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Politiciens Voleurs, Militants Receleurs

Dans notre pays, ceux qui s’engagent en politique dans leur écrasante majorité le font plus pour une transformation qualitative de leur quotidien individuellement parlant que pour servir l’intérêt général. L’exercice du pouvoir est perçu sous le prisme de la sinécure (teranga) à la place du sacerdoce (jayyante).

Connaissant les motivations de ceux qui convoitent leurs suffrages, les citoyens en profitent pour tirer d’eux un maximum de largesses financières et/ou matérielles. Et c’est là que s’établit un rapport clientéliste assimilable à un vrai jeu de dupes.

Surfant sur la vague, ces ‘’opérateurs’’ politiques qui s’enrichissent généralement grâce à leurs positions dans l’appareil d’Etat réinjectent une partie de la cagnotte pour consolider ou conquérir une assise. Cette pratique malsaine est devenue la règle à tel point que ceux qui mettent en avant une éthique basée sur la probité morale et intellectuelle sont tout simplement ignorés par l’électorat.

Pour exister politiquement, il faut être en mesure d’accomplir les ‘’bons procédés’’ vis-à-vis d’une clientèle jouant carte sur table. Ceci fait que lors des scrutins, le quatuor de tête est souvent constitué des plus balèzes d’un point de vue financier. La licéité de leur avoir importe peu, leur savoir compte pour du beurre et leur honnêteté n’est nullement prise en considération. Dès lors, on voit que dans ce pays, voler des deniers publics semble anecdotique pourvu qu’on ait l’intelligence de redistribuer une partie du butin à des militants se positionnant en receleurs.

Un ami ‘’impertinent’’ s’interrogeait sur le fait que les Sénégalais soient capables de s’acharner à mort sur le voleur d’une poule qui ne leur appartient pas tout en étant prêts à prendre la défense d’un politicien ayant volé des milliards qui auraient pu construire des hôpitaux et des écoles ou créer des milliers d’emplois. Le paradoxe de l’homosenegalensis  trouve sa sève nourricière dans son rapport à l’argent et à l’intérêt général. Nous crions sur tous les toits notre volonté de voir la mise en branle d’un processus transformationnel de notre cher pays mais en misant sur des hommes secrétés par le système que nous honnissons. Tant que la pratique politique restera en l’état, il nous sera impossible de compter sur un leadership intègre à même de changer la donne.

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Il faut être naïf pour croire que la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite peut être une priorité pour nos gouvernants pour la bonne et simple raison qu’ils doivent dans une très grande majorité leur ascension sociale et politique à ces maux que nous leur demandons de combattre.

Et nombreux sont ceux  qui déplorent une manipulation de notre justice quand il s’agit de mettre en œuvre une reddition des comptes. Seulement, il faut reconnaitre que le ver est dans le fruit car le fait de laisser légalement et exclusivement à un Président de la République, chef d’un parti politique le soin de juger de l’opportunité de donner une suite judiciaire à un dossier après que les corps de contrôle assermentés de l’Etat ont fini de faire leur travail constitue une incongruité et un frein à la transparence.

D’ailleurs, tout le mal de notre système politique réside dans les pouvoirs quasi divins dévolus à un Président de la République sans sérieux contre pouvoirs.

Pour passer d’une démocratie électorale à une gouvernance démocratique, il nous faudra un rééquilibrage institutionnel non basé sur des micmacs cosmétiques mais sur une efficience cohérente. Les élites politiques occidentales ne sont pas plus vertueuses que les nôtres mais elles ont en face d’elles des garde-fous assez solides pour leur faire payer leurs éventuels dérives et manquements sans compromis ou compromission.

Il faudra un formatage de notre système politique actuel et l’installation d’un logiciel éthique pointu au service d’un utilisateur citoyen bien formé pour en faire un usage pour l’intérêt général. C’est l’unique voie de salut si nous ne voulons pas nous contenter d’un éternel recommencement qui consistera à déshabiller Samba pour habiller Bathie.

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Sortons des carcans circonstanciels et événementiels pour apporter les vraies réponses aux bonnes questions.

Pour une primauté de l’intérêt de la patrie sur celui du parti et de ses affidés.

 

Sarakhe NDIAYE

Libre citoyen

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