A Dieu Le Ramadan Et Vive La Rabbanyya ! (par Imam Assane Seck)

A Dieu le mois de ramadan qui constituait un récipient du temps contenant: Bénédiction, Miséricorde, absolution de péchés et affranchissement de l’enfer. Et baignant dans une atmosphère de piété, d’abstinence et d’adoration intensément vouée à l’Omniscient, l’Omnipotent à qui nous demandons de nous faire accompagner les radiations bénéfiques de ce mois pendant les onze mois qui nous en séparent afin que notre vie continue à être baignée dans une ambiance de RABBANYYA qui rattache les coeurs et les corps au seigneur, comme l’injonction des éducateurs spiritualistes qui nous disent: « soyez des partisans de la RABBANYYA pendant et après le mois de ramadan ».
 
Maintenant, quelle est la signification de la RABBANYYA et son influence dans la vie quotidienne du croyant ? Pourquoi doit-on la vivre pendant et après le mois de ramadan? C’est le sujet de notre adresse qui sera dressé selon les titres suivants
 
I- la Signification de la RABBANYYA
 
L’objectif final de l’Islam en matière de foi et d’adoration qui englobe tous les aspects de la vie de l’Homme, consiste à soumettre celui-ci, en permanence, sous le contrôle d’une foi agissante qui le pousse perpétuellement à faire du bien et à s’empêcher de faire du mal parce qu’étant convaincu de la présence permanente de Dieu qui contrôle tous ses actes et propos là où il puisse se situer par rapport au temps, à l’espace ou à l’échelle de la société.
 
C’est ça le sens de la RABBANYYA qu’on peut définir comme:  » le qualificatif de la personne qui sent pressante la présence divine dans sa vie de toutes les circonstances pour la vivre selon les enseignements de sa religion en vu de gagner l’agrément d’ALLAH » ; ou bien c’est : « le fait de situer toutes les actions de la vie en lien permanent avec le souvenir des recommandations divines » selon un autre penseur musulman.
 
Le Coran consolide et raffermit ce sens dans le for intérieur de toute croyante et de tout croyant en ces termes: « Ne vois tu pas que Dieu sait ce qui est dans les cieux et sur la terre et pas de conversation secrète entre trois sans qu’il ne soit leur quatrième et entre cinq sans qu’il ne soit leur sixième. Ni moins ni plus que cela sans qu’Il soit avec eux là où ils se trouvent, ensuite il les informera au jour de la résurrection de ce qu’ils faisaient car ALLAH est Omniscient. » (sourate 58; verset 7).
 
Le même Coran nous dit aussi: « tu ne te trouveras dans aucune situation, tu ne réciteras aucun passage du Coran, vous n’accomplirez aucun acte sans que Nous soyons témoins au moment où vous l’entreprendrez. » (sourate 10; verset 61).
 
Le prophète (paix et salut soient sur lui) nous disait que la vraie charité consiste à dédier toutes les actions de la vie en adoration sincèrement voué au seigneur de façon vivante comme si on Le voyait, et d’avoir la certitude d’être vu par Lui, si on ne peut pas Le voir.
 
II- son influence sur la vie quotidienne du croyant
 
La RABBANYYA telle qu’elle est définie est le socle sur lequel repose l’éducation en Islam qui vise à discipliner l’homme et à le réformer dans ses rapports avec son créateur, avec soi même, avec ses semblables et avec l’univers organique, moral qui l’entoure.
Les retombés ou l’influence de cette éducation sur la vie sont nombreuses mais nous nous contenterons d’en citer quelques unes seulement.
 
Premièrement: Développer la personnalité intérieur de l’Homme
L’une des retombés de cette RABBANYYA consiste à réformer l’Homme de l’intérieur avant de le faire de l’extérieur. Ceci en faisant naitre en lui des mobiles, des reflexes et des intentions nobles découlant d’une personnalité bien éduquée, bien polie et bien contrôlée par le rappel des sens d’une transcendance qui le lie à Dieu, à la mort, à la résurrection et au jour du jugement dernier.
 
Le Coran nous dit: « le jour où Allah les ressuscitera tous puis les informera de ce qu’ils ont fait, ALLAH l’a dénombré et ils l’auront oublié. » (sourate 58; verset6).
C’est l’absence des orientations de nature à doter l’Homme de cette personnalité intérieure animée du rappel de ses sens dans les orientations et constitutions actuelles qui fait sauter tant de verrous, laissant ainsi la place aux actes et propos scandaleux et pourris de la part des gens de qui on attendait tout sauf cela.
 
C’est cette absence qui faisait dire aussi à un procureur des Etats Unis d’Amérique: « la loi en Amérique n’a qu’un rapport pré limité avec l’application des devoirs moraux. En effet, un citoyen américain peut parfaitement respecter la loi mais être cependant corrompu et malsain sur le plan moral…. Par contre dans la loi islamique, le Coran définit les règles et la conduite à adapter vis à vis des autres et à l’égard de la société afin d’assurer une saine évolution vers l’au-delà. »
 
Deuxièmement: Doter l’Homme d’un sens civique qui le pousse toujours à faire du bien
L’Homme qui vit réellement la RABBANYYA s’emploie toujours à viser le bien dans ses actes, et propos et même dans ses pensée intérieures, parce que cherchant l’agrément d’Allah dans tout ce qu’il fait en soumettant entièrement sa vie à la volonté de Dieu tracée dans le Coran et dans la Sounna du Prophète Mouhamed (PSL) qui constitue la quintessence des enseignements de tous les prophètes envoyé par Dieu.
 
Le Coran nous dit à ce propos concernant cette soumission globale et globalisante: « ma prière, ma vie et ma mort appartiennent à Allah seigneur de l’univers » (sourate 6; verset 162).
Et c’est le sens de l’adoration en Islam définie par Ibnou Taymyya comme suivant: « l’adoration est un nom qui englobe tous les actes et propos agrées par Dieu, qu’ils soient effectués en privé ou en public ».
 
C’est pourquoi dans l’Islam, tout acte autorisé par la religion peut être sujet d’adoration. A titre d’exemple, le travail qu’on fait honnêtement pour gagner sa vie est un sublime acte d’adoration dans l’Islam s’il remplit les conditions suivantes :
 
1). qu’il ne soit pas un travail interdit par l’Islam tel que le fait de travailler dans la loterie ou dans les lieux de débauche comme les bars, les dancing ou tout autre travail qui porte nuisance à la religion ou à l’intégrité physique, morale ou intellectuelle de l’Homme ;
2). formuler l’intention de le faire en adoration pour magnifier la grandeur du seigneur
3). avoir le souci de le perfectionner au plus haut niveau selon sa capacité
4). ne pas mentir, tricher ou cacher un défaut par exemple en l’exerçant
5). que ce travail ne l’empêche point d’accomplir les autres prescriptions de la religion comme la prière une fois que son heure est venue.
 
Troisièmement: apaiser le coeur de l’Homme
Les fouilles archéologiques ainsi que les philosophies objectives ont toutes montré que l’Homme est un être foncièrement religieux, malgré les allégations fallacieuses des athées! C’est pourquoi il a toujours besoin d’une foi qui apaise son coeur et d’une spiritualité qui nourrit son âme. Un grand savant spiritualiste de l’Islam nous disait: «il ya dans le coeur de l’Homme des reliefs qui ne peuvent être nivelés harmonieusement et tranquillement que par une soumission totale à la volonté d’Allah. Et il ya aussi dans son coeur une inquiétude que ne peut apaiser que l’euphorie procurée délicieusement par la connaissance de Dieu et une solitude que seul un rappel permanent d’Allah peut dissiper.»
 
III- La RABBANYYA pendant et après le ramadan
 
Le mois de ramadan qui nous quitte ainsi, malheureusement, constituait un moment par excellence pour s’exercer aux exigences de cette RABBANYYA par ce qu’il poussait les musulman à s’adonner à toutes sortes d’actes d’adoration obligatoires ou surérogatoires, le coeur confiant, compte tenu de son ambiance particulière qui aide à éduquer la langue, le coeur et les autres organes dans le sens agréé par Dieu et à changer peu ou prou les mauvaises habitudes qui menacent gravement notre société comme les tenues horriblement indécentes des femmes et le tabagisme nocif ambiant qui pollue nos airs.
 
A ce niveau, il faut signaler que la journée mondiale sans tabac a eu lieu pendant le mois de Ramadan, ce qui doit montrer la force du jeûn à changer les comportements et les mauvaises habitudes de l’Homme. Mais ce qui est malheureux, c’est que certains de ses jeûneurs qui s’efforçaient tant bien que mal au changement pendant le Ramadan, retournent à la case départ une fois que ce mois est fini. Parfois même, dès l’approche de la fin de ce mois, commencent à fuser ici et là des publicités pour des soirées perverses et avilissantes qu’on ne pensait pas s’autoriser pendant le mois de Ramadan!
 
C’est à l’endroit de ces gens que l’Islam dit: « soyez des partisantes de la RABBANYYA pendant et après le Ramadan » parce que ce mois béni doit être considéré comme un centre de formation ou une université dont les enseignements doivent nous profiter.
 
Que Dieu nous fasse vivre les exigences de cette RABBANYYA, surtout dans les moments troublants qui vit actuellement notre cher SENEGAL.
 
Imam ASSANE SECK
Maitrisard en Droit Islamique, Directeur du Centre l’Initiative Intellectuel pour la Traduction et la Sensibilisation Islamique, Ecrivain, Traducteur, Secrétaire à la Formation, à l’Orientation et à la prédication au RIS WAHDA « le rassemblement islamique » du Sénégal, Professeur d’Arabe au lycée de Diamniadio.
email: seck93@yahoo.fr