La délégation du Sénégal, lors du forum pharmaceutique international de Burkina, a failli suffoquer dans une grande salle climatisée et ventilée où l’air conditionné a subitement disparu pour elle, aspiré par le spectre de la restitution de médicaments contrefaits à des dépôts illégaux. Des médicaments contrefaits, pourtant saisis grâce à une opération coordonnée par Interpol et exécutée par une action conjointe de la sécurité territoriale, des services du commerce et du service d’hygiène avant qu’en haut lieu l’ordre ne soit donné de rendre les poisons saisies.
Pour mieux comprendre….
Selon l’OMS, La vente illicite de médicaments est plus rentable que la vente de la drogue, le trafic de faux billet de banque et l’industrie du tabac. Pour 1.000 dollars investis, la drogue et la fausse monnaie peuvent rapporter 20.000 dollars, la cigarette 40.000 dollars alors que le chiffre tournerait autour 500.000 dollars pour les faux médicaments. Ainsi Il existe plusieurs conventions internationales qui criminalisent cette activité dont la « convention medicrime » qui attend d’être ratifié par le Sénégal, dès lors c’est un grand défi de combattre ce trafic surtout pour les pays africains dont les circuits de distribution ne sont pas étanches. C’est ainsi que l’état du Sénégal s’est doté d’un comité de lutte contre les médicaments illicites regroupant la douane, la gendarmerie, le service d’hygiène, les services du commerce intérieur, l’ordre des pharmaciens, la direction de la pharmacie, le syndicat des pharmaciens et les associations consuméristes. Ce comité a travaillé sur une opération nommée Heera qui consiste à faire des descentes musclées, inopinées et instantanées dans toute l’étendue du territoire en vue de saisir les médicaments contrefaits et arrêter les auteurs de la contrebande. Cette opération coordonnée par Interpol s’est effectuée concomitamment dans 7 pays ainsi 420 tonnes de médicaments ont été saisies. Cependant au Sénégal, cette descente a non seulement épargné Touba mais 1,2 tonnes de médicaments saisis à Darou Mousty dont la majorité est périmée ou contrefaite sont restituées aux dépôts illégaux.
Au cours du forum pharmaceutique international de Burkina, rencontre pharmaceutique regroupant cette année 20 pays d’Afrique, la Belgique, la France et la Suisse, il était question d’exposer sur la stratégie de Interpol dans cette lutte ainsi le présentateur assure que tout dépend de la volonté politique des états à éradiquer le phénomène. En arrivant à l’énoncé des résultats de l’opération heera par pays, les données du Sénégal ont disparu et en lieu et place de la colonne destinée à cet effet on pouvait lire « reportée », les autorités sénégalaises ne pouvaient quand même pas envoyer de tels résultats à Interpol. Les congressistes Sénégalais en sont devenus tous petits, eux qui pourtant ont une place de choix dans les instances pharmaceutiques internationales à titre d’exemple le président de l’ordre des pharmaciens du Sénégal est vice-président de l’IOPA (inter ordre des pharmaciens d’Afrique) et la présidente de l’ISPHARMA
(Intersyndicale des pharmaciens d’Afrique) est également sénégalaise.
Le rayonnement du leadership africain prôné par nos concitoyens est anéanti par un manque de volonté politique car dans les rencontres internationales la délégation Sénégalaise est toujours gênée quand on parle de vente illicite de médicaments avec les dépôts de Touba et ceci déteint son aura.
Il est temps que l’état change de fusil d’épaule et assume sa fonction régalienne de protection des citoyens. Nul ne doit détériorer sa santé ou mourir pour avoir pris un médicament pour se soigner.
En outre, dernièrement deux camions de médicaments contrefaits d’une valeur estimative de 1 milliard 35 millions FCFA ont été saisis à Touba bélél par la gendarmerie et des personnes arrêtées. Bizarrement à la barre lors du jugement il n’y avait que deux lampistes comme s’ils ont, à eux seuls, produit les médicaments qu’ils ont transporté en endormant tous les postes de douanes et de gendarmerie depuis la Guinée jusqu’à Touba pour enfin décharger leurs camions dans leurs propres dépôts où ils vont eux-mêmes écouler les médicaments. Ceci prouve si besoin en était encore la légèreté de l’enquête.
L’état doit prendre ses responsabilités ce marché augmente les dépenses en santé, diminue le pouvoir d’achat des ménages et augmente la mortalité : on estime à 200.000 le nombre de personnes qui décèdent chaque année dans le monde à cause de la consommation de faux médicaments. Ce qui en fait un réel problème de santé publique.
Dr Mor Diagne
diagnemor@gmail.co $ù!
Mourir en voulant se soigner .