J’ai lu dans la presse de ce matin que « le Président directeur général de la compagnie African petroleum’s (Ap) a introduit un recours contre l’État du Sénégal. Il s’agit d’une procédure arbitrale au Centre international pour le règlement des différends relatifs à l’investissement (Cirdi, basé à Paris)».
L’article n’a pas précisé que African petroleum est la propriété de… Frank TIMIS mais il s’agit bien de lui.
Pour rappel, l’aventurier affairiste Frank TIMIS a été introduit dans notre bergerie pétrolière par le régime libéral. Aidé par le duo Samuel Sarr – Pierre Goudiaby Atépa, TIMIS obtint la signature de Contrats de Recherches et de Partage de Production, le 21 octobre 2010, des blocs de Sénégal Offshore Sud Profond et Rufisque Offshore Profond . Ces contrats, approuvés par décrets n° 2011-1808 et 2011-1824 du 02/11/2011, ont bénéficié, sous le régime de Macky Sall, d’un renouvellement de la première période de recherche, accordé par décret n°2014-1603 du 15 décembre 2014. Tout cela s’est fait en parfaite violation du code pétrolier car TIMIS n’a jamais rempli ni les conditions techniques, ni les conditions financières pour être attributaire. Mais son profil sulfureux convenait certainement pour bien profiter des flux d’argent sous table.
Par la suite, la magouille autour des blocs de Kayar et Saint-Louis a permis au régime de Macky Sall, avec la complicité de Aly Ngouye Ndiaye et l’intervention de Aliou Sall, de lui attribuer ces deux blocs qu’il s’empressa de vendre en violation de plusieurs dispositions du code pétrolier et en fraudant le fisc, avec la bénédiction de Macky Sall.
C’est un joli retour de bâton contre ceux là qui en 2016, acculés, étaient allés chercher Frank TIMIS pour déposer une plainte imaginaire contre 11 Sénégalais dont moi même.
Aujourd’hui, ce joli conglomérat se retrouve devant le centre arbitral, hors du Sénégal, pour se quereller sur les ressources du peuple Sénégalais qui, dans tous les cas, est le seul perdant.
– Ce n’est pas une information nouvelle pour moi puisque, lors de la cérémonie de dédicace de mon ouvrage sur la spoliation de nos ressources il y a quelques mois, maître Boukounta Diallo, un de mes invités, avait annoncé avoir été saisi par TIMIS pour une telle procédure et que le dossier se présentait mal pour le Sénégal ;
– Ce n’est pas une première car le Sénégal a déjà subi une lourde condamnation au profit de Kumba-resources devant ce même centre arbitral et, lorsque nous avons pu obtenir à notre tour une condamnation contre Arcelor Mittal sur le même fer du Falémé, Macky Sall et Amadou Ba ont préféré bazarder les intérêts du Sénégal ;
– la multinationale TOTAL, au profit de laquelle cette expropriation de African petroleum a été faite, a bénéficié d’un contrat ultra-léonin et sera le seul gagnant de l’exploitation, au détriment du Sénégal qui n’en récoltera que les miettes.
Je tiens enfin à faire deux précisions :
– à ceux qui pensent qu’on parle trop de pétrole, nous en parlerons toujours et davantage, car des choses extrêmement graves et nuisibles à nos intérêts supérieurs y ont été délibérément commises ;
– à ceux qui pensent qu’il faut passer par pertes et profits tout cela et aller répondre aux palabres de blanchiment de Macky Sall, nous opposons un niet sans concession : le problème ce n’est pas l’aval, mais bien l’amont pétrolier. Et à coté de ce dossier, il y a d’autres à solder tels Ovidiu Tender au saloum et en Casamance, Fortesa à Thiès, Petrotim à Kayar et Saint-Louis, le Zircon de Diogo et Niafrang, l’or de Sabodala, les phosphates de Thiès…
Ousmane Sonko