Le prix moyen d’un kilomètre d’autoroute est d’un milliard et demi FCFA. Notre autoroute à péage a coûté sept fois plus, 7,2 milliards le kilomètre. Record mondial absolu dans toute l’histoire mondiale de la construction des autoroutes depuis que ce concept est né en 1909 en Allemagne.
Le prix moyen d’un kilomètre de rail est de six cent cinquante-cinq millions FCFA. A 800 milliards pour 57 km, notre TER va nous revenir 14 fois plus cher. Autre record mondial absolu depuis la première circulation sur rail d’une locomotive à vapeur le 21 février 1804 au pays de Galles.
Une carte d’identité biométrique coûte cinq cents FCFA en moyenne ; la nôtre revient à 8.300 FCFA, seize fois plus. Un énième record absolu dans l’histoire mondiale de ces cartes biométriques.
Pourquoi battons-nous ces tristes records mondiaux en payant plus cher que tous les autres ? Nos relations au travail, à l’argent et aux puissances industrielles sont directement en cause.
Nous travaillons très peu et très mal. Nous sommes incapables de concevoir par nous-mêmes des stratégies, de les planifier, de les exécuter, d’en faire faire le suivi-évaluation et de les améliorer dans le temps et dans l’espace. Le travail collaboratif, le respect des délais, la constance dans les efforts, l’optimisation des performances nous sont inconnus.
L’argent étant tout nouveau chez nous (le franc CFA n’existe que depuis 1945), nous n’en connaissons pas les vertus (épargne et investissement productif) et nous sommes pollués par ses travers que sont la cupidité, l’avidité et l’ostentation qui font le lit de toutes les formes de corruption, de détournements et de trahisons.
Les puissances coloniales et industrielles le savent parfaitement bien et en usent et en abusent à satiété. Elles peuvent avoir les marchés qu’elles veulent chez nous en mettant sur la touche les entreprises locales ; elles peuvent fixer les prix et les conditionnalités à leur guise car elles trouveront toujours des autorités complices au plus haut niveau.
Ces records de surfacturation sont tout simplement tristes. Tristes pour un pays englué dans la pauvreté et ses corollaires bien que immensément riche ; tristes pour les élites qui vampirisent leur peuple en se nourrissant de leurs sang et chair ; tristes pour les générations futures qui nous jugeront avec dédain.
Mamadou Sy Tounkara
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