Dans le passé, le Sénégal était parmi les pays les plus dotés en matière de Santé mentale en Afrique. Cette situation est favorisée par l’existence d’une Faculté de Médecine, à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar où des psychiatres sont formés. D’ailleurs, c’est ici que la plupart des Etats africains envoient encore leurs étudiants pour se faire doter d’un personnel soignant. S’agissant du plaidoyer, l’Association Sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux Malades Mentaux (ASSAMM), que dirige depuis l’an 2000, Ansoumana DIONE, joue pleinement son rôle. Vu son expérience, nombreux sont les spécialistes, chercheurs, étudiants, unviversitaires, entre autres, nationaux comme étrangers, qui lui rendent visite pour puiser de ses connaissances. Cependant, malgré tous ses atouts majeurs, le Sénégal est cité aujourd’hui parmi les derniers pays en Afrique, dans ce domaine. Même les pays comme le Burkina Fasso, le Rwanda, pour ne citer que ces deux, l’ont beaucoup devancé. En Côte d’Ivoire, par exemple, c’est le gouvernement qui a accompagné un béninois, pour la prise en charge des malades mentaux errants. Mais, au Sénégal, c’est tout le contraire. La seule nouvelle structure construite grâce aux démarches solitaires de l’ASSAMM, avec son Président Ansoumana DIONE, a été confisquée puis fermée depuis 2013, à Kaolack, par le régime en place, au détriment de près de trois mille malades mentaux errants. Pendant ce temps, l’Hôpital psychiatrique de Thiaroye renvoit ses malades, faute de places, sans compter le manque de médicaments auquel il demeure et reste confronté, ce qui complique davantage le traitement des patients.
Malgré l’ampleur et la gravité de la situation, les autorités étatiques ne sont pas conscientes, jusqu’ici, de leurs responsabilités de faire atténuer les multiples souffrances des populations. Périodiquement, des malades mentaux sont assassinés ou tuent eux-mêmes de paisibles citoyens. Malheureusement, tous ces actes regrettables fortement relayés dans la presse, ne les obligent pas à réagir, ne serait-ce que pour s’indigner par rapport aux faits. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, Ansoumana DIONE dont ces mêmes autorités n’ignorent guère les multiples efforts qu’il consentit pour l’amélioration de leurs difficiles conditions de vie, les prend pour les seuls commanditaires des onze cas d’assassinats, commis entre 2014 et 2018, à Tambacounda et Dakar, dont une femme froidement égorgée à la Cité des Eaux Aujourd’hui, l’heure est devenue grave et il appartient donc aux populations de prendre leurs propres responsabilités, notamment suite à l’affaire du gendarme dépressif qui s’est donné la mort à Pikine, en se tirant une balle dans la tête. En vérité, le suicide constitue le seul remède pour ces personnes souffrant de troubles mentaux, pour soulager leurs innombrables calvaires. Peut-être qu’un jour, le Président Macky SALL prendra lui-même en main, tous ces problèmes, pour se reppeler de son passage en 2012, à l’Hôpital psychiatrique de Thiaroye où il rendait visite à un de ses proches parents, souffrant de troubles pyschiques. Dans ce pays, personne ne veut écouter Ansoumana DIONE. Mais, en réalité, c’est tout le monde qui est concerné. Le retablissement de la dignité humaine ne vaut-il pas mieux que tout ce que nous recherchons? Alors, agissons tous ensemble pour un Senégal meilleur.
Rufisque, le 23 mai 2018,
Ansoumana DIONE, Président de l’Association Sénégalaise pour le Suivi et l’Assistance aux Malades Mentaux (ASSAMM
Santé mentale: le paradoxe sénégalais (Par Ansoumana Dione) .