Depuis que j’ai appris la nouvelle de la tuerie de quinze personnes le samedi 6 janvier 2018 dans la forêt de Bofa par des éléments armés, je n‘ai le goût à rien. Le lendemain du drame, j’étais sur mon lit d’hôtel dans le quartier Kalaban Koura à Bamako, les yeux gonflés comme un ballon prêt à exploser. Je ne pus empêcher cette pluie de gouttes transparentes de s’abattre sur mon visage dépité pour évacuer la surdose d’émotion qui m’avait submergé toute la journée. Si j’ai décidé de coucher sur papier mon ressenti, c’est pour trouver auprès de vous quelque consolation et des raisons d’espérer que la Casamance doit, aujourd’hui plus que jamais, avancer à grands pas vers une paix définitive. Mon espoir est d’autant plus grand que je partage mon amertume avec des millions d’entre vous qui, comme moi, avaient le moral en berne à cause du drame de ce samedi qui rappelle un autre d’il y a sept ans, lorsque dix jeunes garçons du village de Diagnon, partis dans la forêt classée de Bissine pour couper des planches de bois, ne rentrèrent plus jamais chez eux. Ils ont été tous exécutés par des éléments armés dans cette forêt qui m’était familière.