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Dénouement De La Crise Scolaire: L’arbre Qui Cache La Forêt

Dénouement De La Crise Scolaire: L’arbre Qui Cache La Forêt

Le système éducatif sénégalais, depuis les années 80, est traversé par des crises cycliques qui ont porté un lourd tribut aux résultats scolaires qui  ont connu des contreperformances criardes.

En effet, après l’année blanche de 1988 et celle invalide de 1994, combien d’années scolaires sauvées in extremis ne méritaient-elles pas le même sort du fait d’un quantum horaire très en deçà des normes académiques ?

Vivre une année scolaire normale, la règle dans les conditions normales, est malheureusement devenu l’exception.

A part l’année scolaire 2016-2017 où les perturbations ont été très minimes, mais où les résultats ont été très en deçà des attentes, on a enregistré de façon récurrente, durant ces dernières décennies, des crises dans le système éducatif dues,  soit à des grèves d’enseignants, soit à des grèves d’élèves.

Le résultat des courses : les établissements privés qui étaient, pour la plupart et dans un passé récent, le dépotoir des recalés du public ont connu un regain d’intérêt considérable et une explosion par rapport à une demande qui n’a cessé de croître.

Les parents, toutes catégories sociales confondues, préfèrent inscrire leurs élèves dans ces établissements leur offrant au moins la garantie d’un espace scolaire apaisé parce que sans menace de perturbations liées à des grèves.

Du coup, on assiste de plus en plus à une « privatisation » du système éducatif où seuls ceux qui n’ont pas les moyens de payer envoient, la mort dans l’âme,  leurs enfants à l’école publique, conscients que ces derniers vont y payer les pots qu’ils n’ont pas cassés.

L’école publique, jadis connue pour ses performances, a cédé le pas au privé qui lui a passé le flambeau ou le symbole, pour faire plus classe,  d’école « poubelle « .

Cette situation, à  y regarder de près, sape même les fondements de notre charte fondamentale qui prône l’égalité des citoyens et le devoir de l’Etat d’assurer la continuité du service public.

Pour pallier cet état de fait, il est devenu un impératif catégorique de réfléchir profondément pour trouver une solution durable à ces crises cycliques.

On pourrait légitimement s’interroger à la manière de Lénine dans son livre intitulé « Que faire ? »

Que faire pour un nouveau départ devant permettre de réconcilier l’école avec elle-même?

Que faire pour éviter la stratégie du pourrissement et du saupoudrage ?

Pour ce faire le gouvernement doit prendre le taureau par les cornes et face aux revendications posées par les enseignants faire des « promesses réalistes et réalisables » dont la concrétisation ne risquerait pas davantage de déséquilibrer le système de rémunération des agents de la fonction publique sur la base du principe sacro saint :

» A diplôme égal, salaire égal . »

Les lenteurs dans la publication de l’étude sur ce système de rémunération sont symptomatiques des difficultés à appliquer un tel principe, les enseignants ayant toujours été victimes de la loi du nombre, prétexte souvent utilisé pour ne pas accéder à leurs doléances.

Dans les propositions de sortie de crise, les enseignants ne sont-ils pas encore tombés dans un piège en acceptant un taux uniforme de l’indemnité de logement pour tous les enseignants (de l’instituteur adjoint jusqu’au professeur d’université)?

L’occasion rêvée n’était-elle pas là pour amorcer une discrimination positive dans l’octroi de l’indemnité de logement en tenant compte du diplôme professionnel ?

En les confinant dans un même moule, le gouvernement a trouvé un moyen subtil de différer encore le problème certainement pour l’année prochaine.

Aussi après quatre mois d’une grève dont l’issue laisse présager que le gouvernement et particulièrement le Ministre de l’Education nationale pourrait mieux communiquer avec l’opinion et les partenaires sociaux , l’année scolaire a-t-elle été prolongée de deux semaines.

Si l’on sait le retard accusé dans le programme par certains établissements qui n’ont pas encore tenu les compositions du premier semestre, cela ressemble fort à du saupoudrage.

Deux semaines supplémentaires permettent-elles de rattraper tout le temps perdu ?

Le gouvernement sera-t-il en mesure de trouver une solution définitive à la question du système indemnitaire ?

Sinon, sans être un oiseau de mauvais augures, ce dénouement,  qui balbutie encore sous la menace des syndicalistes ultras faisant preuve d’un excès de témérité et des élèves  sacrifiés à l’autel d’une année qu’on veut coûte que coûte valide, serait tout simplement  l’arbre qui cache la forêt.

 

El Hadji Abdou Wade dit Mara

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