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Réponse Au Livre De Macky Sall: Convictions De Situations

Réponse Au Livre De Macky Sall: Convictions De Situations

« Conviction Républicaine, discours sur le développement », tel est le titre de l’ouvrage publié le vendredi 25 mai 2018 par le Président de la République. Une occasion, dit-on, est donnée aux citoyens de relire, non, les discours in extenso du Président de la République mais des séquences de ses discours.

Relecture. Car ce que le Président de la République considère être des « mots-clés ou des passages clés » de ses discours sont disponibles sur la toile comme cela a été bien précisé à la page 16 de l’ouvrage.

Ce livre nous expose ce que le Président de la République pense être l’essentiel de ses discours. En fait, il est la résultante d’un condensé de citations regroupées en thèmes. Donc, rien de nouveau sous les tropiques. On serait tenté de se demander si le Président était mal inspiré ou mal conseillé ? Rien de nouveau dans cette compilation d’extraits.

«Outil et méthode d’analyse des discours politiques : l’exemple des discours du Président Macky SALL », comme titre du livre, aurait été plus explicite. L’auteur du livre n’est pas allé plus loin que de chercher à présenter les « noyaux de contenu » de ses propres discours comme il l’a révélé à la page 33 en utilisant des « plateformes électroniques d’intelligence artificielles ».

Selon le Dictionnaire Larousse, une conviction est un « état d’esprit de quelqu’un qui croit fermement à la vérité de ce qu’il pense ». La lecture de l’ouvrage nous a amené à nous demander si réellement les éléments des discours du Président de la République qui y sont présentés sont basés sur la conviction. Pour preuve, sur les 58 discours examinés, nulle part ne nous y avons retracé les discours de 2012 : Ex : celui de 3 avril et de celui du 31 décembre. Or, de notre point de vue, ce sont ces discours-là les plus marquants, fondamentaux même, en matière de gouvernance. S’agit-il d’un oubli ou une volonté de ne pas se rappeler ses engagements en matière de bonne gouvernance ? En tout état de cause, la méthodologie présentée au chapitre 1 est restée muette à ce sujet.

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D’ailleurs, une erreur s’est glissée à la page 79 relativement à la date du discours prononcé par le Président de la République le 12 février 2015, lors de la cérémonie de remise de diplôme aux auditeurs de justice de la promotion 2012-2014. L’auteur de l’ouvrage a fixé cette date le 12/02/2012. C’est plutôt le 12/02/2015 comme il l’a annoncé à la page 30 et rappelé aux pages 40, 91, 104 et 165.

Pour rappel, c’est dans le discours du 3 avril 2012 que le Président de la République disait : « S’agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques ». Il ajoutait : « Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l’Etat la plénitude de leurs attributions. Dans le même sens, l’assainissement de l’environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur ». Enfin il avait aussi martelé dans ce discours : « A tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers public, je tiens à préciser que je ne protègerai personne. Je dis bien personne ! »

De plus, dans son discours du 31 décembre 2012, le Président de la République déclare : « J’ai engagé avec vous un contrat de confiance basé sur la bonne gouvernance. Ce contrat est en cours d’exécution et je compte le remplir fidèlement pour mettre le Sénégal nouveau en marche ».

Le discours-phare choisi par l’auteur en matière de gouvernance est celui, signalé à la page 225, prononcé le 19 mars 2013 lors de la session 2013 du Conseil national des Collectivités locales (CNDCL) alors que le contrat de confiance basé sur la bonne gouvernance avait été scellé le 3 avril 2012.

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En 2012, le Président de la République aussi avait soutenu : « Je mets à ma charge l’obligation de dresser les comptes de la Nation et d’éclairer l’opinion sur l’état des lieux ».

Le Président de la République nous a habitués à un pragmatisme déviant car jamais l’opinion n’a été éclairée sur l’état des lieux des comptes de la Nation. Les exemples foisonnent. Les corps de contrôle de l’ordre administratif (IGE, OFNAC) sont devenus aphones sur la gestion des ressources publiques. L’indépendance de la justice est lourdement éprouvée. L’institution parlementaire est, quant à elle infirme dans sa mission de contrôle de l’action gouvernementale.

Il existe un réel décalage entre le discours présidentiel (« omis » ou examiné dans le livre) et les faits. Alors que les rapports de l’IGE 2016 et 2017 sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes ne sont pas encore publiés, nous sevrant des discours sur la bonne gouvernance et la gestion des ressources. Le Président de la République se raccroche à son discours du 25 juillet 2014 prononcé lors de la présentation du rapport de l’IGE (pages 58, 79, 115) ou de celui prononcé le 1er juin 2016 lors de la présentation du rapport de la Cour des comptes (pages 32,66,88,93,120, 207). L’absence de publication de rapport public en violation de la loi nous pose souci.

Comme cela ne suffisait pas, lors de la présentation de son livre, le Président de la République, au-delà du tragique et malheureux dessert offert aux tirailleurs sénégalais (qui ne sont pas seulement des sénégalais) s’est engagé à faire publier les contrats pétroliers et gaziers. A ce jour, nous devions assister aux publications du rapport de l’IGE sur l’octroi des blocs de Cayar et de Saint-Louis à Petrotim Ltd, des rapports de 2016-2017 de l’IGE et de l’OFNAC, du rapport de l’ARMP pour la gestion 2017, du contrat sur les passeports biométriques, des contrats pour la réhabilitation du building administratif, des conditions de conclusion du contrat complémentaire de l’autoroute à péage avec Eiffage, du rapport de l’OFNAC, les procès-verbaux de conciliation avec SNDAI de Bictogo. Il aurait été également très important pour les citoyens de connaitre les conditions d’octroi et le contenu des conventions de financement (Exemples : CICAD, l’arène nationale etc.). Le Président de la République doit lever le coude sur d’autres rapports et d’éclairer les sénégalais 615 milliards de différence entre les montants annoncés par la DCMP et l’ARMP au titre des marchés immatriculés en 2016.

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L’heure est à la matérialisation du contenu des discours surtout dans un contexte où, lors de l’atelier relatif à la formulation de la stratégie de la phase II du PSE 2019-2023, le Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, nous avait informés que le PSE a pour le moment, entre autres résultats « une qualité du service public encore faible, un système fiscal complexe, un contrat social fragile, une faible amélioration de la lutte contre la corruption, une gouvernance locale peu effective et une décentralisation en marche, une justice peu accessible et peu efficient ».

 

Birahime SECK

Membre du Conseil d’administration du Forum Civil.

Birahim SECK

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