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J’ai Soif !

J’ai Soif !

L’eau manque. Terriblement. Et comme d’habitude, nos femmes et nos enfants frappent de leurs talons sollicités le sol de nos rues sablonneuses dans nos quartiers populeux. A la recherche hypothétique de l’or bleu. L’eau, absente dans l’enfer de nos ghettos… urbains.

De Ouakam aux Parcelles, Guédiawaye et ailleurs, l’eau, le seul composé naturel qui existe sous forme solide, liquide et gazeuse, a fui nos robinets pour une destination connue de nous tous, depuis longtemps, toujours même. L’assèchement. On le savait. C’était inévitable. A force d’hérésie, l’image décapante de la bonne vieille et belle ville dakaroise assoiffée est devenue la triste et surréaliste image d’un pays s’inscrivant à cors et à cris, pompeusement, dans ce que l’Administration Sall, nomme démarche et dynamique conquérante de l’émergence.

Il est beau le PSE du président Macky Sall. De projets pharaoniques. Des réalisations visibles à quelques kilomètres d’ici. Diamniadio et son pôle. Réconfortant. Que c’est bon pour l’égo. Assurant pour une réélection.

Mais moi, j’ai soif d’eau !

Comment un tel factuel a-t-il pu nous arriver ?

L’impréparation. Voilà ce qui est passé par là. Favorisée sûrement par l’expression funambule de nos politiques vaniteuses. Qui plus est sans état d’âme.

En politique, sous nos cieux soucieux du paraître, «wedi guiss bokku ci » est un slogan porteur. Indéboulonnable. Plus fort que tous les discours.

Quel que soit le pouvoir. Conformes à notre société, championne du discours enrobé, les pouvoirs ne mettent l’argent, – une partie puisque le reste est souvent détourné de ses objectifs pour alimenter des caisses et foyers personnels – que dans les projets visibles.

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L’eau, il est vrai, passe dans des kilomètres de tuyaux PVC non toxiques enfouis sous terre, invisibles à l’œil des populations.

On ne peut s’émerveiller que de ce que l’on voit. Pourquoi mettre alors des centaines de milliards dans le sous-sol et se faire déloger de la Présidence. Merci le Prince de servir de barre dans un pays où tout est urgence, ou du moins tout est décliné en ces termes, comme s’il ne revenait pas notre génération de se sacrifier pour la suivante, notre descendance.

Une autre affaire celle-là. Il y a tellement à dire. Tout à apprendre. Mais c’est d’eau qu’il s’agit.

Comme nous autres, les pouvoirs se complaisent et se réalisent dans l’égoïsme. Avec un tel tableau sombre et n’oeuvrant que dans et pour le présent,

Femmes et enfants chercheront de l’eau. Encore et encore.

Que lac de Guiers se tarisse. Le plus naturellement du monde. Mais bien sûr que qui croît fait décroître là ou rien ne se renouvelle.

Surtout quand nous vient y construire anarchiquement, au nom de l’avoir sauvage et inorganisé, sous le regard coupable de notre administration dont partie aussi cupide que certains politiques aux maisons cossues, ferme les yeux parce que tout aussi concernée par le bien matériel fusse-t-il aux dépens de l’environnement, de l’avenir.

Les autres qui ne sont pas encore nés ne comptent pas. Qu’on en ait, chacun, pour notre bâtisse. Peu importe les zones à des kilomètres non aedificandi du lac de Guiers. Pourvu qu’on crèche quelque part. Les parcs naturels et autres bienfaits de la nature, on n’en veut pas.

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Ne nous étonnons pas alors que le lac s’assèche, que Dakar se déshydrate, en face d’un océan qui devra désormais donner sa mer. Pas d’autre solution.

Il n’y a pas d’autre alternative que la désalinisation de l’eau de mer.

Faire comme le Japon, l’Arabie Saoudite et d’autres pays.

De grosses commandes aux industries occidentales. Cela relancera leur moteur pris dans la tourmente de la grippe économique et financière.

Comme beaucoup d’autres pays du continent pointé du doigt pour sa « surpopulation », il va nous falloir confier notre consommation d’eau à l’étranger. Voilà les projets d’avenir. Inaliénables. Tu parles !

Nous n’y avons jamais pensé. Jamais avons-nous anticipé sur l’avenir, sa demande et ses réalités.

Après nous avoir prix l’énergie, les télécommunications, la consommation bio pour bouffe cancérigène, c’est l’eau qu’on va nous prendre maintenant, de notre propre mer.

La guerre de l’eau a commencé et nous la financerons en plus, avec le pétrole, le gaz dans un monde qui aura trouvé un autre combustible.

J’ai soif !

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