, à l’époque, toutes sortes de conciliabules pour que des autorités coutumières, religieuses et quelques membres du cortège arrivent à convaincre le candidat Wade de mettre un trait sur Nguidjilone.

C’est ce même Sada Ndiaye qui, à la tête d’une forte délégation, alla s’agenouiller devant le nouveau Chef d’État pour faire piteusement acte d’allégeance et se faire éventuellement pardonner. Une source digne de fois a révélé que le vieux président-politicien a dû couper net son discours long et insipide, pour lui faire remarquer qu’il n’avait vraiment pas besoin de tant parler et qu’il le croyait sincère. « Si aujourd’hui, vous venez en forte délégation pour m’assurer de votre soutien, alors que c’est vous-même qui m’aviez interdit l’accès à votre village il y a seulement quelques mois, je ne peux que vous croire », lui aurait dit ironiquement le vieux président-politicien.

Voilà Sada Ndiaye qui, après tout ce que nous savons désormais sur lui, n’est pas le moins du monde gêné de transhumer vers les prairies du part-Etat, en arguant d’arguments ridicules qui ne convainquent personne ! C’est une honte pour lui, c’en est une autre pour ceux qui vont le recevoir. Notre pays a mal, très mal avec cette détestable transhumance, qui existait certainement du temps des Socialistes, mais qui a été amplifiée plus que de raison par le vieux président-politicien et son digne successeur. Des Sada Ndiaye, nous en avons beaucoup connu. Quelques-uns d’entre eux retiennent notre attention. C’est le cas, notamment, du député et actuel vice-président de l’Assemblée nationale Allé ou Aly Lo.

Il a largement bénéficié des ‘’délices’’ du régime socialiste. Un peu avant les élections législatives du 29 avril 2001, alors que les listes étaient déjà publiées et que la campagne électorale était pratiquement lancée, il transhume sans état d’âme au PDS et trouve une place confortable sur la liste de la ‘’Coalition Sopi’’, au grand dam des responsables du Parti socialiste. Il brandit alors l’argument éculé que c’est son marabout qui lui en a donné le ndigël (la consigne). Il traverse les douze longues années de la gouvernance du vieux président-politicien, et le voilà vice-président dans l’assemblée nationale du président-politicien Jr !

Un autre, Me Abdoulaye Babou a déclaré, au sortir d’une audience avec le vieux président-politicien, qu’il quittait l’AFP pour travailler avec lui. Lui aussi brandira le ndigël de son marabout, peut-être même du petit fils de ce dernier. En tous les cas, en récompense à sa peu glorieuse transhumance, il sera nommé ministre le temps d’une rose : six mois.

Un troisième, qui sera mon dernier exemple, c’est l’ancien ministre libéral Khourëychi Thiam. Invité de l’Emission ‘’Face 2 Face’’ (RFM) du dimanche 6 avril 2014, il donne l’explication-ci, à sa toute nouvelle transhumance : « Da maa toog ak kilifa yu mag ci rééw mi. Ñune ma demal japple Macky. » Traduit en français, cela signifie simplement que de grands notables, de grands chefs religieux lui ont demandé d’aller appuyer Macky Sall. Le même Khourëichy Thiam expliquera, après les résultats des élections locales de 2009, comment il a fait pour mettre en selle un certain Saliou Baldé, en le faisant élire Président du Conseil régional de Tambacounda (M. Thiam était alors ministre). Il n’a même pas hésité à révéler publiquement comment il s’y était pris. Voici comment : « J’ai acheté des voix, j’ai acheté des consciences pour le faire passer, avec le feu vert du président Wade. L’achat de conscience fait partie de la vie politique. La fin justifie les moyens. »

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Voilà le Sénégal ! Voilà ce que nous sommes devenus ! Du moins, ce que nombre d’entre nous sont devenus. La transhumance, qui est de plus en plus tolérée, est détestable. Les arguments derrière lesquels on s’abrite souvent pour la justifier ne tiennent pas la route. C’est exactement le cas des ndigël des chefs religieux. Quand Me Wade et Macky Sall étaient dans l’opposition, aucun chef religieux ne se hasardait à demander à un disciple d’aller travailler avec l’un ou l’autre. D’ailleurs, le talibé ne l’accepterait même pas. Ce n’est que dans le sens du pouvoir que les ndigël sont donnés, et ce sont des ndigël manifestement intéressés.

La détestable transhumance est à bannir de ce pays, s’il le faut avec ceux qui la bénissent, comme notre président-politicien qui, lors de son fameux discours de Kaffrine, disait sans aucune gêne : « La transhumance est un terme péjoratif, qui ne devrait jamais être utilisé en politique parce qu’il est réservé au bétail, qui quitte des prairies moins fournies pour aller vers des prairies plus fournies. (…) Nous avons tous la volonté d’aller et de venir, c’est la Constitution qui nous le garantit. Ensuite, les acteurs politiques ne sont pas nombreux au Sénégal (…). Lorsque vous avez une majorité et que vous voulez la consolider, si vous n’allez pas pêcher dans le camp adverse, comment allez-vous maintenir votre majorité ? L’opposition fait dans la critique, la désinformation et la surenchère pour décourager des pans entiers du pouvoir et les ramener vers elle. Le pouvoir aussi doit tout faire pour récupérer des gens de l’opposition. C’est un jeu tout à fait normal en politique. Il ne faut pas le dramatiser. Depuis longtemps, ces mouvements existent et ce n’est pas aujourd’hui que nous allons l’arrêter. »

C’est un Président de la République qui tient publiquement ces propos. Comment l’opposition peut-elle lui faire confiance pour engager un dialogue avec lui ? S’y ajoute qu’il fait presque l’unanimité aujourd’hui qu’il n’a aucun respect pour la parole donnée ! Sans compter qu’il a divisé le pays en deux entités opposées : d’un côté son parti-Etat, sa famille, ses alliés dociles, certains chefs religieux qui bénéficient de toutes ses attentions (en particulier de l’impunité) et de l’autre, la grande majorité qui constitue un bétail électoral qu’il faut manipuler par tous les moyens, y compris surtout par la corruption active. Nous devons en avoir assez de ce président et des contre-valeurs qu’il incarne.

Nous devons nous lever comme un seul homme, comme une seule femme pour faire face à sa machine électorale infernale. Nous n’y parviendrons sûrement jamais avec une pléthore de candidats et de candidates qui se retrouveront avec des scores éparpillés et dérisoires. L’élection présidentielle n’est pas un jeu d’enfants. Nous devrions y aller ensemble avec tout ce que le pays compte encore d’hommes et de femmes dont les qualités humaines, intellectuelles, morales et citoyennes ne font pas l’ombre d’un doute. Des hommes et des femmes indemnes de toute mal gouvernance, de toute mauvaise gestion. Tout le sens du modeste appel que j’ai lancé par voie de presse le 25 septembre 2017.

 

Mody Niang

Mody NIANG

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