La présidentielle 2019 en ligne de mire, mouvance présidentielle et opposition fourbissent leurs armes. De délation orchestrée à intoxication systématique, les stratégies s’affinent de toutes parts pour marginaliser le régime de Macky Sall et convaincre l’opinion électorale de le défaire. Cette période de précampagne électorale constitue la meilleure occasion pour l’opposition de faire recours aux mercenaires de l’économie (consultants, auditeurs, experts, analystes, financiers) pour faire le sale boulot. Et surtout là où la rue a montré ses limites ! Il est vrai que, sur le front économique au Sénégal, tous les clignotants ne sont pas au vert. Comme, du reste, dans tout pays en voie d’émergence dont les ambitions en matière de projets pharaoniques dépassent largement ses ressources budgétaires.
Seulement voilà, nous ne savions pas que la politique était si cruelle au point que certains opposants et détracteurs tentent de faire basculer l’Etat du Sénégal au fond du précipice pour un dépôt de bilan. Quitte à chercher un repreneur… gambien ! Encore, encore, nous ne savions pas que le président Macky Sall était si contesté et « détesté » au point que ses adversaires veuillent coûte que coûte transformer le Sénégal en… Grèce. Un pays d’Europe qui, il y a quelques années, s’était enlisé dans une crise financière sans précédent. Les auditeurs avaient d’ailleurs parlé d’ « Etat en faillite » contraignant l’ensemble des banques du pays à fermer, faute de dépôts et liquidités. Dans la même foulée, l’Etat grec, à l’issue de plusieurs plans d’austérité infructueux, avait finalement opté de geler les salaires de ses fonctionnaires pendant trois ans. Et surtout de supprimer les primes de treizième et quatorzième mois tout en augmentant l’âge moyen de la retraite de 53 à 67 ans.
Touchons du bois ! Le Sénégal de Macky Sall n’a pas encore atteint cette déconfiture grecque bien qu’il n’existe pas encore d’instance régulatrice au niveau supranational qui pourrait décider de la crise ou de la faillite d’un Etat. Pour dire qu’un Etat comme le Sénégal peut avoir des difficultés d’apurer ses dettes intérieures et extérieures. Surtout, il a la chance de pouvoir trouver des fonds en urgence pour faire face à ses engagements comme l’eurobond de plus 1 000 milliards cfa levé il y a quelques mois par notre pays sous la houlette du ministre des Finances, M. Amadou Ba. Le Sénégal peut aussi faire recours à des financements auprès de pays amis. Surtout, il évolue dans un monde de multilatéralisme où le FMI, la BCEAO, la Bad et autres bailleurs internationaux peuvent assurer la stabilité financière et prêter à des Etats qui, comme lui, gèrent de manière rigoureuse leurs économies. Heureusement, la crédibilité de notre pays en matière de stabilité politique, de ressources minières et de système de mobilisation de recettes (douanes, impôts etc.) facile les prêts au niveau de ces institutions.
Hélas, tous ces atouts, le ministre de l’Economie et des Finances, Amadou Ba, ne les a pas exposés lors de sa conférence de presse de clarification de vendredi dernier. Il s’est en revanche félicité du fait que l’Etat dispose de 700 milliards de Fcfa dans ses caisses pour honorer ses engagements. Sur cette cagnotte, les 182,5 milliards cfa sont destinés aux infrastructures, les 60 milliards à l’agriculture et les 30 milliards aux bourses des étudiants. « Le trésorier général de l’Etat garde aujourd’hui dans ses caisses 729 milliards cfa l’équivalent du budget du Sénégal en 1997 », a rassuré Amadou Ba. Cette année, a-t-il souligné, l’Etat a fait une injonction de liquidités dans l’économie d’un montant global de 1610 milliards cfa en 2018 contre 1326 milliards cfa à la même période en 2017, soit une variation positive de 184,1 milliards cfa. Selon toujours l’argentier de l’Etat, la mobilisation des ressources s’élève à 2194 milliards cfa en 2018 contre 1664 en 2017, soit une progression de 630 milliards cfa dont essentiellement les recettes fiscales et non fiscales estimées à 865 milliards cfa en 2018 contre 825 milliards cfa en 2017, soit une progression de 39,6 milliards cfa. La conclusion de tout cela, selon le ministre des Finances, c’est que l’économie sénégalaise se porte très bien. Et dès qu’il termine sa conférence de presse, « Le Témoin » a investi les couloirs du Trésor public pour procéder à des recoupements et vérifications. Au cours de cet exercice, tous les cadres et chefs de services ont confirmé avec force détails que les 700 milliards cfa avancés par le ministre Amadou Ba sont bel et bien dans les caisses de l’Etat.
On est donc rassurés : le Sénégal de Macky Sall n’est ni en crise financière, ni au bord de la faillite ! Seulement face aux priorités d’ordre politique et sécuritaire, le ministre Amadou Ba a imposé une politique de rigueur dans les dépenses publiques aux fins de limiter les dérapages budgétaires. Afin surtout de favoriser les priorités administratives de l’Etat c’est-à-dire le paiement de salaires des fonctionnaires et les soldes des forces de défense et de sécurité. Et surtout, surtout, les bourses des étudiants ! Mais aussi, depuis quelques mois, la subvention sur les prix des hydrocarbures afin qu’ils ne montent pas à un peu plus de huit mois de élection présidentielle ! Une subvention qui coûte cher, de l’ordre de 160 milliards de francs depuis le début de l’année. C’est après seulement que M. Ba pense au paiement de la dette intérieure, quitte à faire face à la pression sociale ponctuée de « niakhtou » et autres contestations syndicales le temps d’ouvrir les vannes financières pour épurer et évacuer les créances…
Dans tous les cas, le ministre Amadou Ba a raison de dire que les finances publiques se portent à merveille !