Le Sénégalais est-il un peuple qui se nourrit d’illusions et de fantasmes ? C’est la question qu’inspirent nos comportements dans tous les domaines de la vie sociale. Jamais sevrés d’illusion, les Sénégalais n’aiment pas qu’on les réveille de leur vie onirique. Ainsi dans la religion, dans la politique comme dans le travail, la réalité est abolie pour faire place à l’univers sans contrainte du rêve. Dans un pays où des gens peuvent se vanter d’avoir comme activité « toog mouy dox » (être riche sans jamais rien entreprendre), le travail est une servitude et le civisme une aberration. Dieu fait toujours bien les choses : car si la religion musulmane était née au Sénégal, le génie de notre roublardise l’aurait complétement vidée de sa substance humaniste pour en faire un instrument de damnation des hommes.