La journée du 19 avril a vécu avec son lot de manifestations sur toute l’étendue du territoire national particulièrement dans la capitale.
Plusieurs manifestants dont des leaders politiques et des responsables de la société civile ont été arrêtés et conduits manu militari dans les commissariats de police.
Malgré tout, comme on s’y attendait, le projet de loi sur le parrainage est passé comme lettre à la poste, et sans le débat auquel on a souvent renvoyé durant les questions préjudicielles, mais avec un amendement mineur de la majorité parlementaire portant sur un plancher de 0.8 % et un plafond de 1% des électeurs inscrits dans le fichier électoral, condition sine qua non pour la validation de toute candidature à l’élection présidentielle.
La mobilisation des partis politiques et de certaines organisations de la société civile n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau.
Quid du « 19 brumaire » ?
Ses prémisses ne sont pas réalisées comme ce fut le cas le 23 juin 2011.
Les raisons ?
D’abord le 19 a été victime des effets d’annonce qui ont fini de prendre le dessus sur lui.
En effet, une révolution qui est par essence « un changement brusque et violent dans la structure sociale ou politique d’un Etat » n’est donc pas quelque chose programmé à l’avance.
Ensuite le caractère populaire a été étouffé comme dans un oeuf par l’interdiction de la manifestation par le préfet de Dakar d’une part, contrairement au 23 juin où la marche avait été autorisée, et la présence dissuasive d’impressionnantes forces de l’ordre qui avaient déjà donné le signal vingt-quatre heures avant la manifestation d’autre part.
L’un dans l’autre Dakar était assimilable à un état de siège qui ne laissait pratiquement pas de place à une manifestation populaire.
Beaucoup de commerces ont baissé pavillon et les classes ont vaqué dans tous les établissements scolaires de Dakar plateau au moment où le quantum horaire est sérieusement entamé avec la grève des enseignants qui devient de plus en plus préoccupante.
Un vrai gâchis !
Personne n’a gagné dans cette situation.
En tout état de cause le fossé s’est davantage creusé dans la méfiance entre majorité et opposition, méfiance qui va cristalliser la défiance qui risque de radicaliser les positions et nous installer dans une guéguerre pré -électorale.
Il est devenu un impératif catégorique d’apaiser le climat social en renouant le fil du dialogue avec les différents acteurs et en donnant suffisamment de garanties sur la fiabilité du système électoral et la neutralité des institutions étatiques devant suivre le processus.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire et la préparation de la loi sur la révision du code électoral devra être mise à profit pour donner des assurances à la classe politique sur la mise en oeuvre des réformes découlant du vote de la loi sur le parrainage.
La question du parrainage multiple se pose avec acuité et toutes les mesures conservatoires doivent être prises pour éviter l’invalidation des candidatures.
Tout faire pour éviter de tomber au travers de cette boutade de Coluche attribuée à Staline : » Celui qui compte n’est pas celui qui parraine, c’est celui qui compte les parrains » vous comprendrez que j’ai paraphrasé.
Quelle sera l’instance habilitée à valider les candidatures ? Conseil constitutionnel ou commission de recensement des parrains?
Quelles mesures pendre à l’encontre des personnes malintentionnées opérant des parrainages multiples pour invalider des listes de candidat?
Pourquoi ne pas accepter le parrainage multiple qui pourrait être la principale source de controverse?
Autant de questions qu’il urge de régler à notre avis pour la restauration de la confiance entre les différentes parties prenantes.
L’élection présidentielle n’est plus lointaine et la stabilité de notre pays en vaut bien des sacrifices.
En attendant de savoir si la thèse du 19 brumaire, qui le 23 juin 2011 s’était confirmée le 19 mars 2012, va se réaliser le 24 février 2019.
En tout cas la révolution est en marche et comparaison ne sera-t-elle pas raison ?
Wait and see !
Fait à Dakar le 20 avril 2018
El Hadji Abdou WADE dit Mara