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Lettre à Mame Mbaye Niang

Lettre à Mame Mbaye Niang

 

Monsieur le Ministre, j’avoue que c’est avec difficulté et une grande peine que je vous interpelle par ce titre que vous ne méritez pas mais que vous avez acquis par la grâce de l’épouse de ‘’l’homme aux promesses mutilées et aux engagements évaporés’’ ainsi que par votre capacité et votre extraordinaire ingéniosité à verser dans le larbinisme, à faire des courbettes et à effectuer toutes les formes de reptations possibles et imaginables.

Je me demande au nom de quelle légitimité et de quel droit vous vous permettez de tenir des propos comminatoires à l’endroit du Peuple sénégalais. Je me demande en quelle qualité et au nom de quelles responsabilités gouvernementales vous vous donnez le droit de croire un seul instant qu’il suffit de lever le petit doigt pour que les forces de défense et de sécurité s’abattent férocement sur les populations.

Monsieur le ministre, sachez qu’en quittant le palais de la république, les Présidents Abdou DIOUF et Abdoulaye WADE disposaient de l’armée, de la gendarmerie, de la police et de l’ensemble du commandement territorial. Ils avaient en plus de cela la mainmise sur tout l’argent du pays. Vous semblez perdre de vue que les militaires, les gendarmes, les policiers, les douaniers ainsi que les autres corps paramilitaires sont issus du peuple souverain.

Qui sont-ils ? Ce sont les enfants du pauvre charretier qui trime à longueur de journée pour collecter 3000 Frs au risque de maltraiter le malheureux cheval qui, pourtant, est votre symbole et emblème et qui a droit à un bon traitement. Ce sont les enfants de ce maçon aux mains rugueuses qui prend tous les risques pour s’installer sur un échafaudage instable qui peut lui être fatal, pourvu seulement qu’il ait 2500 Frs à la fin de la journée pour nourrir sa famille. Ce sont les enfants de ce brave paysan qui, sous les rayons incandescents du soleil au zénith, laboure la terre hostile en guidant péniblement une charrue tirée par deux faméliques bœufs. Vous semblez oublier que militaires, gendarmes, policiers, douaniers et autres paramilitaires résident à Grand-Dakar, aux Parcelles assainies, à Guédiawaye, à Boustan, à Grand Thiès, à Kandé, etc.

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Monsieur le ministre, qu’avez-vous fait pour être mieux traité que ce soldat de deuxième classe toujours enfoui dans un bunker dans la forêt casamançaise et qui, à tout moment, peut sauter sur une mine dans le cadre d’une patrouille de sécurisation ?

Monsieur le ministre, qu’avez-vous fait pour être mieux traité que ce brave gendarme tué froidement et gratuitement alors qu’il était en mission onusienne au nom du drapeau national ?

Monsieur le ministre, qu’avez-vous fait pour bénéficier des faveurs qui vous sont accordées et des privilèges indûment acquis, alors que le pauvre policier non moins élément de la brigade de recherche arpente nuit et jour les ruelles et les venelles de la banlieue avec le risque de se faire poignarder par un malfaiteur drogué ?

Monsieur le ministre, qu’avez-vous fait pour être mieux traité que ce valeureux douanier, courageux soldat de l’économie sauvagement et lâchement abattu au cours d’une embuscade tendue par des contrebandiers impavides ?

Monsieur le minable et pitoyable ministre, votre seul mérite, c’est d’être un garçon de course et un factotum préposé aux basses besognes de la Première dame. Vous faites honte à toute la jeunesse sénégalaise qui, malheureusement, ne pourra trouver en vous un parangon d’humilité, de probité, de bonne moralité, de foi en soi, d’efficacité, de dignité, de fierté d’amour propre et de respect envers ses concitoyens.

Monsieur le ministre, vous êtes le genre d’individus lâches, hypocrites, sournois, de la race de ces poltrons, conards et vaniteux dont un Président de la République doit se méfier. Et je puis dire, parce qu’en étant sûr, que vous serez parmi les premiers à le renier, à le quitter, à le fuir, à le lâcher dès qu’il perdra le pouvoir. Un vrai prototype du minus habens.

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On peut vous concéder le droit de vouloir préserver vos intérêts égoïstes et vos privilèges mal acquis, mais vous n’avez nullement à le faire en insultant, en menaçant le Peuple. Sachez qu’à votre violence, le Peuple opposera sa résistance héroïque.

Votre grande et profonde ignorance ainsi que votre manque manifeste de culture générale, notamment de l’histoire de l’humanité, ne vous permettent pas de comprendre que les peuples ont toujours eu raison de leurs tyrans et dictateurs. C’est une vérité sociologique et universelle que vous apprendrez à vos dépens.

La date du 19 avril ne constituera pas un terminus pour la marche de notre république. Avec votre majorité mécanique, il vous sera certainement possible de faire voter les lois portant révision des règles du jeu de la future élection présidentielle. Seulement il faudra comprendre que la date du 19 avril sera historique en ce qu’elle marquera le début d’une lutte opiniâtre et sans répit qui aboutira inéluctablement à la victoire du peuple au soir du 24 février 2019.

Le Pouvoir au peuple, la servitude aux dirigeants

Dakar le 16 Avril 2018

Boubacar SADIO

Commissaire divisionnaire de police de classe exceptionnelle à la retraite

 

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