Youssou Ndour est donc «déçu» de son compagnonnage bientôt septennal avec Son Excédence, qui aura excédé de deux ans le mandat qu’il s’était fixé et nous avait solennellement promis. Au risque, pour Macky, de devoir le payer en 2019 par le désamour électoral de bien de Sénégalais, experts en daas fananal.
Notre auteur-compositeur-interprète planétaire n’est pas homme à avoir des bleus à l’âme, et encore moins à s’épancher sur ses dépits amoureux. Il faut donc en comprendre tout à fait autre chose, de cette «déception» ndouresque. L’enfant de la Médina, self-made-man s’il en est, ne respecte que les rapports de force et a un sens politique aigu, sans lequel il ne serait pas devenu le tycoon milliardaire qu’il est.
Youssou Ndour a donc senti l’odeur du sang de la bête blessée Macky Sall, écharpée par le résultat des Législatives de juillet dernier, qui auront fait de son présidentiel Benno bokk yaakaar une «minorité présidentielle», en lui octroyant un score en dessous de 50%. 49% plus exactement. Ceci, en dépit de l’investissement personnel de son affidé le plus proche, le Premier ministre Boun Abdallah Dionne propulsé en tête de liste, et malgré la descente remarquée sur le terrain de tous les poids lourds du gouvernement, avec à leur tête le ministre de l’Economie et des finances, Amadou Bâ, qui n’auront pas lésiné sur la générosité financière. Pour rester poli, et ne pas parler d’achat de consciences. Avec cela, le camp présidentiel est donc supposé avoir fait le plein de ses voix et votes aux Législatives. D’autant qu’il est connu que tous ceux qui soutiennent l’auguste action du Président en place se déplacent les premiers et en masse pour voter. S’ils ne sont pas convoyés par cars Tata pour le faire. You comprend aussi que les candidats -en-dépit-de-leur-plein-gré que seront le catarrheux Karim Meïssa Wade et l’autre Sall, Khalifa l’édile dakaroise, sont de nature à prendre beaucoup de voix à Macky, au soir du 25 février 2019. Enfin, le pilonnage de Idrissa Seck semble également rencontrer un écho favorable certain dans l’opinion.
Aussi, à rebours des caciques stipendiés de l’Apr qui répètent à l’envi que Macky Sall sera «réélu dès le premier tour, avec 60% des voix», Youssou Madjiguène Ndour qui ne dépend de personne pour boucler ses fins de mois, sait bien que rien n’est moins sûr que cette réélection dans un fauteuil de sénateur. «Réélection au premier tour avec 60% des voix» : le funeste mantra qui a emporté Abdou Diouf en 2000 et Wade en 2012.
Youssou n’aura jamais mis ses œufs dans le même panier, en termes de soutien au président de la République en place. En 1999, alors qu’il avait animé un concert au stade alors de l’Amitié, drapé dans un boubou tricolore aux couleurs du drapeau national à l’occasion de la fête de la jeunesse, il n’en avait pas moins refusé d’appeler à voter Abdou Diouf. Ce que n’avait pas fait l’idole des arènes Mohamed Ndao Tyson, qui se fourvoyât à soulever, quelques mois plus tard, le bras du champion bientôt défait Abdou Diouf.
En 2012, Youssou avait également aussi bien senti que le troisième mandat wadien était celui de trop. Il avait donc pesé de tout son poids pour voler au secours de la victoire contre l’insubmersible High-Laye-Nder Abdoulaye Wade.
Bis repetita avec Macky Sall version 2019 ? Qu’il soit en tout cas entendu que Youssou Ndour ne sera pas dans le camp des perdants et ne se fera pas faire… marron.
Comme César à propos de Brutus, il ne reste à Macky Sall qu’à réviser son latin de cuisine : «You, tu quoque filii ?»
Ousseynou Nar GUEYE
Directeur général de Global Com International
Directeur de la publication et de la rédaction de Tract Quotidien – www.tract.sn
ogueye@gmail.com