L’insécurité au Sénégal devient de plus en plus un sujet saisissant, surtout dans le contexte actuel marqué par une série d’actes de violence. Il y a environ deux mois, treize de nos compatriotes étaient sauvagement exécutés en Casamance. Avant-hier encore, la presse faisait état d’un militaire tué et d’un autre blessé pendant des opérations de ratissage et de sécurisation dans cette même partie du pays. En tant que sénégalais, de surcroît, fils de la Casamance, je suis profondément choqué par ces événements d’une rare atrocité. Je saisie l’occasion pour renouveler mes condoléances aux familles, mais aussi pour saluer le professionnalisme et le dévouement de nos forces de sécurité.
Ceci étant dit, si l’on fait une analyse froide, il est inquiétant de constater que l’insécurité est partout dans le pays.
- Il y a une insécurité routière avec des centaines de morts dans les accidents de la circulation routière ou maritime ;
- une insécurité sanitaire avec les nombreuses erreurs médicales, les lenteurs dans les opérations de secours et les faux médicaments qui sont en vente libre ;
- une insécurité alimentaire avec la vente d’aliments périmés, la famine et la malnutrition qui menacent certaines localités du pays ainsi que le manque d’eau ;
- une insécurité liée aux risques élevés d’incendie ;
- une insécurité environnementale liée aux ordures qui jonchent toutes les rues ;
- une insécurité due à la cohabitation des animaux dangereux ou encombrants et les populations dans les grandes villes ;
- une insécurité liée aux agressions et aux enlèvements d’enfants dans la rue ;
- une insécurité dans l’éducation à cause des grèves incessantes et intempestives ;
- une insécurité des biens électriques liée aux coupures, certes rares, mais toujours existantes, d’électricité;
- une insécurité liée à la menace terroriste. J’en profite d’ailleurs pour condamner les attaques barbares perpétrées au Burkina Faso ;
- une insécurité juridique liée à l’absence d’application ou au manque de lisibilité des lois ;
- une insécurité liée à l’absence de fiabilité de beaucoup de personnes.
- Il existe même une insécurité face à certaines personnes qui sont normalement chargées d’assurer notre sécurité. N’assistons pas parfois à des situations où des compatriotes sont houspillés à tort par des forces de l’ordre ? Le dernier exemple en date est la vidéo montrant un policier gifler violemment un citoyen à Ziguinchor.
Pourtant, tout le monde sait que sans sécurité rien n’est possible. Il est vrai que le régime du Président Macky Sall s’emploie à trouver des solutions pour lutter contre ce phénomène. Par exemple, pour pallier l’insécurité routière (pour ne citer que ce secteur), le ministre des transports envisage de mettre en place le permis à point et l’interdiction du transport interurbain entre 22h et 6h du matin. Mais, sans discuter de la pertinence de ces mesures, je pense que nous devons, d’une manière générale, adopter une démarche s’articulant autour de trois axes.
D’une part, faire respecter les lois qui existent, quitte à en clarifier les zones d’ombre ou en combler les lacunes. Car, la réalité est que, malgré ce bazar, il existe une réglementation dans tous les domaines. Je suis sûr que si les dispositions encadrant l’obtention des permis de conduire, le contrôle technique des véhicules, la circulation routière, la vente des aliments (notamment ceux avec une date de péremption), la vente de médicaments, étaient scrupuleusement respectées, notre pays deviendrait beaucoup plus « sûr ».
D’autre part, il faut renforcer les contrôles et appliquer rigoureusement les sanctions prévues par les règles en cas de manquement, car l’insécurité s’explique en grande partie par la négligence et le laxisme. Je pense notamment aux erreurs médicales.
Enfin, il faut non seulement renforcer les moyens et la formation des services de sécurité, mais aussi impliquer les populations par une sensibilisation continue.
Dr Momath Ndiaye
nmomath@gmail.com