– Fervent partisan de l’alternance, je suis toujours rassuré de voir les partisans du régime évoquer le bilan du Président Macky SALL pour s’assurer un 2nd mandat.
Penser qu’un bilan, évaluation objective donc, suffit pour un vote favorable revient à reduire le comportement électoral comme exclusivement rationnel.
Cette rationalité que la recherche, notamment avec les écrits fondateurs d’Anthony DOWNS, a qualifiée de procédurale est remise en cause. Rationalité, ici, suppose disposer de ressources à même de permettre une objective évaluation du bilan. Ce qui n’est assurément pas le cas. L’autre obstacle, induisant la notion de « rationalité limitée », tient à l’accessibilité de l’information et à l’exposition, volontaire ou non, des électeurs.
Les plus radicaux soutiennent d’ailleurs que l’électeur qui fait preuve de rationalité ne vote tout simplement pas.
La rationalité dont le bilan pourrait faire appel s’analyse, par ailleurs, à deux niveaux:
■ Un niveau egotropique où l’électeur recentre l’évaluation sur sa personne ou sa condition.
■ Un niveau sociotropique où l’électeur élargit son champ à la société, la communauté et se montre solidaire de leur condition.
Dans le cas Sénégalais, au regard de la contagion sociale et le conformisme de l’opinion, ainsi que la nature des liens sociaux et style de vie, il est manifeste que le régime du Président Macky SALL s’achemine vers un horizon sombre.
En effet, au-delà de la marginalité du bilan qui est un critère parmi tant d’autres, les raccourcis congitifs qui, au regard de l’état de l’opinion lui sont défavorables, précipiteront sa ruine par la constance d’un élément lourd: la rupture de confiance.
N’est-ce pas cette rupture confiance qui fait du Président Macky SALL, dans ses efforts de communication, un émetteur incrédible?
S’ils ignorent cet état de fait, on s’en réjouit pour l’éventualité de l’alternance.
S’ils le savent, ce que je crois, et feignent l’ignorer, on s’en réjouit de même pour l’éventualité de l’alternance puisque, comme argué par Nicolas Sarkozy en 2012 et à propos de la crise financière sous son mandat, « on ne se défend pas contre des périls dont on nie l’existence où que l’on fait semblant d’ignorer ».
Élire ou réélire n’est finalement qu’accorder ou renouveler une confiance.
L’election de 2019 ne s’est jamais autant précisée comme un rendez-vous du changement.
Mouhamadou Lamine Bara LO