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Lettre Au PrÉsident De La RÉpublique

Il est des moments d’union, de passion, et de détermination qui lient les hommes au-delà de leurs différences et leurs intérêts personnels. Durant ces moments, une sensation unique devient commune à tous, une impression se mue en perception et devient concrétisation. Et au fond de chaque cœur s’exprime une prière pure et sincère pour la consécration du projet partagé, car le projet en lui-même ou l’action entreprise n’est plus celui de l’autre ou de soi ou de tous, mais celui d’une fin plus grande dont l’étendue n’est connu que de Dieu lui-même, et dont les acteurs ne sont rien d’autre que ceux à travers lesquels Il rend sa volonté possible.

Il est des moments, qui, lorsqu’ils sont vécus, laissent à l’esprit le souvenir indélébile d’une paix et d’une satisfaction infinie. Et seulement alors, le cœur et l’esprit se retrouvent car le premier ressent ce que le dernier sait et le dernier comprend le pourquoi de ce que le premier ressent. Dès lors, il ne reste qu’à rendre grâce et à prier pour assister mais surtout, pour participer de nouveau à l’édification de pareils moments bénis.

Lors de ces moments, les gens se surprennent, ils changent, ils grandissent, ils évoluent, ils deviennent les artisans de quelque chose qui va au-delà d’eux et qui transcende leur intérêt personnel, leur agenda politique ou leurs peurs viscérales de perdre. Ils sont mus par une volonté de servir que seul le goût du travail vrai, sincère et pur insuffle à l’esprit, qui, à son tour l’irradie dans le corps comme mille chocs électriques. C’est pourquoi ces individus n’ont pas le temps de s’acharner sur des pseudos projets de loi, ils n’ont pas le temps d’énumérer des chiffres à tout va pour convaincre leurs alliés occidentaux d’une prétendue émergence qui n’existe que dans leur tour d’ivoire lorsque le peuple, fatigué et las des mêmes vacarmes se traîne à bout de force.

Ces individus ne ressentent ni suffisance, ni arrogance, et l’élégance et la décence d’esprit sont si présent en eux, qu’elles deviennent une partie de leur âme si bien que peu importe les situations, ou les complications, la seule réalité pour laquelle ils se battent, la seule flamme qu’ils ne cessent d’entretenir, le seul espoir qu’ils nourrissent, la seule prière qu’ils murmurent auprès du vent pour que ce dernier l’emporte jusqu’aux cieux … La seule vérité qu’ils connaissent est « servir et non se servir ».

Dès lors qu’on atteint ce stade, chaque œuvre entreprise est accomplie avec amour, la Politique elle-même devient « un généreux geste d’amour » comme le dit si bien Youssou Ndiaye dans Politisez-vous et l’amour devient musique, et la musique guide, entraîne, éclaire, illumine, sublime … La musique dirige les hommes mieux que n’importe quelle autorité car là où cette dernière force corrompt l’esprit, la musique elle, séduit le cœur et seulement à cet instant naissent les plus belles chorégraphies.

Vous avez failli monsieur le Président avec tout le respect que je dois à l’institution que vous incarnez, à donner vie à ces divines chorégraphies. Dans un pays où régnaient déjà en maîtres, corruption, subterfuges et manipulations, vous avez failli en tant que maestro à agir avec élégance et à donner le tempo à votre orchestre. Votre orchestre, depuis son investiture n’a fait que plonger ce pays dans la cacophonie. Bruit. Bruit. Bruit. C’est tout ce que nous entendons. Ce projet de parrainage n’est pas différent de la mascarade avec laquelle vos danseurs ont géré la traque des biens mal acquis, les élections locales, le référendum, les législatives et j’en passe. Évidemment, tout ne peut être parfait, sinon pourquoi nous battrions nous ? Quel serait le sens de nos succès si nous ne comprenions pas la valeur de l’échec ?

Quel serait le sens de notre expérience n’eussent été nos erreurs ? Mais nous vous avons laissé du temps, cher maestro. Nous vous avons laissé du temps pour rectifier vos erreurs et agir avec générosité et élégance envers ce peuple à qui vous aviez promis que vous seriez « le président de tous les sénégalais » et à qui vous aviez promis une chorégraphie qui battrait au rythme de la « bonne gouvernance », de la « patrie avant le parti ». Voilà maintenant plus de six ans que nous vous avons laissé enchaîner, violence sur violence, trahison sur trahison, arrestation sur arrestation, interdit sur interdit et quelque part, nous continuons quand même à espérer que vous redevenir un guide pour tout le peuple sénégalais, que vous ne sauriez faire moins que ce prédécesseur qui avait autorisé la manifestation historique du 23 juin 2011, à laquelle vous-même, aviez pris part.

Mais n’avez-vous donc pas compris ? Le sens et toute l’importance d’un grand maestro n’est pas de dicter sa loi ou de se penser roi. Ce dernier connaît ses troupes, il connaît ses hommes, mais plus important encore, il n’a d’objectif que la réalisation de sa chorégraphie, il n’a de but que l’accomplissement de la tâche qui lui est confiée : « Servir et non se servir ». Le travail est à la fois sa fin et son unique moyen, pas la duperie ou le vol déguisé parce qu’il a compris que vu que seule la réussite émane du travail, il ne peut construire son ascension qu’avec lui. Dieu accompagne de tels maestros dans leurs quêtes et leurs actions car Dieu veille sur ceux qui travaillent, ceux-là sont les artisans de Sa gloire et de Sa grandeur.

Vous aviez toutes les cartes en main pour travailler dur de sorte à inspirer vos danseurs à en faire de même. Vous auriez pu leur montrer la voie mais surtout leur insuffler une profonde aspiration envers tout ce qui est juste, vrai, sincère et pur. Ils auraient été à ce titre le reflet de votre excellence. Et les gens en vous regardant et en vous écoutant n’auraient fait que vous aimez d’avantage. Un autre ticket ? Vous l’auriez eu non seulement sans problèmes ni inquiétudes car il vous faut être vraiment très inquiet pour agiter le pays de la manière dont vous le faites, mais vous l’auriez eu avec grâce maestro, avec grâce et élégance. Mais en lieu et place d’être reconnu comme l’auteur des plus belles symphonies, l’histoire retiendra que vous avez été l’instigateur des pires cacophonies du Sénégal.

Aussi il est important pour tous ceux qui vous observent dans cette voie de la décadence, bien que vous pensiez à tort être au sommet de votre toute puissance, de prendre note et d’en tirer les enseignements. Il est important de voir comment le temps qui n’est pas destiné à travailler et à servir, peut se révéler utile aux complots, aux propos sans fondements et aux futiles et vaines actions pour nourrir de plus grandes ambitions et de plus nobles aspirations que celles de ne jamais grandir, de ne jamais s’élever.

Il est important de voir la laideur pour saisir la valeur de la beauté car l’une et l’autre n’existent en réalité aucunement : seule existe l’action qui les façonne, le vœu qui leur donne forme, la prière qui les purifie ou les maudit, le travail qui soit leur donne vie soit les détruit. « Rien n’est vrai, rien n’est faux. Tout est songes et mensonges » disait Lamartine, mais en vérité « rien n’est vrai, rien n’est faux » tout retourne à l’éternité. Et seuls ceux qui ont conscience de cette vérité œuvrent pour la vérité, seuls ceux qui ont conscience de cette vérité construisent leur réalité par cette vérité.

Seuls de tels hommes sont aptes à diriger, seuls de tels hommes peuvent mener des projets et guider d’autres hommes, car ne peuvent être justes ceux qui sont ignorants et ne peuvent être grands ceux qui ne travaillent pas. Puisse donc Dieu continuer de couvrir de Sa lumière ceux qui y tendent, et insuffler l’aspiration à ceux qui en manquent. Concernant ceux-là qui n’y tendent pas, et qui de surcroît se targuent d’une puissance infinie et au nom de cette dernière engendrent en lieu et place de la musique un océan de vacarmes, qu’ils gardent présent à l’esprit que Dieu est seul maître de l’océan, que Son vacarme n’a nul besoin de paroles, que Sa puissance seule vaut la peine d’être nommée et que Son regard, même voilé, n’est que lumière.

Et quelle étrange merveille que la lumière, si douce lorsqu’elle nous couvre, mais tellement violente lorsqu’elle nous aveugle. Puisse Dieu tous nous en préserver y compris vous, maestro, car il n’est de chute plus brutale que celles qu’on pense impossibles.

Avec beaucoup de tristesse devant les événements que vivent notre pays.

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