La tuerie de Boffa a exhumé de vieilles lectures du conflit casamançais. Peu importe le massacre lui-même, son caractère propre, ses implications intrinsèques et extrinsèques, l’irruption d’un tel fait de violence suscite une course à l’analyse. Elle voit reverdir d’anciennes grilles d’appréciations qui s’enfouissaient en période d’accalmie. Après l’escalade de violence voici la surenchère des mots et les prophètes post-apocalypses. Schématiquement, et 30 ans après, il s’agit toujours de deux positions : les partisans de la guerre, auréolés de la légitimité de l’Etat à détruire les « malfaiteurs » affiliés au MFDC, et ceux qui dissocient le crime de toute motivation politique, en insistant sur la dimension crapuleuse. Candeur pour candeur, la guerre s’est déplacée dans le champ sémantique. À trop vouloir éclairer, il arrive que l’on éblouisse et floue la vue. Tel est notre drame : un curieux trop-plein et pourtant, un vide.