Nous en sommes à un moment critique de notre histoire, où la situation politique nous interpelle tous. Le malheur est que la plupart des hommes qui doivent exercer le pouvoir (compétents et craignant Dieu) ne veulent pas s’engager sur le terrain glissant et tordu de la politique. Par conséquent, nous sommes souvent dirigés par des gens à la compétence douteuse, parfois sans probité ni éthique. Voilà la cause de tous les déboires que connait le peuple. C’est la raison pour laquelle la politique est devenue «un mal nécessaire» parce qu’en réalité, le Sénégal ne sera pas conduit vers les ténèbres par ceux qui s’adonnent à la mal gouvernance, mais par ceux-là qui se disent apolitiques. Et selon Gustave Le Bon, «l’un des préjudices d’avoir refusé de prendre part à la vie politique, est que vous finissez par être gouverné par vos subordonnés», subordonnés à tout point de vue : diplômes, grade, compétences, et j’en passe.
C’est ce que semble comprendre le compatriote et ex-inspecteur des impôts et domaines Monsieur Ousmane Sonko, qui a fini d’investir le champ politique et d’apparaitre comme un sérieux candidat à la présidentielle prochaine. Le leader du Pastef rassure tant dans son parcours que son leadership. C’est pourquoi, Il pourrait être un vrai messie pour le peuple sénégalais. Monsieur Sonko se présente comme l’un des rares leaders dans l’échiquier politique qui ne fait pas partie de cette classe ayant participé à presque tous les gouvernements que le pays a connus. Ces politiques qui ont gouté à toutes les «prairies», marronnes comme vertes en passant par celles bleues.
A cela s’ajoutent sa maitrise des vraies questions de l’heure, ainsi que son esprit de sacrifice qui lui a valu sa radiation de la fonction publique, pour avoir dénoncé des faits peu catholiques. Bref, Ousmane Sonko pourrait à l’image de Soundiata du Manding, être le sauveur du Sénégal qui nous mènera définitivement vers la paix et la vraie prospérité (où il n’y aura pas des citoyens qui soient «égaux que les autres)».
Nous voyons en l’homme un «serviteur» imbu de valeurs sociales et religieuses. Nous avons envie de croire que c’est lui qui rendra les «balances de la justice égales pour tous.» Nous avons espoir qu’il saura rendre à l’éducation publique ce que cette dernière a fait de lui. Enfin nous avons le droit de penser que l’inspecteur aura le courage, à l’image d’un Thomas Sankara, de tenir tête à tout lobby intérieur comme extérieur, de faire face à toute pression d’où qu’elle puisse venir, dans le but de toujours préserver l’intérêt supérieur de la nation.
Ceci dit, nous avons des craintes et des plus légitimes. Nous le peuple avons longtemps été crédules. Nous avions vu en maitre Wade un Nelson Mandela bis. Pour rappel, lors de sa réélection en 2007, après un bilan assez élogieux, quoiqu’imparfait, Monsieur Wade avait laissé entendre qu’il ne serait pas candidat en 2012 parce que la constitution ne lui permettrait pas. Malheureusement son reniement a eu pour conséquences des violences pré-électorales avec morts d’hommes.
Avec le Président Sall, (même s’il n’est pas le pire dirigeant que le Sénégal ait connu) nous sommes restés sur notre faim (par euphémisme). Pourtant, comme Monsieur Sonko, nous croyions en lui, nous attendions de lui une «gouvernance sobre et vertueuse». Monsieur Sall nous était présenté comme un «Saint». Nous pensions qu’il était la meilleure chose qui puisse arriver au Sénégal. Mais hélas, nous avons très top regretté.
C’est le lieu de souligner en tant qu’enseignant (heureux de l’être), que là où le Président Sall a le plus ruiné mes espérances, c’est au niveau de l’éducation bien sûr. Et ce qui fait le plus mal c’est l’indifférence ou à la limite, le mépris qu’il semble nourrir envers les enseignants qui ne demandent que leur dû, qui ne revendiquent que pour plus d’équité (comme promis) dans le traitement de tous les citoyens de surcroit agents du même Etat.
Ces expériences regrettables avec des hommes politiques, qui avaient fini de conquérir nos cœurs, mais qui ont été piqués par je ne sais quels virus, nous poussent à prendre un peu de recul par rapport à tout autre politicien, qui qu’il soit.
C’est ainsi que dans sa course vers la magistrature suprême, le plus grand défi de Monsieur Sonko sera de convaincre les Sénégalaises et les Sénégalais que :
les promesses engagent plus ceux qui les font que ceux qui y croient,
le jugement d’un seul ou de certains politiciens ne fait pas la loi de tous les autres,
l’on peut faire la politique sans manipulation ni corruption, sans mensonges ni calomnies, sans invectives ni violences. En un mot, que «les politiciens ne sont pas tous pareils».
A la vérité, le wolof a bien raison de dire que «jikko wutkat du jikko». C’est peut-être ce qui explique le fait que nos hommes politiques changent comme pas possible une fois qu’ils ont ce qu’ils convoitent, à savoir le pouvoir. Cela nous fait penser à Michelle Obama, qui lors d’un discours sur la politique de son mari, disait que «being president does not change who you are, it reveals who you are». En français, être Président ne change pas qui l’on est mais ça révèle qui l’on est vraiment.
Monsieur Sonko Président restera-t-il le même ? Avec lui, locataire du Palais, nommant aux emplois civils et militaires, définissant la politique de la nation, chef suprême des armées, allons-nous assister à une vraie rupture dans la manière de gérer le pays ? Avec le «Président Sonko», la politique au Sénégal passera-t-elle de «pure technique de manipulation» à manière de bien servir la cité pour que suive une révolution sociale et économique ?
Nous donnons notre langue au chat. Let’s wait and see! Ce que nous savons par contre, c’est que le chemin qui mène au palais est long (26 ans d’opposition pour Wade avant d’y accéder) et parsemé d’embûches, mais l’espoir est encore permis.
Vive un Sénégal de paix et prospère !
Saliou YATTE
Professeur d’Anglais au Lycée de Dodel
Dodel, Podor.
yatmasalih@gmail.com