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Kumba Danou Naa

Kumba Danou Naa

Il fut une époque où le « sabaar » était le champ où déferlait l’énergie libidinale avec une intensité qui peut laisser coi plus d’un tenant de l’ordre de la morale close, pour reprendre les propos des professeurs Mamadou Ndiaye et Alpha Amadou Sy. Il s’agit de la « théâtralisation » du coït. Dans l’ouvrage « Africanisme et théorie du projet social », ces deux auteurs relèvent qu’à travers la danse du arwatam,

« la danseuse dans sa demande libidinale convoque le mâle pour subir, non sans bonheur, l’effet de sa décharge érotique. C’est le sens que véhicule l’expression mbimi khagne ma tchi, véritable quête du plaisir (…) Ainsi l’agressivité naturelle des pulsions émerge dans l’acte de la danse érigée en véritable sociodrame pour conjurer momentanément le malaise social.» Ce scénario puisait sa légitimité dans l’éclat de la danse où le délire verbal enveloppe la technique corporelle.

Autre époque, autre mœurs. L’univers virtuel se substitue à l’espace du « sabaar ». Le pagne… tombe et cède la place à la minijupe et cette dernière aussi tombe. On ne danse plus au carrefour à la tombée du soleil, désormais l’ambiance feutrée des chambres devient l’espace du jeu libidinal. Le pagne « Kumba » symbole de la pudeur et de la féminité ne cache plus rien.

“Le spectacle tire sa puissance et sa dignité de ne rien être.”  – Eric Vuillard

Dépitée, meurtrie, tels sont mes sentiments à la vue des vidéos partagées sur le site pornographique sénégalais Seneporno.

Combien de vies détruites ?

Combien de carrières réduites à néant ?

Combien de familles dans le désarroi ?

Telles sont les questions que je pose.

Mais celle encore plus lancinante dans ma tête est la suivante : combien de “ soeurs” attendent que le couperet leur tombe dessus ?

“Kumba” s’étiole

“Kumba” s’effrite

“Kumba” n’est plus.

Autre époque, autres mœurs. L’univers virtuel se substitue à l’espace du « sabaar ». Le pagne… tombe et cède la place à la minijupe. Internet est passé par là. De nos jours, les jeunes nymphes ne dansent plus au carrefour à la tombée du soleil. Désormais l’ambiance feutrée des chambres devient l’espace du jeu libidinal.

Sous nos tropiques, le pagne n’est pas seulement un habit, il est le symbole de la féminité et de la pudeur. En suivant l’air du temps, au gré de la modernité, la femme n’a pas simplement abandonné sa couverture mais aussi son intimité.

« Kumba » est tombé et laisse apparaitre les contours du fruit défendu. “Kumba takaatul sër” quelle redondance ! Dans cette aventure en terrain inconnu, « Kumba » est terrassée. Elle tombe dans le piège de Kathior qui, par lâcheté, prend le masque de Kocc le sage aux 4 touffes.

Qui pour l’arrêter ?

 

Galsencitizen

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