L’Etat républicain aurait comme missions d’abord de rapprocher l’Administration des administrés, de la rendre plus accessible pour les usagers des services publiques pour une meilleure prise en charge de leurs besoins, attentes et préoccupations dans le cadre de leurs activités quotidiennes et ensuite de faire de sorte que les citoyens puissent avoir la possibilité de choisir au niveau des terroirs des représentants élus pour délibérer sur des questions d’intérêts locaux en mettant à leur disposition les moyens appropriés pour y faire face et en concevant les mécanismes légaux d’arbitrage et de contrôle des ressources allouées à cet effet.
C’est une exigence démocratique qui a des coûts politiques et économiques que seule une réelle volonté politique des élus ainsi qu’une aspiration profonde des électeurs à une citoyenneté authentique et originale peuvent grandement aider à solder.
Et l’enjeu en vaut la chandelle.
Il y a des moments importants dans la vie d’une collectivité que celle-ci se doit de respecter et de célébrer pour renforcer son unité et sa cohésion afin de mieux se projeter vers son avenir à partir de rampes solides.
Et pour ce faire aucune partie de ses composantes ne devrait être laissée en rade du simple fait de ses appartenances religieuses, politiques, familiales ou autres…
Elle a besoin d’un consensus large autour de ces moments forts, pour en faire un temps de réflexions et de méditations collectives revêtu d’un cachet vraiment populaire, en y associant l’ensemble de la communauté sans exclusive afin de les inscrire de manière indélébile dans la conscience collective pour en faire un levier de développement.
Aussi, note-t-on depuis quelques temps, un certain nombre de communes ont célébré leurs centenaires.
Cent ans d’expériences dans la gestion et l’administration déconcentrées et décentralisées des communautés locales avec quelques échecs certainement mais surement avec beaucoup de succès depuis l’expérience des quatre communes de l’époque coloniale jusqu’à l’Acte III sur la décentralisation initie par le régime actuel.
Une bonne opportunité qui aurait du être saisie pour faire une évaluation d’étape de la communalisation dans nos localités afin de poser concrètement et efficacement des jalons crédibles pour un avenir plus radieux.
Or, nous aurons remarqué que les populations ont boudé ces commémorations. Ou plutôt, elles n’y auraient pas été associées pour bon nombre d’entre elles, n’étant pas du même bord politique que les initiateurs, selon leurs propres justifications à posteriori. Soit ! Mais, tout compte fait, cet argument ne les dédouane pas. Elles auraient dû, elles-mêmes, prendre l’initiative d’organiser, parallèlement aux » structures officielles », des « manifestations offs » en choisissant, elles-mêmes, les contenus qu’elles voudraient bien y mettre et qu’elles auraient jugés plus pertinents.
Il serait donc légitime de s’interroger sur les causes objectives et subjectives des périls qui menacent l’unité nationale et/ ou locale tant les signes révélateurs de réelles difficultés à bâtir des consensus forts sur des questions d’intérêts généraux semblent de plus en plus récurrents. Celles-ci butent fréquemment sur des préoccupations d’ordre égocentrique ou groupusculaire. Deux causes principales seraient à l’origine de cette difficulté à trouver un compromis dynamique transcendant les préoccupations particulières : la religion et la politique politicienne.
La religion, mal comprise et donc mal pratiquée, peut générer des fractures sociales notamment lorsqu’elle est instrumentalisée et utilisée comme moyen de domination et d’exploitation culturelles, politiques ou économiques… « Il n y a pas de contrainte en religion », dit-on généralement.
S’y ajoute la multiplicité des confréries et autres sectes qui au lieu d’être considérée comme une richesse pour les religions, un signe de leurs dynamismes et de leurs vitalités, au contraire, sous le prisme déformant du regard de certains illuminés, se révèle comme une source inépuisable de violences inouïes, signes tragiques de l’ignorance et de l’intolérance.
Il n’est pas rare d’entendre ou de voir dans les médias les échos ou les images de ces guerres meurtrières opposant des fractions rivales se réclamant pourtant d’une même religion ou d’une même confrérie.
Des personnes qui ont tout en commun et qui devraient pouvoir s’entendre s’ils se donnaient la peine, le temps et les moyens de s’écouter et de se comprendre mais qu’une religion incomprise et mal interprétée oppose brutalement.
Ce même processus ou scénario se déroule également sur le champ politique où des politiciens férus de politique politicienne instrumentalisent des populations et, à l’occasion de consultations électorales, les incitent parfois à se livrer à de sanglantes guerres de tendances, pour se faire élire réalisant ainsi leurs ambitions d’assouvir leurs propres intérêts égoïstes ou partisans souvent au détriment de ceux de la collectivité dont ils se soucient peu.
L’ignorance a joué un grand rôle dans la naissance et la consolidation de l’intolérance religieuse et politique. Elle en est le ferment. Cette situation interpelle les leaders et les décideurs. Les pouvoirs publiques, religieux, laïcs, les ONG…y ont un très grand rôle à jouer et un gros défi à relever, notamment dans les domaines de l’Education, de l’instruction, de la culture, de l’information… pour venir à bout de ces fléaux qui sont véritablement en train de coûter très cher au monde.
Farba Senghor
Kaolack