Ainsi donc pris en flagrant délit dans un éhonté et sauvage acharnement physique contre une handicapée en chaise roulante dont l’enregistrement vidéo a eu un succès viral sur les réseaux sociaux, un Agent de sécurité et de proximité (ASP) s’est trouvé un moyen de défense pour le moins surprenant. A en croire ce trentenaire pris dans la tourmente d’une procédure pénale, sa réaction pour disproportionnée qu’elle puisse paraître, n’en est pas moins compréhensible. L’homme dit avoir été roué de coups de béquilles par d’invalides mais bien furieux assaillants. Mais ce n’est que l’entrée d’un menu peu ragoûtant. Le plat de résistance, ce sera les coups au tibia. Pour notre gaillard, tout cela était encore dans les limites du supportable. Ce qui l’a fait sortir de ses gonds, c’est le dessert concocté par une bien vilaine et méchante femme en chaise roulante, qui aurait jeté son dévolu sur ses… parties.
Vous savez cet organe si précieux et délicat qu’au foot quand les joueurs forment un mur lors d’un coup-franc, de Banjul à Pékin, de Ryad à Moscou, ils ont tous un geste en guise de dénominateur commun de leur obsession à protéger ce fragile patrimoine à la valeur inestimable. La balle peut leur déformer le visage, fouetter leur bide, leur cuisse ou leur jambe, c’est comme les coups de béquilles sur les pauvres tibias du pauvres ASP, c’est supportable. Ce n’est pas la fin du monde. Mais les parties, c’est sacré. Zone trop sensible, trop précieuse et si fragile. Et il semblerait que pour un mâle, c’est là où ça fait le plus mal. La bien vilaine et méchante femme en chaise roulante qui a saisi avec vigueur les parties ou, comme aurait dit la regrettée «Mère Maguette Ngom» qui égayait le quartier de mon enfance, les «bagasses » de l’ASP risquait tout simplement de l’émasculer. Mais tout cela, c’est la faute à Poutine. Et il serait bien naïf de ne pas percevoir le lien entre Moscou et ce qui se passe à Dakar.
Si le bien méchant Poutine a réussi à fausser l’élection présidentielle de la plus grande puissance mondiale en ayant un rôle prépondérant dans la chute de Hillary Clinton, influer sur le scrutin au Sénégal est un jeu d’enfant pour lui. Rappelez-vous donc le scandale de corruption qui a secoué l’instance mondiale de l’athlétisme avec à sa tête notre compatriote Lamine Diack. Mais oui, l’histoire des athlètes russes dopés devenus subitement «propres » en contrepartie de cash bien lourd venu de Moscou et dont une partie a servi au financement des opposants au président Wade… Sans l’argent de Poutine, ce serait peut-être un autre Lion qui dormirait au palais aujourd’hui. Il n’y aurait sans doute pas eu de création d’ASP. Et le malheureux trentenaire n’aurait pas eu à subir cet affreux assaut sur ses parties.
Pour paraphraser le fameux «Pas de bras, pas de chocolat » de notre compatriote Omar Sy dans «Intouchable, on peut dire « Pas de Poutine, pas de dessert». Oui, cet affreux dessert dont notre ASP se serait bien passé, il ne le doit qu’à l’homme fort du Kremlin. Oui, c’est bel et bien la faute à Poutine.