Quand on observe le Sénégal, on ne peut pas ne pas être saisi d’une sensation de terrible gâchis. Notre pays est un hub naturel. Situé à une poignée d’heures de l’Europe, il n’est séparé de l’Amérique et de l’Asie que par la frontière naturelle de l’océan. En dépit de ce privilège géographique, nous n’avons toujours pas réussi à positionner ne serait-ce un pavillon national pour desservir les capitales du monde.
L’océan Atlantique borde toute la longueur du pays qui compte parmi les plus beaux sites du moindre. Notre secteur touristique est toutefois entre la maladie grave et la mort clinique
Nous bénéficions depuis l’indépendance d’une stabilité insolente (zéro coup d’Etat et nulle crise grave) qui ne nous a servi qu’à engranger une aide internationale massive ayant paradoxalement conduit à nous appauvrir chaque année davantage.
Le Sénégal est une démocratie qui fonctionne mais qui n’a jusqu’ici permis, en dépit de deux alternances pacifiques, que de substituer des équipes dirigeantes corrompues et incompétentes à d’autres.
Notre pays a des ressources humaines de qualité aussi bien à l’intérieur que dans la diaspora. Aux postes de décision ont toutefois toujours été placés des politiciens dont le seul mérite est la capacité d’user d’intrigues et de clientélismes pour s’accaparer de sinécures et privilèges.
Tel est le sort, quasi-métaphysique, du Sénégal. Nous avons tous les atouts mais n’en usons aucun pour construire le progrès.
Un peu comme, de l’avis de tous les spécialistes, notre équipe nationale de football avait toutes les cartes en main pour réussir cette Coupe du monde Russie 2018, mais a fini par plonger ses 15 millions de supporters dans la déception et la déprime. C’est ainsi: sur tous les fronts, le Sénégal n’a pas remporté de victoire essentielle depuis 1960. Notre peuple si superstitieux doit oeuvrer à élaguer la guigne qui le plombe.
L’histoire bégaie… A l’image du pays, cette belle génération de Lions a été une symphonie inachevée…
Cheikh Yerim Seck