Notre planète est soumise depuis de nombreuses années à des perturbations et changements climatiques qui provoquent nombre de catastrophes naturelles, avec leurs lots de pertes en vies humaines, économiques, de désastres sociaux. Dans ce spectacle de désolation, la main de l’homme est fortement trempée de par ses activités pernicieuses à l’environnement.
Pour faire face à cette péjoration climatique aux conséquences dramatiques, en juin 1992, un premier «Sommet de la terre» a été organisé par les Nations unies et tenu à Rio, au terme duquel a été consacré le terme de «Développement durable» devant 170 chefs d’Etat et de gouvernement, avec à la clé un programme d’actions pour le 21ème siècle : l’Agenda 21. Le développement durable est souvent assimilé à une forme de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins.
Au sortir de cette rencontre, la plupart des Etats signataires des accords, dont le Sénégal, s’étaient engagés à inscrire dans leurs politiques de développement national et local la prise en compte de la dimension «durabilité», à travers l’exécution des programmes et projets.
Au fil du temps, qu’en est-il réellement advenu de cet engagement international ? Résiste-t-il aux réalités sociales, économiques et surtout politiques (objet de cette réflexion) ?
Au regard de quelques constats établis depuis 2000, le «Développement durable» est rudement éprouvé dans la mise en œuvre de nombreux projets : routes, équipements de divers ordres, lotissements… En effet, de grands espaces naturels, écosystèmes tels que les Niayes, la bande de filaos, les forêts de Sébikotane et Mbao, des lacs ont été perturbés, leur superficie considérablement diminuée et vouée à une élimination certaine du globe terrestre. Sans occulter, bien évidemment, la faune qui y avait élu domicile.
Pour légaliser ces entreprises et se donner certainement une «bonne conscience environnementale», des études d’impact environnemental et social (Eies) sont, souvent ou systématiquement, élaborées avec au bout la délivrance du quitus environnemental par les services compétents. Une fois ce sésame acquis, le Plan de gestion environnemental et social (Pges), susceptible d’être le support pour la mise en œuvre des mesures d’atténuation des risques environnementaux, est relégué aux calendes grecques et devient ainsi une vieille histoire.
Point de surprise, car c’est rentré dans les mœurs depuis quelques alternances politiques, la hantise ou phobie du bilan pour la réélection est l’élément le plus perceptible en toile de fond de la réalisation de ces «joyaux». Qu’importe le coût social, économique et environnemental, le legs pour les générations futures ! L’essentiel est de les sortir rapidement de terre au cours du mandat électif de 5 ans, en faisant fi des directives d’aménagement des différents plans dédiés en la matière, du corpus législatif très abondant (les différents codes règlementaires), des cris et alertes incessants des populations riveraines, des organisations de défense de l’environnement et des citoyens avertis.
Ainsi, les inaugurations en grande pompe auront bel et bien lieu et les débats avec la ou les parties adverses pourront être aisément menés, ainsi que les campagnes électorales en se targuant de la route, du majestueux bâtiment ou des nombreux lotissements et logements réalisés, sans se soucier de la «durabilité».
Quelle logique de développement animant nos politiques, tous niveaux confondus, depuis des lustres et c’est quasi sûr et certain que ce ne sera pas demain la veille pour rompre avec une telle approche et mentalité du «second mandat» !
Avec cette forme de déroulement des alternances politiques, le développement durable risque encore de rester longtemps au stade de vœu pieux ou un sujet favori de fora locaux et internationaux ou de sujets de recherche, dont vont encore raffoler les consultants, étudiants et autres acteurs de l’académie pour satisfaire leurs objectifs fixés.
Mamadou DIENG
Vision Guediawaye – mdieng14@yahoo.fr