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Bouquet De Fleurs à La Sénégalaise : De La Nécessité De Libérer Nos Femmes Et Nos Sœurs D’une Servitude Volontaire

Bouquet De Fleurs à La Sénégalaise  : De La Nécessité De Libérer Nos Femmes Et Nos Sœurs D’une Servitude Volontaire

Nos femmes, nos dames, nos sœurs et tantes croupissent sous le poids d’une course effrénée vers la bénédiction d’Aphrodite, cette déesse de la Beauté et de l’Amour dans la mythologie grecque. Tout pour la beauté, tout pour être beau. La beauté n’a jamais été autant divinisée qu’à notre époque. Ce culte de la beauté est d’autant plus aliénant qu’il est extraverti : les traits de beauté féminine sont désormais la clarté de la peau, la taille fine, la coquetterie effrontée, etc. Tout ce qui faisait la spécificité de la beauté africaine est élagué dans le langage de l’amour et du romantisme. Les canaux esthétiques qui faisaient de la femme sénégalaise un trésor caché ont été entièrement démolis pour être remplacés par des critères extravagants et absurdes.

Dans un pays meurtri par le dénuement et la misère, ce serait intéressant de s’interroger sur le coût de la beauté de la femme sénégalaise moderne. Des crèmes et des laits de beauté dont l’impact sur la santé publique n’a jamais fait l’objet de la plus petite inquisition de la part des autorités politiques inondent le pays. Elles veulent toutes être claires. Qui a dit qu’on ne peut pas être belle si on n’a pas la clarté de peau ? S’il vous plaît, ayez un peu plus de respect pour la nature ! Vous ne pourrez jamais, quel que soit le degré de votre raffinement et de votre culture, vous séparer d’elle. La femme noire ne sait toujours pas que le teint de sa peau est le sceau discret du pacte de concorde entre l’astre du jour et la terre d’Afrique.

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En plus de manquer de respect à la nature, la dépigmentation coûte énormément cher. C’est vrai qu’une femme a le droit de faire de son corps un trésor, c’est vrai que le corps de la femme doit éternellement faire l’objet d’une attention particulière et d’un entretien permanent, mais une femme a-t-elle le droit de réduire son être à un simple objet ? Le mythe de la femme-objet a été adroitement ressuscité par la société de consommation pour doper notre inclination insatiable aux plaisirs mondains. Il faut sauver la femme sénégalaise en lui restituant sa dignité volée, il faut mettre en valeur l’éclatante nuit qui enveloppe son corps de trésors mystérieux et de fidélité à toute épreuve. Le grand mensonge de la société de consommation est de faire croire qu’une femme n’a de valeur que par son corps : c’est une duperie industrielle.

Il faut réinventer la femme africaine, il faut reconquérir la splendeur céleste et pure du teint noir. La révolution culturelle qui doit sauver l’Afrique ne débutera que lorsque la femme en sera le fer de lance. La renaissance africaine, c’est d’abord la rédemption d’une conscience féminine longtemps brisée par une inféodation sournoise à la frivolité, à la trivialité et à la l’inauthenticité. Le mythe de la femme prisonnière d’un handicap naturel est non seulement faux, mais aussi incompatible avec les exigences du développement. Il nous faut certes de belles femmes, mais la beauté du caractère sera toujours plus rentable et plus durable que celle du corps.

Les talents de la femme sénégalaise doivent aussi être orientés vers la créativité, l’entreprenariat et l’investissement dans le long terme. Il faut abolir cette culture qui fait de son corps l’univers clos de la femme : c’est manquer d’ambition que de faire du corps de la femme l’unique champ qu’elle doit cultiver. Il n’y a rien de plus inhibiteur pour la femme que la déification de son corps : l’énergie qu’elles mobilisent et le temps qu’elles investissent, rien que pour se rendre dans leur lieu de travail, constituent une pesanteur. Pendant qu’un homme pense à investir pour fructifier ses revenus, la femme est tenue, avant de penser à investir, à satisfaire d’abord le regard d’autrui par une beauté essentiellement utopique. Il est temps que de pareilles chaînes soient brisées pour que la femme devienne un vecteur de développement tout en restant un trésor de beauté et de vertu.

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Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès

SG du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal

Alassane K. KITANE

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