En politique, nous faisons souvent référence à la démocratie, beaucoup en parlent en lui donnant toutes les significations quand ce n’est pas n’importe laquelle. Aussi serait-il important de la définir proprement, avant de pousser plus loin notre réflexion.
la Démocratie ?
Etymologiquement le terme est formé de 2 (deux) mots grecs, à savoir « démos » signifiant le peuple et « Kratos » pour dire pouvoir, autorité.
La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de souveraineté) sans qu’il y ait des distinctions liées à la naissance, la richesse, la compétence… (Principe d’égalité). En règle générale, les démocraties sont indirectes ou représentatives, le pouvoir s’exerçant par l’intermédiaire de représentants désignés lors d’élections à suffrage universel.
Les autres principes et fondements de la démocratie sont :
- La liberté des individus,
- La règle de la majorité,
- L’existence d’une constitution,
- La séparation des pouvoirs (au nombre de trois, ici au Sénégal, le législatif, l’exécutif et le judiciaire),
- La consultation régulière du peuple par le moyen d’une élection ou d’un référendum,
- La pluralité des partis politiques,
- L’indépendance de la justice.
Nous constatons que lorsque tous les principes sont réunis et que la nation a choisi ses représentants pour les différentes assemblées ou instances ainsi que le Président de la République, le problème de la liberté des individus se pose constamment avec acuité du fait des interprétations différentes qu’en font surtout les hommes politiques selon ce qui les arrange le plus, suivant les circonstances du moment, peu importe l’intérêt général, celui de la nation.
La politique, ou le jeu qui en découle et qui la fait vivre d’ailleurs, est faite de calculs tant froids qu’égoïstes, de passions, de querelles, de théâtralisation, de conflits, de crises, de telle sorte que les populations, à l’image d’élèves peu attirés par une matière, subissent le cours de l’enseignant sans aucune conviction de trouver un jour sa nécessité, son opportunité dans leur vie courante. Elles sont opprimées inconsciemment par ceux qui viennent demander leur voix, leur arbitrage, leur suffrage.
Pis encore, ces populations demeurent prises en otage, de manière permanente, par des citoyens qui ont fait de la politique leur métier, sous prétexte de participer à la gestion de la cité, ou d’œuvrer à la parfaire.
La liberté, telle qu’elle est définie par la plupart d’entre nous, est l’état d’une personne ou d’un peuple qui ne subit pas de contraintes, de soumissions, de servitudes, exercées par un autre être, par un pouvoir tyrannique ou par une puissance étrangère.
Il est vrai que c’est l’état aussi d’une personne qui n’est assujettie à aucune restriction liée à l’emprisonnement ou à la dépendance de quelqu’un ou quelque chose.
Nous allons surtout retenir la définition positive de la liberté qui l’assimile beaucoup plus à de l’autonomie et de la spontanéité d’une personne dotée de raison de pouvoir agir quand elle en sent le besoin. La liberté est la possibilité de pouvoir accomplir un acte selon sa propre volonté, que ce soit dans le cadre d’un système politique ou social, à la condition de ne pas porter atteinte aux droits des autres membres de la société et à la sécurité publique. N’est-ce pas pour cette raison fondamentale qu’il est dit qu’elle s’arrête là où commence celle des autres ?
Le respect strict des lois et règlements, renforcé par celui dû à l’environnement social, c’est-à-dire envers ses prochains, ses concitoyens, des institutions, les recommandations de la morale, de l’éthique, des exigences de l’équilibre vital, doit demeurer, de manière constante, dans l’esprit de tout un chacun d’entre nous avant chaque acte à poser, surtout lorsqu’il revêt un caractère public aux conséquences incommensurables.
Nous devons nous en soucier en nous posant la question de l’impact positif et négatif que pourrait avoir l’exercice d’un droit sur les autres ou face à eux. Le plus important dans la vie en communauté, réside dans notre capacité, notre aptitude à dépasser nos propres personnes, l’égo de chacun d’entre nous pour l’intérêt exclusif du plus grand nombre, dans une république ceci ne peut et doit être que celui de la nation quelle que soit la force politique, sociale, financière dont nous pensons disposer.
La Constitution s’imposant à tous, même au Président de la République, bien que Gardien de celle-ci, ayant juré « Devant Dieu et la nation d’observer et de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois », par conséquent de la respecter ainsi que de la faire respecter en toutes circonstances, à tout moment, parfois même à son corps défendant, à n’importe quel prix parce que la loi est aveugle, impersonnelle, très souvent dure (« dura lex sed lex ») mais à ce moment précis, il agit en tant qu’institution pas en tant que personne. Seul l’intérêt général saurait et devrait primer sachant que rien ne le garantit mieux que l’équité, l’absence de discrimination, la priorité faite à la paix sociale par-dessus tout.
Les lois sont votées par les parlementaires. Elles émanent donc des représentants du peuple, de la nation (par des propositions de loi) et des gouvernants (au moyen de projets de loi), par conséquent, il leur sied d’être les premiers à les respecter car il est impensable d’être géniteurs d’une règle qui s’applique à tous et agir de manière flagrante, inélégante à s’y soustraire comme il est inadmissible aussi de bénéficier de la jouissance des avantages octroyés par celle-ci pour ensuite la fouler à ses pieds.
Le rôle fondamental des parlementaires est de représenter le peuple dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, du Parlement, de réfléchir à l’opportunité, à la pertinence ou non d’une loi, au moyen de la faire abroger lorsqu’elle est mauvaise, inadaptée, dépassée, désuète, source de conflits interminables, de bavures, d’erreurs, l’améliorer parce que jugée source d’équivoques, la parfaire quand la majeure partie le pense à juste titre, la renforcer quand elle est bonne.
Le Sénégal est une démocratie incontestable à parfaire, une nation jeune où tout est à consolider parce qu’évoluant au rythme des autres ayant acquis leurs libertés démocratiques depuis des siècles, nous avons un peuple avide de liberté, passionné en tout ce qu’il fait, par conséquent, seules la concertation, la concession, la préoccupation liée à l’intérêt national, la défense de la sécurité publique, la garantie de l’expression plurielle des convictions politiques, religieuses, syndicales dans le respect des institutions, de la Constitution, des lois et règlements pourraient garantir un environnement apaisé pour les populations, les investisseurs, l’économie nationale.
Les organisations non gouvernementales, les autres composantes de la société civile, en restant à équidistance des forces au pouvoir et à celles de l’opposition, joueraient un rôle salvateur, de réconciliateur, de facilitateur, au besoin même, rien ne les empêcherait de faire appel aux régulateurs sociaux traditionnels que sont les grands chefs religieux, à condition que la vérité, rien que la vérité soit portée à leurs oreilles pour l’intérêt général.
La force, la violence, la rébellion, la révolte, l’arrogance, l’anarchie ne sauraient assurer une paix durable par contre le consensus issu d’une concertation tant large que sincère, le dialogue, le respect mutuel, la considération dues aux lois et règlements, aux institutions pourraient bien le faire. C’est un code électoral consensuel qui a permis aux acteurs politiques, aidés civiquement par le peuple, d’assister au changement de régime en l’an 2000, de participer à des joutes apaisées.
Cette concordance issue de nombreuses concessions, travail hautement louable, a favorisé deux alternances successives grâce à la participation d’électeurs conscients de la puissance de leur vote, de l’expression du suffrage universel, de leur conviction que démocratie et liberté sont une réalité dans notre pays, leur faire penser ou leur enseigner le contraire par nos attitudes, nos actes serait une énorme catastrophe…
Hommes politiques, il est temps de nous ressaisir car nous sommes loin de constituer la majorité même si nous nous sommes arrogés le droit et la liberté de parler à son nom, en celui du peuple, de la nation ! En définitive quand nous parlons de liberté, de droit, de démocratie, c’est pour qui et pour quoi faire ?
Brûler, détruire, défier, nier les lois qui par définition sont des règles impératives qui s’imposent à l’homme, à nous tous, ou rejeter les institutions qui demeurent quand les animateurs eux, passent ou trépassent, apprécier la justice selon les circonstances, plaider « pro domo » c’est-à-dire le faire uniquement pour notre propre cause sinon est-ce pour préserver la paix sociale, la sécurité des biens et des personnes, œuvrer pour le bien-être des citoyens, sauvegarder la République qui nous lie plus que tout ce qui nous sépare ?
AMADOU DIA
Consultant en Opérations portuaires, Transport & Logistique.
Responsable politique
Conseiller municipal Commune de DODEL
Arrondissement GAMAADJI SAARE – Département de PODOR
E-mail : hamady.lamotoodo@gmail.com