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La Saison Des Illuminés

La Saison Des Illuminés

«Rêver, c’est franchir les frontières du monde physique, c’est entrer dans la lumière pure, c’est être illuminé et donc illuminer le monde à l’intention d’autrui», Shashi Deshpande/Question de temps.

La démocratie est un projet qui suit son cours normal et qui n’aboutit pas forcément pour atteindre l’idéal. Elle a des imperfections qu’il faut nécessairement corriger pour l’amener sur la bonne trajectoire. Cependant, il est bon de garder à l’esprit que la démocratie n’est pas irréversible. Elle peut toujours être remise en cause par des forces rétrogrades.

Dans une de nos précédentes contributions intitulée «Le démocratisme», nous avions attiré l’attention de la communauté sur les effets nuisibles de l’excès de démocratie.

«Trop de démocratie tue la démocratie»

Il n’est pas acceptable de prendre comme prétexte la liberté, au nom de la démocratie, pour tout se permettre. Le cas échéant, on tombe dans une anarchie incontrôlable.

Le temps des messies

Depuis quelque temps, on assiste à une irruption d’une nouvelle race d’hommes politiques dans l’espace public avec des postures partisanes. Nous pouvons citer Ousmane Sonko, Ibrahima Dème et le capitaine Mamadou Dièye. Dans une moindre mesure, on peut mettre dans ce lot Thierno Alassane Sall et Abdoul Mbaye.

Ces compatriotes, pour diverses raisons, souvent crypto-personnelles d’ailleurs, ont investi le champ politique et se sont donné des habits de potentiels candidats à l’élection présidentielle de février 2019.

Nous sommes en démocratie, chacun est libre d’avoir des ambitions. Mais en vérité, l’on doit se garder d’avoir des comportements de condescendance. Quand on a la prétention de vouloir être un jour le président de la République du Sénégal, il faut se couvrir d’un voile d’humilité.

Malheureusement, ces compatriotes cités ci-dessus ont un point commun : ils se prennent pour des messies, envoyés par Dieu, pour sauver le Peuple sénégalais.

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Ils nous parlent tous de valeur, de vertu, de probité, d’équité, etc. comme s’ils étaient les seuls détenteurs de ces qualités. Alors, se prennent-ils pour des immaculés ? Ils oublient que nous sommes quinze millions de Sénégalais et que parmi ces derniers, beaucoup ont des compétences et des qualités avérées qui dépassent les leurs. Ils n’ont pas le monopole du patriotisme.

La modestie, la lucidité et le réalisme auraient dû les pousser à intégrer le parti politique de leur choix et d’y faire leur apprentissage. Ils ne doivent pas, comme sortis ex nihilo, vouloir nous donner des leçons de vie et vouloir porter notre destin en main. La politique est une chose très sérieuse. Pour la comprendre, il faut appréhender les enjeux sur le plan national et international. La vision d’un homme politique ne doit pas s’arrêter au bout de son nez ou tourner autour de son ego. La vision d’un homme politique doit être une vision prospective, penser aux générations futures et non à sa carrière politique exclusivement.

Sonko, Dème, Sall, Mbaye, Dièye et les autres, comme s’ils se sont passé le mot, sont sortis de l’eau presque dans la même période. Nous avons l’impression d’assister à une tragi-comédie, qu’on peut titrer «La saison des illuminés». D’aucuns trouvent cela tellement intéressant qu’ils ont pris le train en marche.

La régulation du système démocratique

Alors, peut-on assister à cette prolifération de «présidents» de parti politique sans réagir (en effet, tout le monde est président maintenant) ? Assurément, il faut agir dans le sens de la régulation du système démocratique partisan par des mesures correctives. Il faut recentrer le processus démocratique sur sa vraie trajectoire, avant qu’il ne nous mène dans l’impasse.

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Aujourd’hui, nous devons reconnaître la vision du Président Senghor, le père des quatre courants de pensée. C’est comme s’il avait vu venir ce qui nous arrive maintenant, avec la multitude de partis politiques, sans compter certaines organisations syndicales qui sont en vérité des officines politiques.

Nous devons donc accepter et en toute bonne foi que la loi sur le parrainage à l’élection présidentielle est venue à point nommé et à juste raison mettre de l’ordre dans l’espace politique sénégalais.

Le Sénégal est à la croisée des chemins, d’abord avec la menace terroriste qui gravite dans notre environnement immédiat, ensuite par les découvertes de pétrole et de gaz.

Les enjeux sont majeurs en ce que notre pays doit résister face aux forces obscurantistes et déstabilisatrices d’une part, mais nous devons surtout nous prémunir, d’autre part, contre d’autres forces qui sont aux aguets et qui ont des visées sur nos ressources. Comme nous le voyons, les enjeux sont pressants.

Certaines multinationales ont besoin de cheval de Troie pour nous infiltrer et mettre en pratique leur basse besogne. Cela n’est pas une vue de l’esprit, loin de là. C’est une donnée objective qu’il faut prendre en compte. C’est la raison pour laquelle, non seulement nous devons accepter le filtrage de candidatures, mieux, nous devons aller dans le sens de la réduction des partis politiques et de certaines organisations assimilées.

Si nous voulons profiter des découvertes de pétrole et de gaz pour appuyer notre développement, nous devons d’abord nous entendre et bâtir un consensus national, inclusif et dynamique pour apaiser le climat social. Le développement ne peut se réaliser dans un climat de tension, où les uns et les autres se regardent en chiens de faïence. C’est dire qu’il est temps pour que les forces vives de la Nation se retrouvent pour restaurer la confiance entre les acteurs et ouvrir un dialogue inclusif, sans arrière-pensée, pour aller vers ce consensus. Mais pour dialoguer, il faut au moins être deux. Malheureusement, nous constatons que l’opposition sénégalaise tarde à répondre aux invitations du Président Macky Sall, exprimées à plusieurs occasions. Nous ne cesserons de le clamer, nous devons nous parler entre acteurs des forces vives. Il faut faire prévaloir la volonté politique de dialoguer dans l’intérêt supérieur de la Nation. A moins qu’il y ait des objectifs inavoués de vouloir déstabiliser le pays.

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Le Sénégal nous appartient et nous avons la lourde responsabilité de laisser aux générations futures, c’est-à-dire à nos petits-enfants, un pays stable, fort et développé où il fera bon vivre.

Au demeurant, si nous voulons bâtir un pays développé, nous devons nous faire violence individuellement, en mettant de côté nos ego. Rien de bon et de durable ne peut prospérer dans l’anarchie.

La régulation de notre système démocratique est devenue un impératif. Après l’instauration du système de parrainage et les élections de représentativité syndicales, il s’agira d’aller vers la réduction des partis politiques. Des concertations exclusivement organisées à cet effet permettront sûrement de définir de façon consensuelle les modalités de rationalisation de notre système partisan.

Quand nous aurons terminé avec la régulation de notre système démocratique, commencera alors le temps de travailler.

Le travail, seul gage de création de richesses, devra l’emporter sur la politique politicienne.

Sergine Ousmane BEYE – beyeouse@ucad.sn

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