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Année Scolaire «sauvée», école Sénégalaise En Péril

Année Scolaire «sauvée», école Sénégalaise En Péril

Pourquoi dans ce pays on attend toujours à un ou deux mois des examens pour annoncer des solutions miracles pour « sauver » l’année scolaire. Depuis quelques années, on assiste lâchement à la destruction de notre système éducatif par tous les acteurs de l’écosystème scolaire.

D’abord nommer les enseignants, dont le combat quoique légitime, ne sont pas conséquents avec eux-mêmes car ne parvenant pas à boucler la moitié du programme (à l’exception près des classes d’examen qui dépassent légèrement la moitié de leurs programmes). La conscience professionnelle voudrait qu’ils acceptent des compromis dynamiques et durables plutôt que de s’engager à chaque fois dans une sorte de compromission avec les gouvernants tout en sachant que l’année scolaire est foutue. L’essentiel des cours que devraient recevoir les élèves ne l’est presque jamais.

Ensuite nommer nos dirigeants qui ne croient pas à la performance de l’école publique parce qu’ayant envoyé leurs progénitures dans les écoles privées à défaut de les expédier à l’étranger.  Nos gouvernants, au lieu d’apporter une réponse définitive aux éternelles doléances du corps enseignant et garantir une stabilité du système, font la sourde oreille en évitant de faire face aux vrais problèmes des sénégalais dont l’éducation constitue le moteur principal. Ils préfèrent à la place renforcer leurs privilèges et nourrir des politiciens professionnels payés à ne rien faire.

Encore nommer le peuple (les parents d’élèves) qui se laisse monter contre les enseignants au lieu de taper fort sur la table pour siffler la fin de la recréation car l’avenir de ce pays est en jeu avec le sacrifice des générations d’enfants au cursus scolaire incomplet et surtout discontinu.

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Enfin nommer les légitimités religieuses de tout bord qui, préoccupées qu’elles sont à demander plus de considérations et de subventions pour leurs propres chapelles, ne s’intéressent que rarement aux problèmes des sénégalais, préférant ainsi être toujours aux cotés des gouvernants.

En dernière instance, interpeller la conscience collective sur ce qui se trame et les conséquences qui en découleront dont certains éléments ont déjà commencé à se manifester. Il est écrit quelque part que pour tuer un peuple, il n’est inutile de lui faire la guerre, il suffit de s’attaquer à son système éducatif tout simplement. Inutile d’entrer dans les théories du complot et/ou conspirationnistes et nous ôter la responsabilité dans ce qui est en train de se produire car nous sommes les principaux artisans de notre malheureux sort. Nous avons choisi les hommes qui nous gouvernent et qui confisquent nos destins avec des schémas venus d’ailleurs et servent d’autres intérêts. Un système éducatif ne peut être performant s’il n’est adossé à aucune vision ou un projet de société. Il ne pourrait être performant non plus avec une langue (le français) parlée par moins du tiers de la population. Que personne ne nous dise que nous ne disposons pas de moyens pour financer une politique éducative car, pour rappel, le pays a des ressources qui, bien gérées, peuvent supporter plus qu’une politique publique. Il faut de la volonté mais surtout le courage de penser par nous-même et de rompre avec la recherche de solutions toutes faites. Malheureusement, dans ce pays personne ne se sent concerné par le devenir de notre système éducatif en péril.

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Chaque peuple dispose d’un génie créateur qu’il faut savoir fouetter pour en tirer le meilleur sinon les autres vont continuer à nous imposer leurs idées en se servant toujours d’une élite politique, intellectuelle et religieuse préoccupées par la conservation de privilèges. De la même manière qu’un enfant se développe en devenant un adulte, non en enfilant un costume d’adulte, une société développe son propre système éducatif à partir d’elle-même, notamment en mettant à profit les ressources qui l’entourent.

 

Mamadou Dramé

Sociologue

Nioro du Rip

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