Grand-père, j’espère vous reposez en paix et que là où vous êtes actuellement, Dieu le tout puissant vous fait porter les galons des élus, si différents des galons des répresseurs colons qui vous avaient mobilisé pour servir leur propre dessein. Aujourd’hui que vos petits-fils, encore ligotés par les chaines de la honte par leur propre volonté, torpillent l’histoire pour des considérations uniquement gastronomiques, je m’incline sur votre mémoire comme sur la mémoire des tirailleurs lâchement assassinés à Thiaroye le 02 Décembre 1944 parce qu’ils réclamaient ce qui leur était dû. Vous faites partie certainement des anonymes combattants enterrés sans cérémonial au « Tata sénégalais » de chasselay, cimetière de Tirailleurs hanté par les soupirs de vaillants guerriers morts pour une cause qui n’était pas la leur. De Verdun aux tranchées de l’Artois, de Bir Hakeim à Toulon, vous avez combattu sans rechigner, portant vos amulettes pour conjurer le sort de ces satanés canons qui vous broyez les entrailles. Mais grand père, comme le dit Karl Marx, l’histoire se répète toujours deux fois, la première fois comme tragédie et la seconde fois comme farce. La tragédie, vous l’avez vécu, et la farce, elle nous a été servie comme dessert sans notre consentement.