Si nous avons décidé de saisir la plume et de partager cette contribution, c’est parce que nous ne sommes pas seulement concernés, en tant de Sénégalais, par cette crise nationale. C’est aussi parce que nous la vivons, au quotidien, au plus profond de notre chair. Lorsqu’en décembre 1982 toute la ville de Ziguinchor fut réveillée au petit matin, d’une nuit pourtant paisible, par le crépitement des mitrailleuses et les intonations des armes lourdes, nous ne pouvions nullement imaginer que nous assistions au démarrage d’un conflit dramatique qui transformerait à jamais notre belle région et notre pays. Nous avons vécu ce moment différemment, certes, mais sûrement avec la même intensité, la même douleur et les mêmes interrogations. Nous étions, l’un jeune écolier innocent de onze ans sortis dans les rues de la ville, à quelques encablures du marché de Boucotte, à l’exact endroit où se tenait le « Garage Alwar » pour voir ce qu’il se passait, et l’autre jeune militaire engagé dans l’armée nationale. Le destin nous a réuni aujourd’hui dans l’action pour notre pays et notre région, portés l’un comme l’autre par notre foi en l’avenir de la Casamance, notre volonté de changer le cours de son histoire et notre détermination à contribuer à sa prospérité dans le cadre d’une Nation Sénégalaise unie et en paix.