– On a testé, on a tenté, on a tâté, mais on n’a pas trouvé. Il est vrai que ça ne fait que un tout petit plus d’un demi-siècle qu’on s’essaye à l’ouvrage ; mais quand même, il s’en est passé du temps et une foule de choses depuis les indépendances.
Des politiciens qui promettent, on en a trouvé dans tous les coins de rue. Des politiciens qui agissent, on n’en a pas réalisé, bien malgré nous. Pourquoi s’entêter alors à ressayer la même recette, espérant chaque fois un résultat différent, comme de passionnés petits gueux, avant d’être finalement broyé par la machine implacable de la déception.
Présider aux destinées de tout un peuple, n’est pas un simple jeu de mots usuels où l’essentiel serait d’essayer pour ne pas dire participer, n’en déplaise au baron Coubertin. Il s’agit de vies de personnes innocentes dont le seul tort quoique guère banal a été de croire candidement aux prétendues bienfondés des promesses de ces sbires, professionnels de la politique.
Tous les mêmes ! Les mêmes personnes, le même discours, les mêmes vœux, les mêmes promesses et cinquante années après, la montagne accouche toujours d’une souris toujours plus grise et grisante. Après avoir vécu un vrai faux départ sous Senghor, nous avons subi de plein fouet, les fouets de l’ajustement avec Diouf, avant de frôler l’émulation avec le rêve altéré de Wade et entrevoir le faux miracle du Macky et son rendez-vous manqué avec l’histoire.
Pourtant, les temps semblent changer et le peuple sénégalais parait davantage mature qu’il y a un ou deux décades. Il est plus conscient de sa force, très à l’écoute de son intelligence et beaucoup plus regardant sur la gestion de ses biens même s’il n’en laisse rien transparaitre attendant sûrement le moment opportun, l’occasion propice, celle ou jamais.
Seulement, il serait beaucoup plus sage d’arrêter de faire les choses à moitié. Pour une fois, aller au bout des choses serait beaucoup plus conséquent avec la nouvelle posture prise par la société sénégalaise : celle de prendre en main son propre destin et de ne plus compter sur les faux dévots qui se cachent derrière l’histoire politique du Sénégal pour prétendre à un semblant de légitimité qu’ils ne possèdent même pas par l’entendement. Suivez mon regard, je me passerais bien de citer des noms tant la rapacité de ces personnes est bruissante de paroles.
L’occasion fait le larron dit-on. « Mo fi seuss takha falou » entend-t-on souvent au pays de la téranga. Pourquoi cette fatalité ? Au nom de quoi devrons-nous, nous incliner devant ces fadaises ?
Mes chers compatriotes, loin de moi l’idée de me muer en donneur de leçon, si tel était le cas je ne saurais même pas quoi vous dire. Je suis plutôt un acteur, non passif, « concerné » comme le clamait Sartre par le devenir de son pays. C’est sous le couvert de ce statut que je me permets de jeter mon grain de sel dans la mare boueuse des vociférations du peuple qui jusqu’à présent n’ont point trouvé écho dans les actions impopulaires de nos dirigeants, d’hier comme d’aujourd’hui. Mais je crois que c’est uniquement parce qu’on s’est trompé de destinataire. Au lieu de parler à ces Messieurs et Mesdames (pour ne pas faire de jaloux) qui ne se récurent les oreilles que le temps que durent les échéances électorales, parlons-nous à nous même. Et je vous promets qu’on entendrait mieux. Le message n’entrerait plus dans l’oreille d’un sourd. Nous sommes la vraie force. Qui dispose du vrai pouvoir de changer le cours des choses si ce n’est pas le peuple ?
Cela étant vous conviendrez donc avec moi qu’il est plus que temps de se défaire, une bonne fois pour toute, de l’emprise létale de ces professionnels de la politique sur nos vies et nos destins. La solution à nos maux pourrait bien passer par là. En cela je n’éprouve aucun doute. Il est temps de produire une nouvelle formule, tester une nouvelle recette, choisir un Nouveau Type de Politicien.
On en a eu par le temps, mais leur sobriété légendaire et leur sens de la mesure comparés au tintamarre tapageur et bien trop contagieux du traditionnel leader de parti politique leur ont porté du tort bien malgré le bon sens.
Devrais-je rappeler à votre mémoire la horde de ces illustres intellectuels, pourfendeurs d’une malédiction inféodée à notre continent, mis sur notre route par notre bonne étoile. Leur avons-nous accordé toute l’attention qu’ils méritaient au-delà de tout préjugé et parti pris déformant la réalité. Qu’en aurait-il été de notre présent, si nous leur avions accordé la plus infime once du degré de confiance que nous avons donné à nos leaders politiques sans pas plus de garantie. On ne le saurait peut-être jamais. Mais il n’aurait pas été pire que maintenant.
Vous allez me permettre d’en nommer expressément quelques-uns et ce faisant vous me pardonnerez ma subjectivité qui ne cache aucune intention de discrimination nuisible. En effet, je ne peux pas, ne pas citer Mamadou Dia, l’un des « premiers de la République », Cheikh Anta Diop, le brillantissime et valeureux lion du Kajoor, et tout récemment Ibrahima Fall et si présentable qu’il en inspirait de la crainte.
Messieurs, le Sénégal vous doit des excuses. Sinon, de quel droit avons-nous conclu que politique et honnêteté ne peuvent faire bon ménage ? L’avons-nous simplement éprouvé à la dure réalité de la pratique ? Pour une fois, ne serait-il pas plus habile d’être du bon côté de l’histoire ? Que risquons-nous réellement, de subir la lumière foisonnante du parler-vrai et de la rectitude. Pour ce que ça vaut, le Sénégal le mérite. Oui le peuple sénégalais mérite bien mieux.
Nous pouvons faire du juste, du vrai et du mesuré dans la sobriété. Cela implique que nous nous détachons de tout fla-fla inutile, de tout brouhaha futile et de toute manifestation exubérante qui ne servent qu’à la dilapidation de nos maigres ressources. Je vous l’accorde ce n’est guère « fun » comme aurait sans doute dit mon petit frère, pour autant le résultat vaut largement le sacrifice. Si sacrifice il y a.
L’heure n’est plus aux inanes propos vindicatifs et incendiaires qui cachent mal de sombres desseins. Il serait plus réfléchi de choisir nos élus en fonction de leur mérite, mesurable sur la profondeur de leur programme, l’applicabilité de leurs plans, l’efficience de leurs objectifs, et l’efficacité de leurs actions. Il serait donc opportun d’arrêter d’accorder un gage renouvelable et continuellement renouvelé à des personnes sur la seule foi de leur nom ou du parti auquel elles sont affiliées. Parti, faut-il le rappeler, qui prendra toujours le pas sur la patrie, quoiqu’en disent le braillement des pensées dodues et des langues aiguisées.
Ma voix doit compter et ce n’est pas en la jetant dans la mer étale des bras tendus cauteleusement par nos politiciens traditionnels, professionnels de la duplicité, aux desseins de plus en plus mal voilés que nous allons faire la différence, la vraie, celle qui compte et non celle qui nous ploie et nous maintient dans l’engrenage infernal de la « mal gouvernance ».
Un choix s’offre à nous. Il n’est pas de notre intérêt de le prendre à la légère. Il mérite toute notre concentration et considération. Devrons-nous continuer à suivre comme des moutons de panurge les désidératas de nos partis politiques. Je crois qu’il est grand temps d’aller renforcer le rang de ces voix dissidentes portés par des hommes et des femmes au sang neuf. Avec eux, l’occasion nous est peut être donnée d’insuffler un nouveau souffle de vie à notre nation.
Sheikh Alassane Sène est un de ces hommes et son programme pour le pays axé sur la solidarité triangulaire et la quatrième licence de téléphonie mérite bien plus qu’un détour.
Il n’y a pas pire que de vivre avec des regrets, ce sentiment atroce que nous pouvions faire mieux. La balle est dans notre camp et comme le dit le proverbe : « pierre qui roule, n’amasse pas mousse ».
Par Moussa Diagne
« Un citoyen concerné »
La rédaction