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Conviction Républicaine : Du Mythe à La Réalité

Le politologue Abdoul Aziz Diop, conseiller du président de la République, monsieur Macky Sall sort de sa réserve pour magnifier la sortie du premier tome de l’ouvrage de son mentor intitulé : Conviction Républicaine, qui vient à son heure afin de montrer aux citoyens sénégalais que le locataire du palais de l’Avenue Roume est un vrai démocrate.

Au-delà des mots et de l’enthousiasme du politologue Abdoul Aziz Diop, il y a  lieu de confronter cette certitude avec la réalité objective. En effet, il ne suffit nullement de sortir un ouvrage qui peut être lu,  commenté voire critiqué par un grand nombre de lecteurs pour que son auteur se voie décerner le grade de démocrate. Ce artefact de langage de monsieur Abdou Aziz Diop est juste un outil de communication en vue de porter à l’attention de l’opinion publique qui vit au quotidien les pratiques de mauvaise gestion de la coalition Benno Bokk Yakaar, une autre image reluisante du président de la République, monsieur Macky Sall à mille lieues de l’éthique républicaine.

Les citoyens sénégalais sont tellement avertis de la gestion du président de la République, monsieur Macky Sall qu’ils peuvent de bonne foi juger de la véracité des propos du politologue Abdoul Aziz Diop, moins pointilleux aujourd’hui sur ses analyses depuis qu’il est dans le système en raison même des fastes du pouvoir voire de l’illusion de puissance qui titille  ou attire une bonne partie de l’élite intellectuelle du pays de la Teranga.

En vérité, les propos du politologue Abdoul Aziz Diop ne résistent pas à une analyse objecte de la situation socio-économique du pays. En effet que faut – il vraiment penser de cette assertion du politologue Abdoul Aziz Diop qui soutient de manière péremptoire que dans la doctrine du président de la République, monsieur Macky Sall : «  On ne peut pas imaginer un développement qui serait déconnecté d’institutions fortes, d’une bonne gouvernance, d’une paix durable, de la sécurité sur toute l’étendue du territoire et à nos frontières » ? Il s’agit tout au plus d’une pensée de partisan qui refuse de voir la réalité objective du pays et qui se borne à décerner des satisfécits  à son mentor en vue de défendre un bilan flatteur en matière de bonne gouvernance et de développement socio-économique. Tout ce tralala sur la doctrine politique du président de la République, monsieur Macky Sall est un saupoudrage voire mieux un anesthésiant  en vue de tromper les moins avertis d’entre nous et de nous plomber dans une illusion démentielle que tous les agrégats économiques sont au vert et que le pays va bien ou selon se trouve dans la voie de l’émergence socio-économique.  Que non monsieur le politologue Abdoul Aziz Diop ! Le Sénégal sous le président Macky Sall est bien loin de votre tableau idyllique.

Analysons froidement maintenant les propos du politologue Abdoul Aziz Diop en vue de démontrer ses limites en toute objectivité.

  • Le développement. Le PSE est la politique de développement mis en œuvre par le régime du président de la République, monsieur Macky Sall en vue de sortir le pays du marasme économique, de la pauvreté de masse qui plongent beaucoup de citoyens sénégalais dans des conditions de vie insupportables. Certes le PSE est un programme ambitieux. Toutefois, il est mal articulé. En effet, ce plan de développement économique est dévié de sa finalité.  Les concepteurs du projet n’ont pas pris en compte voire mis en valeur un certain nombre de facteurs socio-économiques qui doivent être au cœur du développement du pays. En réalité, il serait illusoire de prétendre à l’Emergence économique alors que des secteurs vitaux tels que le secteur privé national, l’éducation et la santé traversent des moments difficiles voire même de survie et que les autorités ne prennent pas des mesures idoines en vue d’engager des réformes structurelles afin de propulser un changement décisif  dans nos choix de politiques publiques.

Par ailleurs, laissez en rade le privé national revient à hypothéquer l’avenir même du pays. Le taux de croissance dont se targue le régime de votre patron, monsieur Macky Sall est soutenu essentiellement par les entreprises françaises. Cette croissance n’est pas visible dans le vécu des populations sénégalaises. Pour qu’une croissance soit porteuse de profil et de développement économique endogène, elle doit être l’œuvre de notre génie national, de notre fierté de nation souveraine  de toutes les forces vives de la nation et  doit pouvoir se manifester également  dans le panier des ménages. Nous sommes encore loin de ce schéma. En effet, notre croissance est extravertie par un effet de domino des entreprises françaises qui occupent les places les plus stratégiques du secteur tertiaire de l’économie sénégalaise. Elles participent de concert à l’effort de croissance de la Métropole. L’erreur fondamentale dans l’approche économique du président de la République, monsieur Macky Sall réside dans le fait de confier les clés de notre croissance à des firmes étrangères. Cette stratégie de développement économique n’est ni fiable ni faisable et nous conduit directement vers un scénario catastrophique de surendettement très difficile à résorber et qui au demeurant paralyse de manière significative tous nos efforts en vue de rattraper notre retard.

  • Institutions fortes. Pensez vous sérieusement, monsieur le politologue Abdoul Aziz Diop que nous avons des institutions fortes au Sénégal ? Non, monsieur le ministre conseiller ! Nous savons tous vu et constaté que nos institutions républicaines ne fonctionnent pas normalement. En fait, elles sont toutes sclérosées voire vassalisées par le président de la République. Et cela ne date pas d’aujourd’hui.  C’est l’architecture même de notre République qui pose un réel problème de gouvernance démocratique. En effet, il n’est pas acceptable dans une démocratie que tous les pouvoirs soient sous l’emprise du président de la République soit directement ou indirectement.  A titre indicatif,  on peut relever le fait que les corps de contrôle de l’Etat soient logés à la présidence de la République, ce qui dessert de facto la mission de ces fonctionnaires de l’Etat en raison même de l’orientation politique voire partisane du suivi des dossiers.

Pourtant, monsieur Abdoul Aziz Diop,  vous aviez dénoncé de manière virulente dans les médias et lors de la tenue des Assises nationales la propension du pouvoir exécutif de contrôler les corps de contrôle de l’Etat.

Dites nous, monsieur le politologue,  qu’est ce qui pu changer en si peu de temps pour que vous édulcorez votre pensée ?  N’est ce pas une autre forme de trahison à des convictions fortement martelées voire défendues sur plusieurs fronts à un moment où il fallait du courage et de l’honnêteté intellectuelle pour tenir ce discours de rupture à nos pratiques politiciennes du pouvoir ? Tout ce discours sur la restauration de nos principes républicains battus en brèche par certains pontifes du régime libéral de maître Abdoulaye Wade n’était que du pipeau en vue de briller ou de se donner l’air de quelqu’un qui en toute objectivité et responsabilité se soucie intrinsèquement de la défense de la République.

Dites nous encore, monsieur le politologue Abdoul Aziz Diop,  où est cette République des valeurs dont vous étiez un des principaux défenseurs à l’instar de l’ancien journaliste  Abdou Latif Coulibaly,  du chroniqueur Souleymane Jules Diop, de l’historienne Penda Mbow, du droit -de- l’hommiste Alioune Tine ? De nos jours, cette République des valeurs est remise en question par les actes même de notre apprenti-dictateur,  monsieur Macky Sall. Et personne ne vous entend sur des questions relatives à un bon fonctionnement républicain de nos institutions.

Dites nous également, monsieur le politologue Abdoul Aziz Diop, que faut il réellement penser de nos institutions à partir du moment où jamais dans l’histoire de notre jeune nation des acteurs du pouvoir judiciaire sortent du bois en vue de dénoncer à la face du monde l’ingérence supportable du pouvoir exécutif et plus particulièrement le président de la République, monsieur Macky Sall dans les dossiers en instruction dans le dessein de vassaliser les magistrats sénégalais ?  Rien n’a changé sous nos tropiques. Hier, vous vilipendez le régime libéral de maître Abdoulaye Wade et vous le soupçonnez d’être de connivence avec les magistrats du Conseil Constitutionnel en vue de torpiller la Constitution pour la validation du troisième mandat présidentiel voire le processus électoral. Pourtant, ce sont les mêmes griefs que les acteurs de la société civile et les citoyens sénégalais révèlent au quotidien voire dénoncent dans la gouvernance de votre patron, monsieur Macky Sall.

Que dire également des recommandations des Assises nationales sur la responsabilité ou le rôle de l’Assemblée nationale dans la prise en compte des intérêts de l’ensemble dans corps social sénégalais  et ce qu’on voit aujourd’hui au sein même de l’hémicycle dirigée par monsieur Moustapha Niasse dans une totale opacité voire dans une certaine arrogance injustifiable et de violation des droits de l’opposition ou du règlement intérieur en vue de satisfaire les exigences politiciennes de son bienfaiteur, monsieur Macky Sall ? En vérité,  vous n’avez rien à faire  de la défense des valeurs de la République à partir du moment où vos intérêts sont précieusement assurés par le roi de la cour de Benno Bokk Yakaar. Vous êtes vraiment méconnaissable aujourd’hui monsieur Abdoul Aziz Diop en reniant une à une fois vos convictions comme votre patron le président de la République,  monsieur Macky Sall. En avez-vous d’ailleurs ?  Je ne le crois pas du tout.

  • Bonne gouvernance. Vous et votre mentor, monsieur Macky Sall avez mené en bateau le peuple en galvaudant le slogan puéril de gouvernance sobre et vertueuse au cœur de votre action. Cependant l’étau se desserre et vos mensonges se manifestent au quotidien au vu et au su des citoyens sénégalais.  Votre gouvernance sobre et vertueuse, en réalité, n’est qu’une chimère en vue de mystifier le peuple ou à tout le moins de le considérer comme enfantin, inconstant et manipulable à souhait.

Vous voulez nous faire croire à l’instar des demeurés que ce pays est très bien géré depuis l’arrivée au pouvoir de monsieur Macky Sall et que l’impunité accordée de fait aux pilleurs de nos deniers publics sous le régime libéral de maître Abdoulaye Wade  n’est plus de mise. Pourtant,  les faits sont têtus.  Combien de fois, des responsables de l’APR ou de la mouvance présidentielle Benno Bokk Yakaar  épinglés par les services de l’Etat pour mouvance gestion et détournement de deniers publics ne sont pas inquiétés par le pouvoir judiciaire et qui continuent par ailleurs à narguer le peuple ? Il existe beaucoup de dossiers de malversations financières et de détournement de deniers publics qui dorment dans les tiroirs de votre patron, monsieur Macky Sall qui par lâcheté refuse de les transmettre aux magistrats pour instruction en vue de sanctionner les voleurs en col blanc de la République.

Quelle lecture faites vous des scandales à répétition de la Poste, de la SAR, du Coud, des bourses d’étudiants, du Port de Dakar, des contrats pétroliers, du TER, de l’autoroute à péage, des marchés publics de gré à gré etc. etc.…. ?

Vous, monsieur le politologue Abdoul Aziz Diop,  qui dénonciez hier le népotisme et l’immixtion de la famille de maître Abdoulaye Wade dans la gestion des affaires de la République, aujourd’hui vous vous complaisez de l’attitude ou des positions et le trop plein de pouvoir du frère du président,  monsieur Aliou Sall dans la gestion des affaires publiques.

Aujourd’hui, votre hypocrisie et votre malhonnêteté intellectuelles sont mises à nu.

Tout compte fait, vous faites partie de cette catégorie de lettrés de la langue de Molière qui pensent à tort qu’ils sont plus malins que nous autres citoyens et par voie de conséquence peuvent se permettre toutes sortes de manœuvre dilatoire en vue d’épouser les causes les plus détestables pour un homme à partir du moment où elles leur permettent de goûter aux délices du pouvoir.

Ce énième exercice de communication en vue de polir l’image du président de la République aux yeux de l’opinion publique sénégalaise est inutile et contre productive. D’aucuns diront avec justesse qu’en dépit même  des pratiques déloyales du président de la République, monsieur Macky dans la gestion de nos ressources publiques, ce dernier poursuit sa provocation  en sortant en grande pompe des livres qui sont le reflet de sa mauvaise foi, de sa lâcheté,  de ses mensonges éhontés,  de sa sujétion à ses maîtres français et de son manque de courage légendaire à assurer la défense des intérêts légitimes du peuple sénégalais.

Et puis, pourquoi diable se glorifier de la publication de ces livres à partir du moment où le président de la République, monsieur Macky Sall n’en est par l’auteur. Il se contente simplement de lire les discours de ses conseillers. Ni plus ni moins. Cet homme qui gouverne le pays de la Teranga est d’une inculture déplorable pour un président de la République.  N’est ce pas encore lui qui dissertait sur le fameux dessert sucré – salé  des tirailleurs sénégalais et qui offrait au monde entier l’image d’un président de la République inculte, soumis aux tortionnaires de nos aïeuls, lâche et foncièrement irresponsable.

Enfin, monsieur le politologue Abdoul Aziz Diop, passez à autres choses au lieu de nous divertir sur les convictions républicaines de votre patron, monsieur Macky Sall. Nous sommes édifiés depuis un bon moment sur les manœuvres politiciennes de votre mentor en vue de se maintenir au pouvoir sans l’assentiment des citoyens sénégalais. Malgré votre mise en scène, nous retenons du chef de l’Etat,  monsieur Macky Sall, un homme pas du tout fiable, manipulateur et de surcroît un politicien professionnel qui use de manière éhontée de ses prérogatives constitutionnelles en vue de maintenir une bonne partie de la population dans une servitude volontaire abjecte dont il connaît parfaitement les soubassements psychologiques voire idéologiques afin de pouvoir bénéficier de ses privilèges et avantages sur le dos du contribuable sénégalais.

 

Massamba Ndiaye

massambandiaye2012@gmail.com

Massamba NDIAYE

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